SENEGAL – GHANA A 19H45 : COACH, BIENVENU A LA BARRE !
On a vu des sélectionneurs commencer leur magistère avec les «Lions» par une victoire, un nul ou une défaite. Un résultat qui n’a jamais été déterminant pour la suite, mais dont l’importance ne fait pas de doute. Surtout qu’il permet de ne pas faire douter un public sans concession. Pour Aliou Cissé, la première sortie peut se jouer en trois mots.
Ce n’est «au tribunal ce soir», mais la première sortie d’Aliou Cissé aura l’allure d’un jugement. Comme pour tout baptême du feu, c’est un coach attendu au tournant qui sera sur le banc ce samedi face au Ghana. Certains prendront cette sortie comme une première cartouche à blanc pour lui accorder un temps de répit. D’autres commenceront à tirer sans sommation.
Sur ces deux matches à venir, le sélectionneur national devra commencer à apporter de gages pour ne pas avoir à travailler en se bouchant les oreilles. Et ce ne sera pas une mince affaire de croiser le Ghana ce soir, défait il y deux mois à la Can par le Sénégal (2-1). Les «Lions» avaient même été les seuls à avoir battus les «Black Stars» sur le terrain, durant cette compétition.
Jouer…
Rarement la nomination d’un sélectionneur national a connu une telle opinion favorable. On peut parler d’un raz-de-marée populaire, renforcé par un soutien sans faille de tous les éléments de la «Génération 2002» qui se sont exprimés sur la question. N’empêche, c’est sur le terrain que Cissé sera jugé. Et seuls ses joueurs peuvent l’aider à avoir raison.
Le match de ce samedi, contre le Ghana, tombe donc à pic. L’ambiance maussade laissée par la déconvenue des «Lions» à la Can a besoin d’une nouvelle couche de bonne humeur. Avec le Ghana, puis Le Havre, Aliou Cissé a deux pierres plutôt qu’une pour faire un gros coup avant d’éventuelles retrouvailles à Léopold Sédar Senghor lors des qualifications pour la prochaine Can.
Gagner…
Depuis 2000, les coaches qui se sont succédé sur le banc ont démarré leur magistère de différentes manières. Victoire, défaite ou nul, Aliou Cissé devra cocher la bonne case. Côté positif, les exemples ne manquent pas. Ainsi Kasperczak, Amara Traoré et Koto ont gagné leur première sortie. Les Bruno Metsu Laye Sarr, Lamine Ndiaye et Alain Giresse sont entrés par la porte du nul. Seuls Guy Stéphan et Amsatou Fall ont démarré par un échec.
Un premier match n’a jamais été déterminant à la suite du parcours d’un sélectionneur, mais le gagner apporte une dose de confiance qui bonifie le moral du groupe. Surtout si la victime se nomme Ghana.
En héritant d’un groupe déjà en place, qui a déjà battu le Ghana en janvier dernier, Aliou Cissé ne part pas les mains nues. Les 14 joueurs ayant joué ce match sont dans le groupe actuel. Tout autre résultat que la victoire laissera un sentiment de manque.
Convaincre…
Pour Giresse, «le Sénégal se considère comme un pays du football alors qu’il n’a rien gagné». Le chroniqueur sportif Laye Diaw que le Sénégal n’est pas un pays de football, même s’il reste un pays de grands footballeurs. Sans compter tous ces puristes qui veillent sur la qualité.
L’essentiel n’est plus seulement de gagner. La manière compte. Amara Traoré et Giresse ont quitté avec un bilan positif en termes de victoires, mais les critiques ne les ont jamais épargnés quand les «Lions» s’emmêlaient les crampons. Et ce n’est pas un hasard si le Sénégal du foot considère le nul contre la Côte d’Ivoire (1-1, 16 novembre) comme le match le plus abouti de l’ère Giresse. De par l’expression du jeu, les «Lions» avaient fait passer au second plan leur élimination du Mondial 2014.
La manière compte beaucoup et Cissé se trouve tenu de prendre en compte cet aspect. Car au Sénégal on ne choisit pas entre «bien jouer et perdre» et «mal jouer et gagner». La troisième alternative s’impose, qui appelle «bien jouer et gagner».
Aliou Cissé n’était pas un orfèvre, mais s’appuyait sur une rigueur sans faille pour faire son boulot, consolidant la défense des «Lions» à partir du milieu de terrain. Déterminé, on se rappelle l’avoir à tacler à terre avec la tête (duel avec Ibrahimovic lors de Suède-Sénégal de Coupe du Monde 2002). La donne change. Si les gens s’attendent à ce qu’il imprime son caractère et sa hargne d’antan à l’équipe, il a lui-même tenu à mixer cette image, pour dire : «Je ne suis pas seulement un aboyeur». On attend d’apprécier le technicien qui porte aussi l’image des Olympiques flamboyants aux Jeux de Londres-2012.