PAR ICI LES "RATS" !
Macky Sall nuance son discours à propos de la transhumance
«Le prince songe uniquement à conserver son état et sa vie. S'il y réussit, tous les moyens qu'il aura pris seront jugés honorables et loués par tout le monde», disait Machiavel dans son fameux ouvrage «Le Prince». Macky Sall semble avoir fait sien cet adage. Dans la quête d'un second mandat, il déroule le tapis rouge aux transhumants qu'il traitait naguère de tous les noms d'oiseaux.
Depuis la sortie du chef de l'Etat à Kaffrine, faisant l'apologie de la transhumance, la ruée vers la mouvance présidentielle est allée crescendo. Le dernier cas en date est celui de Djibo Leyti Kâ, Secrétaire général de l'Union pour le renouveau démocratique (Urd), dont le ralliement n'a pas fini d'agiter le landerneau politique sénégalais.
Avant le natif de Thiarni, dans le département de Linguère, Awa Ndiaye, Innocence Ntap Ndiaye, Baïla Wane, Abdou Fall, tous d'anciens responsables libéraux, avaient déjà déposé leurs baluchons dans le pôle présidentiel, de même que d'anciens «rewmistes», Youssou Diagne, Pape Diouf, Oumar Guèye, Me Nafissatou Cissé, entre autres.
Et la transhumance de la plupart de ces responsables a été encouragée par le président de la République qui, dans sa quête d'un second mandat, a rangé aux oubliettes sa fameuse théorie sur l'éthique politique, préférant élargir par tous les moyens les bases de sa majorité, quitte à se renier.
Pourtant, dans son discours du 1er décembre 2008, marquant le lancement officiel de l'Alliance pour la République (Apr), Macky Sall disait : «Le déclin de la morale et des grandes valeurs éloigne bon nombre de nos concitoyens des vertus majeures et des postures suprêmes que seule la dignité permet d'assumer dans un contexte de crise profonde. L'Apr-Yaakaar s'impose l'obligation de restituer à cette valeur cardinale de notre code d'honneur, toute sa place dans la vie sociale et dans la gestion des affaires publiques».
Ce «cancer» qui risque de coûter cher à Macky Sall
4 ans plus tard, à la veille de la Présidentielle de 2012, le leader des «apéristes» - qui était l'invité de Walf Tv - avait donné un cour magistral sur la politique et l'éthique, flétrissant le phénomène de la transhumance.
«On ne peut pas continuer à faire la transhumance telle qu’elle se pratique, aujourd’hui, parce qu’il faut mettre de l’éthique dans tout cela. Il faut que les gens reviennent aux valeurs. C’est extrêmement important, parce que nous ne pourrons pas changer positivement notre pays, si nous restons dans le 'bul faale (je-m’en-foutisme) et le 'masla' (compromis), où chacun peut faire ce qu’il veut, et après, on se tapote l’épaule entre camarades».
Le chef de file de l'Apr avait même poussé le bouchon plus loin en traitant les transhumants de «rats qui quittent le navire, parce que le naufrage est imminent».
Le revirement du chef de l'Etat à 180° sur la question de la transhumance risque de lui porter préjudice aux prochaines échéances électorales. Dans la mesure où l'apologie de ce «cancer», au-delà de l'aversion qu'il suscite chez la majorité des Sénégalais, imbus de valeurs, n'emporte pas l'adhésion de nombre de responsables «apéristes» et de membres de la mouvance présidentielle qui se sentent menacés par l'arrivée de ces «rats» dans le bateau marron. Et ces derniers, dans un instinct de survie politique, seront prêts à tout pour garder leurs privilèges.
Ce qui n'augure rien de bon pour le Président Macky Sall, candidat à sa propre succession.