PISSE-COPIES
La "Génération du concret", ce mouvement, en fait un enfant turbulent sur les flancs du parti du père, vire à l’abstrait après la métamorphose spectaculaire de l’un des frères siamois à l’origine de sa création. Un bébé siamois en plein désarroi. En tout cas, les véritables militants et partisans du "Sopi" ne sont point surpris.
C’est à croire que la route vers le Sommet est soudainement cahoteuse, tortueuse et caillouteuse. Une sortie épistolaire qui rappelle aux littéraires, Voltaire et sa fameuse citation : "Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m’en charge".
Une amitié longtemps présentée comme fusionnelle et intemporelle a vite éclaté sans avoir pu résister à quelques mois de privation de liberté. Sous nos cieux, les journalistes sont considérés à juste raison comme des griots des temps modernes ; si tant est que le griot est ce héros qui crie haut les vérités d’antan et du présent.
Aujourd’hui, c’est sans bonheur ni rancœur que j’espère enfin rallier ce parent, ami et collègue, wadiste de père en fils, qui me réveille par des sms de vierge violée juste après avoir lu le billet de la semaine du Témoin.
Ma virulence et mon impertinence ne visaient que les idées et les projets de dévolution monarchique du pouvoir ou de dynastie. Sans avoir eu à creuser profond, ma conviction n’était pas établie par les sorties des thuriféraires de Karim, ses salariés en tête.
Je n’avais jamais cru en cette amitié programmée ou spontanée. Une amitié se crée et se nourrit de repères, de dates, d’histoires, d’aventures et de souvenirs, de complicité et de fidélité, hic et nunc, mieux, ad vitam aeternam, de loyauté. Il y a, à l’évidence, des silences plus utiles qu’un ramdam monstre mais stérile et, donc, futile.
Et puis une personne redevable corps et âme d’une autre personne, qui plus est un copain dans le pétrin, doit se garder de lui asséner un coup de poignard dans le dos et croire sauver sa peau ! Jadis sémillant conseiller en communication, estampillé péjorativement "courtisan" par une "groopie" de la galaxie Wade, le "cheikh" nous livre des informations certes croustillantes mais guère détonantes et déterminantes.
Qui le desservent plus lui-même que véritablement Karim, son mentor, ex-mentor. Pour le reste, à voir certains journalistes déserter les salles de rédaction pour les terrains si glissants de la politique, je me demande encore qu’est-ce qui les fait courir autant…
La gloire, le pouvoir ou l’argent sans doute mais alors je plains d’ores et déjà ceux d’entre eux qui n’ont pas des reins et des nerfs solides, des épaules larges et des mœurs très clean ! La multiplication des supports d’information ne s’accommode guère de la rétention d’infos et de nouvelles même secrètes et confidentielles.
Plus que jamais, je trouve très prétentieux et même injurieux de vouloir seriner, ânonner ou édicter des principes allègrement foulés, violés dans un passé lointain ou récent. Il ne faut jamais mériter d’être traité de… pisse-copies. Un pisse-copies (dans le sens de mauvais journaliste) ne rêve jamais de prix de prestige. Loin s’en faut !