REINE DE LA PISTE
AMY MBACKÉ THIAM, SEULE SÉNÉGALAISE CHAMPIONNE DU MONDE
C’est, sans conteste, l’agenda divin. Au croisement du destin, les faits peuvent avoir le goût du hasard. Pour le cas de l’athlétisme sénégalais, deux destins s’entrecroisent au point précis de la performance, sur la piste pour la reine du chrono et sur le piédestal des guides pour l’autre.
En 1976, l’athlète sénégalaise Amy Mbacké Thiam naît et Lamine Diack est élu vice-présidence de la Fédération internationale d’Athlétisme Association (Iaaf) à Edmonton (canada).
En 2001 Lamine Diack se hisse à un autre niveau. Il est porté, par vote, à la présidence de la Fédération internationale d’Athlétisme Association (Iaaf). Même année, Amy Mbacké Thiam est couverte d’or grâce à sa victoire à la finale du 400 m du championnat monde d’Edmonton.
Des coïncidences heureuses célébrées par certains comme un signe du destin. La jeune championne fait un clin d’œil au dirigeant charismatique. « C‘est une grande victoire pour le peuple sénégalais. Je dédie cette victoire à tous mes proches ainsi qu’à Lamine Diack, président de la Fédération internationale d’Athlétisme. J’étais là pour gagner, même si je n’aurais jamais imaginé être là un jour », a confié l’athlète sénégalaise, toute nouvelle reine du tour de piste mondial.
Dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 août 2001, à Edmonton (Canada), au moment où le Sénégal et l’Afrique noire francophone étaient dans les bras de Morphée, une de leurs illustres filles relègue au rang de faire valoir ses concurrentes. Au bout d’une course très bien maîtrisée, elle domine ses valeureuses concurrentes.
Fussent-elles la super favorite de cette finale l’Allemande Grit Breuer (4è) avec 50’’49, la Jamaïcaine Lorraine Benton (2è) avec 49’’88 la Mexicaine Anna Guevera (3è) avec 49’’97. Elle succède à son idole, l’Australienne Caty Freeman. Avec 49’’86 au chrono, elle bat, pour la sixième fois, le record du Sénégal de la spécialité.
Quelques jours après la qualification historique des « Lions » du football à la coupe du monde Corée-Japon 2002 et un an après le titre de champion du monde de karaté, Mamadou Aly Ndiaye (2000), cette excellente performance de l’enfant de Ndoffane (région de Kaolack), est un autre symbole du « Sénégal qui gagne ».
Venue sur le tard à l’athlétisme - à l’âge de 16 ans - dans son collège Valdio Ndiaye de Kaolack, cette sportive éclectique (elle jouait au football) brûle les étapes. Elle a fait ses armes entre les mains d’entraîneurs comme Lamine Camara, Fatou Cissokho ,Moussa Ndiaye, Mara Ndiaye et finalement le coopérant français Hervé Stephan au Ciad.
Vainqueur, à seize ans, de la coupe Mme Elisabeth Diouf (épouse du président Abdou Diouf) en 1992, à Ziguinchor, la nouvelle championne du 400 m plat, Amy Mbacké Thiam, enchaîne les bonnes sorties.
L’ancienne sociétaire du club kaolackois de Ngane Saré, passée au Dial Diop de Dakar avant de devenir pensionnaire du Ciad, bat ses propres records du Sénégal. La première Sénégalaise à descendre sous les 50 secondes, passe d’un temps de 51’’58 (1998) pour finir avec son chrono de 49’’86 à Edmonton.
Edmonton consacre la championne des Jeux de la Francophonie et demi-finaliste des Jeux olympiques de Sydney (2000). Une athlète dure au labeur.
Deux ans plus tard, à Paris, Amy Mbacké Thiam n’arrive pas à rééditer son exploit d’Edmonton. Elle se contente du bronze.
Qu’importe ! Première Sénégalaise, première Africaine francophone et de l’Ouest à accrocher autour du cou une médaille d’or mondiale du tour de piste, elle est entrée définitivement dans l’histoire du sport mondial. « C’est un sentiment fantastique de savoir que vous êtes la meilleure au monde ». Tout est dit. Ou presque.
La lauréate du « trophée » de l’avenir de l’édition 1999 du « Lion d’or » du quotidien Le Soleil, sportive éclectique qui pendant longtemps hésitait entre football féminin et l’athlétisme a fait le bon. Le meilleur choix...
Un choix qui lui a valu de voir poindre un nouveau jour sur l’athlétisme sénégalais. Ce jour-là a commencé par une nuit bercée par la chaleur des triomphes, à Edmonton, ville d’un Canada réputé par les caresses glaçantes de sa météo.
Amy Mbacké Thiam, reine de la piste. Jusqu’à preuve du contraire.