SOS CORNICHE ! ALERTE TECHNOPOLE !
Ce mardi à 10 h, le ministre des Sports et de la Vie associative sera au parc de Hann (*). Mbagnick Ndiaye effectue ce déplacement dans le cadre de la célébration de la 1re édition de la Journée du sport au service du développement et de la paix. A l’occasion, il est prévu qu’il plante un arbre et qu’il signe un protocole d'accord de partenariat avec le ministre de l’Environnement qui sera son hôte. Tout cela peut prêter à sourire. On pense à une belle arnaque grossièrement cousue de fil blanc.
Quand on est prêt à raser une partie du Technopôle, cette zone humide d’environ 200 ha protégée par les conventions internationales, cet espace qui offre une des rares zones aérées dans une région de Dakar étouffant sous le béton et les effets pervers d’une urbanisation sauvage, ce point de passage pour oiseaux migratoires en transit entre trois continents, plus d’autres merveilles de la nature, quand on est donc prêt à cannibaliser une partie de cette zone pour en faire une arène de lutte, on se demande bien avec quel sentiment on vient planter un arbre comme contribution à la préservation de la nature.
Mbagnick Ndiaye a beau être rusé, ce n’est pas dans ce journal qu’on va accepter de mourir idiot.
La manifestation qui mobilise le ministre des Sports ce mardi n’est pas une création exotique, une entourloupe sans lendemain. C’est juste la récupération qui est frauduleuse. L’initiative de cette journée est lancée par les Nations Unies. Elle vient s’ajouter à la pléiade de journées internationales qui marquent des mobilisations autour de thèmes et enjeux capitaux pour l’évolution de l’humanité.
Pour le secrétaire général de l’instance onusienne, cette Journée du sport au service du développement et de la paix se justifie par le fait que «le sport apparaît de plus en plus comme un important moyen permettant d'aider les Nations Unies à atteindre leurs buts, en particulier les Objectifs du millénaire pour le développement. En intégrant de manière plus systématique le sport dans ses programmes en faveur du développement et de la paix, l'organisation peut mettre pleinement à profit un outil économique et de grande portée grâce auquel nous pourrons créer un monde meilleur».
Voilà pour l’idéal. L’occasion faisant le larron, dans un pays où on ne manque jamais d’idées fumantes ou fumeuses, la cérémonie de ce mardi est devenue, du fait d’une douteuse transition, celle de la plantation de «l'arbre du sport au service du développement et de la paix». Une manière, dit-on, pour le ministre des Sports, de manifester son engagement pour la préservation de la nature…
On pense au Technopôle. A toutes ces Ong, à tous ces spécialistes de l’environnement et amis de la nature qui se sont mobilisés, il y a quelques mois, pour se dresser face à un scandale écologique qui menace. La levée de boucliers avait refroidi les ardeurs bûcheronnes de Mbagnick Ndiaye. Le Premier ministre avait mesuré l’hérésie dévastatrice du projet pour en appeler à la recherche d’un site consensuel.
Ceux qui pensaient le projet funeste évacué vers d’autres zones moins néfastes pour l’environnement, en sont pour leurs frais. Car la force des politiques, c’est d’avoir de la suite dans les idées, quand les citoyens perdent parfois le fil entre les priorités, les urgences et les exigences qui déterminent un quotidien encombré.
Ces dernières semaines, on a donc vu Mbagnick Ndiaye patauger à nouveau dans les eaux du Technopôle. Aux Pikinois, il promet des emplois dans le futur chantier de construction. Les salles de sport de l’arène nationale, leur dit-on, seront des endroits ouverts à eux. Des taxes municipales sont agitées au nez et à la barbe de la municipalité, alors que le maire de la Sicap court toujours derrière les royalties espérées de Demba Diop…
Le discours est le même dans la bouche de tous les prédateurs qui accaparent, détournent et pillent les terres en Afrique. Que ce soit les Etats, les multinationales ou leurs affidés.
Le Technopôle est donc toujours en danger. Le désastre qui s’annonce est pire que les quelques centaines de mètres de vue sur la mer que le Turcs risquent de boucher sur la corniche. Ce scandale mobilise à juste titre- entre autres, c’est le parcours sportif qui est bouffé.
Mais sur le site du Technopôle, ce sont des centaines d’hectares de zones humides qui sont en péril devant l’envahissement d’un stade de 20 000 places, prévu sur 7 ha.
Ce n’est pas pour cela qu’on aime le sport.
Ce mardi matin, les techniciens de l’environnement seront autour de leur ministre pour accueillir Mbagnick Ndiaye. On attend de voir ce qu’ils feront de leur amour et de leur sacerdoce pour la nature. Un arbre planté, plus mille autres à planter ici ou là autour des stades du Sénégal (on extrapole sur le protocole qui sera signé), vaut-il ce Technopôle à la beauté verdoyante, au plan d’eau charmant et à l’utilité environnementale manifeste ?
Touche pas à ma corniche ! Touche pas à mon Technopôle !
* Waa Sports du mardi 15 avril 2014