"POURQUOI MAINTENANT ?"
DIRECT - Aïssata Tall Sall s'interroge sur le timing de l'examen de la loi modifiant le règlement intérieur de l'Assemblée nationale
Des débats houleux ont rythmé lundi l’examen de la proposition de loi portant modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le relèvement à 15 du nombre de députés nécessaire à la constitution d’un groupe parlementaire étant la principale pomme de discorde, a constaté l’APS.
L’unique chambre du parlement sénégalais examine ce lundi en plénière la proposition de loi portant modification de son règlement intérieur.
Le texte soumis aux députés vise notamment le rétablissement de la durée du mandat du président de l’Assemblée nationale de un à cinq ans et le relèvement du nombre de députés nécessaire à la formation d’un groupe parlementaire.
En vertu de ce texte, il faut un dixième des élus qui composent l’hémicycle, soit 15 députés sur 150, au lieu des 10 qui étaient jusque-là requis pour la constitution d’un groupe.
Le nouveau texte interdit aussi à tout député démissionnaire d’un groupe parlementaire d’intégrer un autre groupe parlementaire. La seule possibilité qui lui est offerte est d’être un ‘’non-inscrit’’.
L’opposition parlementaire s’est dite outrée par une telle mesure. ‘’Le contexte gêne. Il y a des calculs politiques derrière cette proposition de loi. Interrogeons l’histoire pour savoir que les dix députés constituant un groupe parlementaire, c’était pour éviter une Assemblée monocolore. Quel recul démocratique !’’, s’est exclamé le député de Rewmi Mamadou Faye. Ce dernier a vu sa question préalable et sa motion préjudicielle rejetées par la majorité des députés.
Les membres de la majorité justifient l’opportunité de ce texte par la nécessité ‘’d’éviter un nomadisme parlementaire à l’Assemblée nationale’’. Les opposants, eux, évoquent une restriction des libertés à l’hémicycle.
‘’Un groupe parlementaire est quelque chose de sérieux. Une formation politique incapable d’avoir un dixième des sièges du parlement ne mérite pas d’obtenir un groupe parlementaire’’, lance un député de la majorité.
Selon Maguette Diokh du Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, le relèvement du nombre de députés nécessaire à la constitution d’un groupe parlementaire ‘’est même un début de solution pour lutter contre la floraison des partis politiques au Sénégal’’.
Les députés Mamadou Lamine Diallo et Aissata Sall, bien que membres de la majorité parlementaire, ont fait part de leur ‘’indignation’’ devant cette proposition de loi ‘’scélérate, discourtoise, inique et honteuse’’.
‘’Depuis le début de la législature, nous n’avons rien fait pour rétablir le mandat présidentiel. Pourquoi maintenant ? L’augmentation des membres pour la constitution d’un groupe parlementaire est indigne de notre Assemblée. Ce texte est un galimatias juridique tiré par les cheveux’’, s’est emportée Aissata Tall Sall.