QUI POUR DISCIPLINER ET DÉVELOPPER CE PAYS ?
Le pays est scandalisé par le comportement du fameux chauffeur de taxi qui a emprunté une passerelle sur l'autoroute, pour chercher un raccourci vu que les eaux de pluie avaient fini d'engloutir le tronçon Cambérène-Patte d'oie. Les images ont plongé des Sénégalais dans l'émoi. Nombreux ont été même contents de l'arrestation du malheureux taximan et de son placement sous mandat de dépôt, mais d'autres par contre n'en ont pas perdu leur sens de l'humour.
C'est vrai qu'au Sénégal, on oublie toujours l'essentiel, pour se concentrer sur l'accessoire. Personne n'est contre cette arrestation, au contraire, mais la sanction est vraiment disproportionnée au regard des mille et une infractions commises tous les jours sur les routes du Sénégal et laissées impunies. Ce qui est le plus amusant dans cette affaire, c'est le communiqué du ministère des Transports terrestres, qui a vite fait de condamner le chauffeur, pour se donner une bonne conscience, alors qu'il sait que le ver est toujours dans le fruit.
Ce ministère qui a perverti le milieu des Transports terrestres au point qu'il soit devenu une anarchie totale, devrait s'interroger du trajet emprunté par ce taximan, pour obtenir son permis de conduire ? Parce qu'à n'en pas douter, ce monsieur ne remplit aucun critère pour disposer d'un document des transports terrestres.
Il est sans doute ignorant et indiscipliné, mais ceux qui lui ont accordé le permis ne sont pas moins responsables que lui. Dans cette affaire, on devrait remettre sur le tapis le pourquoi de l'indiscipline qui prend des proportions démesurées et aussi les raisons de l'impunité, dont jouissent certains Sénégalais.
Dans ce pays, on a fini de croire que l'argent va le mettre sens dessus-dessous. Les gens font ce qu'ils veulent pourvu qu'ils aient de quoi graisser la patte. Si personne n'a plus peur du policier ou du gendarme de la circulation, parce qu'il a quelques pauvres francs à lui remettre en cas d'infraction, qu'adviendra-t-il de ce pays ?
Un chauffeur de taxi sur une passerelle, ce n'est que ce qui est apparent et malheureusement pour celui-là qui est visible dans les clichés. Mais des Sénégalais s'étrangleraient de rage s'ils savaient ce qui se passe dans des services qui relèvent du ministère des Transports. Ils auraient compris que l'infraction du taximan n'est rien comparée aux turpitudes de l'administration routière...
Au fait, nous sommes tous nombreux à croire que Senegal dou dem (le Sénégal n'ira nulle part), parce que ceux qui sont à la tête ne font rien pour mettre le moteur en marche. Pourtant celui qui est là, donne toujours des gages et manifeste son envie de changer les choses. Mais pourquoi justement les choses ne bougent pas au Sénégal ? Au-delà de l'indiscipline, qui est notre marque de fabrique, les gens ne travaillent jamais sérieusement et les lobbys politico-religieux tiennent toujours ce pays en otage.
Senegal dou dem, parce que ceux qui veulent travailler réellement pour le pays sont combattus, ceux qui auraient dû parler ont préféré laisser la place à ceux qui ne devraient jamais avoir voix au chapitre. C'est sans doute l'erreur qui va nous être fatale au regard des politiques de quotas, qui sont en train de ruiner tous les espoirs de trouver un travail au Sénégal.
La Fonction publique reste une affaire de quotas pour les partis au pouvoir et même les bourses de solidarité destinées aux personnes vulnérables font l'objet de partage entre politiciens. A ce rythme, on a beau aspirer à un Sénégal émergent, mais même en l'an 3000, on restera toujours un pays sur le chemin périlleux du développement.