A SENDOU, LA CENTRALE À CHARBON SORT DE TERRE
Annoncée depuis quelques années, la construction de la centrale à charbon de Sendou est devenue une réalité depuis quelques mois. Sur le site, les travaux d’excavation de la chaudière et les gros œuvres, dans tous les compartiments de la centrale, sont bouclés à 85%. A ce rythme, comme l’a indiqué le directeur général de la Senelec, Pape Allé Dieng, le réseau électrique pourrait recevoir, dans un délai de 14 mois, un apport de 125 MW avec comme corollaire la baisse annoncée des coûts de production et des tarifs. Une partie du matériel embarqué en Inde est déjà en route vers Dakar.
Un peu après Bargny, sur la brettelle qui mène à Sendou, on peut apercevoir le vaste site clôturé de la centrale à charbon de Sendou. C’est un site de 29 ha accessible à partir de la brettelle par une piste latéritique bifurquant dans les champs de gombo où quelques buissons font témérairement face à l’expansion du béton dans la presqu’île du Cap Vert.
Annoncée à plusieurs reprises, la centrale à charbon de Sendou sort enfin de terre. Elle est construite par la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces), en collaboration avec le groupe indien Promac. Une centaine d’employés s’y activent de 8 h à 18 h, pour concrétiser ce projet si cher aux autorités sénégalaises.
Son implantation a permis l’installation de ce petit commerce de circonstance. En effet, à l’entrée du site, des dames tiennent des gargotes où elles proposent aux travailleurs des repas dans la matinée et en milieu de journée. Leurs huttes de fortune sont précaires. Elles sont constituées essentiellement de quelques branches coupées dans les environs et de palissades.
Ici, les consignes de sécurité sont affichées. Elles rappellent, à toute personne qui entre dans le site, l’obligation de porter un casque, un gilet ou encore des bottes.
Non loin des affiches, juste à l’entrée, un agent de sécurité note scrupuleusement toutes les entrées. Il faut surtout se faire identifier. La sécurité est un maître-mot. Une société de gardiennage est spécialement engagée pour y veiller.
A l’intérieur du site, le sol marécageux est verdi par l’hivernage. Quelques pistes, ici et là, mènent vers les différents chantiers. La nature du sol ne facilite point les déplacements en voiture. Des équipes d’ouvriers armés de pelles renforcent, à l’aide de calcaire, les parties les plus boueuses des pistes afin de permettre aux véhiculent de circuler sans difficultés.
Pour visiter le site, le chef du département « Equipement et Production », Papa Toby Gaye, accompagné du chef de projet, Younousse Fall, du responsable « Environnement, Hygiène et Sécurité », de la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces), Badara Guèye et le manager général de Promac Engenering Industries Limited, B. A. Nataraj, offre son service.
Un chantier démarré en novembre 2013
En allant aux bureaux des concessionnaires, 3 à 4 sous sites majeurs se dégagent du vide. Il y a aussi quelques constructions dans des endroits bien précis du site. Dans les bureaux, à l’intérieur de la salle de conférence, les guides exposent les grandes lignes du projet, ainsi que la nature de leurs alliances avec les différents partenaires impliqués dans sa réalisation.
Sur les murs, il y a différents plans de la centrale reproduits. Mais aussi des photos du directeur général de la Senelec, Pape Allé Dieng, en Inde visitant l’usine de production du matériel lourd. En principe, dans 14 mois, ce chantier démarré le 13 novembre 2013, doit être livré. A cause du foncier, les riverains se sont opposés, durant un certain temps, à la construction de la centrale sur ce site.
« La question est réglée et l’on se réuni périodique- ment », fait noter M. Guèye qui estime qu’en dépit de ce temps perdu, ils vont tout faire pour terminer, à temps, le chantier. En plus, l’emploi local est favorisé. Pour les postes qui ne nécessitent pas une certaine qualification, soutient-il, les locaux sont privilégiés. « 75% de ces emplois sont occupés par des gens de Bargny, Miname et Rufisque », renseigne M. Guèye, selon qui, « pour des raisons de monitoring, on demande aux employés leur pièce d’identité ».
En quittant le bureau pour rejoindre les sites, on passe à côté d’un vaste entrepôt où des milliers de tonnes de fer de tous calibres sont entreposées. Des ouvriers vêtus de matériel de protection en prennent des pièces, les coupent, leur donnent des formes géométriques avant de les attacher à l’aide de fils de fer. Ils continuent le travail, imperturbables.
Les pièces coupées et pliées en figures géométriques sont mises les unes sur les autres. Elles s’amoncellent. Plus tard, elles vont servir à la construction des semelles et autres composantes des fondations. Un peu à côté de cet entrepôt, une pelle mécanique creuse, à 5 m de profondeur, une superficie de 1.000 m2.
Dans cette excavation gigantesque, s’activent quelques ouvriers, un camion benne et la pelle mécanique remplie à intervalle régulier. Debout, au bord de l’excavation, B. A. Nataraj, le manager général de Promac Engenering Industries Limited dont l’entreprise construit la centrale fait remarquer : « c’est la partie la plus importante de la centrale qu’on est en train de construire ici. Il s’agit de la chaudière ».
Entamée, il y a environ un mois, la construction de la fondation de la chaudière se fait dans de la marne calcaire. « Il faut creuser et remplir l’excavation de sable de dune pour stabiliser », note M. Gaye.
Quelques matériels en place
Le respect des normes environnementales est une réalité à la centrale de Sendou. Le charbon étant réputé pollueur, les concessionnaires de la centrale ont prévu des moyens colossaux pour y faire face. Ils construisent, juste à côté de la chaudière, le dépoussiéreur sur une superficie de 600 m2. Ses fondations sont à 85% achevées.
