A QUI S’ADRESSER EN CAS DE LITIGE AVEC UN AVOCAT ?
Quand le citoyen lambda a des problèmes avec un avocat et décide de porter plainte, il doit faire face à tellement d’obstacles qu’il finit souvent par jeter l’éponge, même s’il s’estime lésé. Nous sommes dans cette situation depuis un an, mais n’avons point l’intention de baisser les bras.
Sans entrer dans tous les détails et sans porter d’accusations, nous exposons notre affaire pour que les autorités compétentes en soient informées et nous viennent en aide.
Notre père avait saisi un avocat, Maître N., pour réclamer des indemnités suite à une affaire qui s’était passée en Europe. Maître N. avait, à son tour, confié le dossier à un collègue européen qui s’en chargeait sur place. Notre père décéda. Comme je suis l’aîné, mais vis à l’étranger, deux de mes jeunes frères qui figuraient sur la liste des bénéficiaires prirent le dossier en main.
Six ans plus tard, l’affaire fit l’objet d’un jugement. L’avocat européen reçut les indemnités et envoya un virement bancaire à Maître N. Ce dernier contacta mes frères et leur dit : «Après déduction de mes honoraires, il y a 94 millions de francs pour la famille.» Il leur demanda les noms des héritiers et divisa cette somme en parts égales en leur disant que c’était une décision du Tribunal.
Informé par mes frères qui n’ont pas étudié à l’école française et ne savent ni lire ni écrire dans cette langue, j’ai trouvé cela étrange. C’est certes simple et rapide et ça permet de très vite fermer un tel dossier, mais quel Tribunal peut dire à des musulmans qu’ils n’ont pas le droit de partager leur argent comme l’ordonne leur religion?
J’ai, par e-mail, demandé à Maître N.:«Qui a fait ce partage?»Il ne m’a jamais répondu. Je l’ai appelé plusieurs fois. Soit il ne répondait pas, soit il me disait qu’il était occupé ou parlait d’autre chose. Je me suis alors entretenu avec notre oncle, le patriarche de la famille. Comme les mots «avocat» et «Tribunal» font peur, il m’a dit : «Si tout le monde est d’accord sur ce partage, laisse comme ça. Insister risque de nous créer des ennuis judiciaires.»
L’argent ayant divisé beaucoup de familles, des personnes me dirent : «Ce partage n’est pas juste, mais comme c’est toi qui l’as fait et que nous te respectons et t’estimons énormément, nous n’allons rien dire.» Je leur répondis que je n’avais rien partagé du tout. «Mais si L’avocat a dit que c’est toi l’aîné qui a fait le partage ! Il l’a même écrit dans une lettre qu’on nous a lue.» Alors là, je me suis dit qu’il y a anguille sous roche. Et j’ai décidé de tirer toute l’affaire au clair.
J’appris que Maître N. avait reçu 158 millions de francs de son collègue européen qui avait déjà pris ses honoraires et que de ce reliquat de 158 millions, lui, Maître N., s’était octroyé 40%, soit environ 63 millions de francs. Toutes les personnes que j’ai concertées ont trouvé ce pourcentage exagéré, d’autant plus qu’aucun contrat n’a été signé.
Et si lui qui était resté au Sénégal a perçu 63 millions de francs pour lui tout seul, combien donc son collègue qui s’occupait du dossier en Europe a empoché ? Il dira même avoir saisi un deuxième avocat européen pour surveiller le travail du premier.
Quel est donc le montant total des indemnités et le pourcentage des avocats ? Est-ce réglementaire ? Maître N. n’a jamais daigné répondre à ces questions. Les décisions de justice du Tribunal européen ne nous seront pas communiquées, encore moins les accords entre avocats.
Il nous fut alors conseillé de déposer une plainte à l’Ordre des avocats du Sénégal. Nous le fîmes. En moins de 10 jours, Maître N. en fut informé. Il écrivit et déposa sa réponse. 12 jours plus tard, le bâtonnier nous répondit en y joignant la lettre de Maître N. Il y était écrit que nous devrions réagir sous huitaine, mais nous ne fûmes contactés que 26 jours plus tard. On nous expliqua que cela n’entravait en rien la procédure et qu’on avait encore huit jours pour réagir.
J’étais tombé des nues quand j’ai lu la lettre de Maître N. Rien à voir avec ce qui s’était passé. Nous avions alors, dans les détails, raconté toute l’histoire. Est-ce que le bâtonnier a lu cela ?
Si je pose la question, c’est parce qu’après un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept mois d’attente, nous n’avions aucune nouvelle. Nous y retournâmes. On nous fit savoir qu’il fallait écrire une lettre de relance, ce qui semble signifier repartir à la case départ.
N’ayant pas le choix, nous le fîmes. Depuis, on ne cesse de nous dire, à chaque fois que nous demandons des nouvelles, que nous devons attendre parce qu’il y a trop de dossiers à traiter. Mais attendre jusqu’à quand ? Jusqu’à l’extinction du soleil ? Attendre jusqu’à en avoir marre et jeter l’éponge ?
Si ce que Maître N. a fait est normal, qu’on nous le fasse savoir. Et si nous sommes lésés, qu’on nous rende notre dû.
Las d’attendre infiniment sans savoir ce qui se passe et ne pouvant avoir aucun contact direct avec le bâtonnier, nous passons donc par la presse avec l’espoir qu’il nous lira et nous contactera pour nous dire ce qu’il en est de notre dossier. Si d’autres autorités compétentes nous lisent, nous les prions nous aider.