Il est aussi prévu une centrale à béton pour accélérer le rythme du travail, explique le responsable des gros œuvres de l’entreprise sous-traitante (Sosate), Alassane Bâ. Le dépoussiéreur sera équipé d’une cheminée de 150 m de hauteur. Il permettra de minimiser la pollution.
Toujours, dans le cadre du respect de l’environnement, il est prévu une cor- niche pour relier la chaudière à la haute mer. Celle-ci est distante de la centrale de 700 à 800 m. Deux tuyaux vont relier les 2 sites. L’un va amener l’eau pour refroidir les machines et l’autre pour la rejeter à 100 m du rivage.
Non loin de l’entrée du site, il y a un autre dépôt où une partie du matériel de la chaudière, du dépoussiéreur et de la cheminée, est entreposée. Il attend la fin des travaux de base pour être montée.
Un autre bateau de matériel est attendu dans les prochaines semaines, renseigne M. Gaye, annonçant la construction d’un camping pour les employés indiens qui doivent faire le montage.
Un petit laboratoire et des magasins sont aussi en construction non loin de là. La centrale devant consommer 40.000 tonnes de charbon par mois, il est prévu la construction d’un endroit de stockage de la matière première.
Enfin, il est également retenuu la construction d’un poste de transformation géré par la Senelec. Il sera construit à l’extérieur du site, sou- ligne M. Gaye, selon qui, la centrale aura une capacité de production de 125 MW extensibles.
Ce qui équivaut, présentement, à 25% de nos besoins. « Sans nul doute, si la centrale est opérationnelle, ce sera incontestablement une véritable bouffée d’oxygène pour le pays », indique le Dg de la Senelec, M. Dieng.
Etat d’avancement des travaux satisfaisant, selon la Senelec
Circonscrit sur environ 29 hectares, le site qui abrite la centrale à charbon de Sendou est en pleine chantier. Les quelques éboulements dues aux précipitations enregistrées dans le secteur n’ont pas entamé l’ardeur des ouvriers et des partenaires indiens à accélérer le rythme d’exécution des travaux sous la supervision de la Société national d’électricité (Senelec) et de ses sociétés sous traitantes que sont : la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces) et son partenaire indien Promac, chargée de l’ingénierie, de l’approvisionnement en matériel et de la construction.
Conformément au plan de masse établi par la Senelec, les Indiens ont entamé les travaux sur le site. Sur plusieurs centaines de mètres, la marne calcaire, cette argile gonflante est en train de céder la place à des excavations et fondations.
A quelques mètres de l’entrée du site, un panneau de signalisation indique aux visiteurs les mesures de sécurité à respecter pour s’engouffrer à l’intérieur. Ici, le dévolu semble être jeté sur le périmètre qui doit abriter les principaux compartiments de la centrale à savoir la chaudière et le dépoussiéreur électrostatique communément appelé collecteur de poussière dans certaines unités industrielles.
C’est avec joie que les promoteurs et les partenaires indiens lancent à qui veut les entendre, que le projet de Sendou est sorti de terre aujourd’hui. Revenant sur la topographie du chantier en cours, Papa Toby Gaye, chef du département « Equipement et Production » de Senelec, s’est réjoui de l’état d’avancement des travaux sur le site. Pour la chaudière, les travaux d’excavation sont presqu’à terme.
Il en est de même pour le site devant contenir le dépoussiéreur. Ce compartiment va répondre aux normes édictées en la matière en environnement. Rien ne sera négligé pour répondre aux attentes de l’Etat du Sénégal, a indiqué Nataraj, un des responsables de la société indienne Promac, chargée de l’ingénierie. 45 semelles sur les 48 nécessaires pour l’élever les cheminées à 150 m de hauteur sont construites.
Et les propos du responsable de chantier, Alassane Bâ, de la société Sosate, sont plus que rassurantes. Selon M. Bâ, le chantier pourrait être livré d’ici le 15 septembre courant. Ces deux compartiments sont les plus importantes pour une centrale à charbon, a laissé entendre Papa Toby Gaye.
Après la chaudière et le dépoussiéreur, la société indienne s’attaquera à la construction d’un turbo-alternateur et d’un poste de transformation de 225 KW/h. Il sera lié à la ligne Sococim-Mbour pour le raccordement au réseau interconnecté de Senelec. A terme, la Senelec envisage d’établir une seconde ligne qui va quitter Kounoune pour se raccorder au même poste, a dit M. Gaye.
Respect des normes environnementales
Sur les 600 m2 qu’il va occuper, le dépoussiéreur de la centrale de Sendou, selon les ingénieurs, répondra aux normes édictées en la matière. Comme l’a indiqué le responsable du chantier, cette unité n’aura aucun impact négatif sur l’environnement.
Tout a été conçu pour qu’il (dépoussiéreur) puisse collecter, à l’intérieur, la totalité de la poussière qui proviendra de la transformation de la matière première, a rassuré le responsable de Promac. Les vitesses d’injection dans les cheminées seront aussi importantes. Et les cendres qui seront récupérées par le dépoussiéreur, renseigne M. Nataraj, pourraient entrer dans la fabrication du ciment.
Outre ce sous projet, il est prévu, sur le long terme, une fabrique de briques, souligne M. Fall. Il annonce également, l’ouverture, dans la centrale, d’un corridor sur une distance de 700 m en direction de la plage afin de drainer l’eau de mer vers les condensateurs.
Les tuyaux devant servir à cette tâche seront enfouis et l’eau rejetée à plusieurs centaines de mètres de la plage.