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COMPAORÉ SE PRÉSENTE EN "GOOR GU DEGER", ON LUI OPPOSE MANDELA, LE "GOOR GU DEGGU"
Animé comme tout bon président africain par un instinct grégaire de conservation du pouvoir, Blaise Compaoré ne recule devant rien pour s’éterniser à la tête du Burkina Faso. Y compris même jusqu’à se mesurer avec Barack Obama. Partant de là, le sooru du premier des Burkinabés à son homologue de la première puissance mondiale n’a rien d’un duel à fleurets mouchetés.
Au contraire, elle est épique, la passe d’armes qui a vu Blaise Compaoré se payer le luxe d’aller jusqu’à Washington, lors du Sommet Etats-Unis-Afrique, pour porter la réplique au président des kaana.
Ainsi, dans une conception du pouvoir tout à fait opposée les présidents américain et burkinabé ont étalé au grand jour leurs dissensions. En effet, là où le premier s’érigeant en donneur de leçons, comme son rang de dirigeant de la première puissance mondiale l’y autorise, parle de la nécessité pour l’Afrique, la patrie de son père, d’avoir des institutions fortes et non des hommes forts, le second lui rétorque du tac au tac le contraire.
Le tontu de l’aspirant au rabiot après 27 ans de pouvoir dont l’accession s’est faite en marchant sur le cadavre de son meilleur ami donne ceci :«non l’Afrique a plutôt besoin d’hommes forts».
Comprenez des goor yu deger capables de passer de la carotte à la chicotte pour tenir en respect ses compatriotes qui doivent comprendre qu’en Afrique on ne se succède pas au pouvoir, mais on y accède pour le conserver jusqu’à la mort.
En plus d’être un goor gu deger, Blaise ajoute dans son argumentaire qu’il a ébauché un certain nombre de projets qu’il lui faut terminer. Histoire de signifier à ses compatriotes qu’il n’a pas fini de faire leur bonheur après 27 ans et qu’il leur réserve d’autres bonnes choses dont il est le seul à détenir le secret.
C’est pour avoir compris cela que les partisans du bougna lui ont réservé un accueil chaleureux à son retour du Sommet de Washington. Côté foule, c’était grandiose et si enthousiaste que, ne se sentant plus, les plus zélés de ses partisans lui ont remis séance tenante à l’aéroport même un maillot jaune de leader. Le rapprochement avec Eddy Merckx, l’éternel vainqueur du Tour de France des années 70, est tout trouvé…
Côté presse, c’était dithyrambique à l’image de ces Unes : «Sommet Etats-Unis-Afrique : Accueil triomphal à ‘l’homme fort’ du Burkina» (Aujourd’hui au Faso) et «Tapis rouge pour l’homme qui a dit les «Gbè» (Ndlr : vérités) à Obama» (L’Observateur Paalga).
«Lu ko fi jar ?» se sont étranglé les adversaires du président, pensant que tout cela est téléguidé et n’est rien d’autre qu’une tentative de forcer la main aux Burkinabés qui sont contre le référendum, préalable pour réviser l’article 37 de la Constitution, galankor d’un énième mandat de Compaoré.
S’ils n’étaient pas ingrats, les Burkinabés devraient bénir le ciel de leur accorder un si éclairé dirigeant. Mais voilà que l’un de ses plus virulents opposants, Zéphirin Diabré, chef de l’opposition politique, montre en première ligne pour ce tontu bu saf : «l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de grands hommes, comme Nelson Mandela».
C’est-à-dire le genre de leaders qui gagnent à la faveur d’une élection transparente, dirigent le temps de leur mandat et s’en vont quand celui-ci est fini. Sans le moindre atermoiement quant à la possibilité de réviser la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Qui n’est pas une marmite dont les gourmands du genre Compaoré peuvent se permettre de racler continuellement le fond.
Décidé à barrer la route au président burkinabè, Zéphirin a dirigé le samedi 23 août à Ouagadougou une marche-meeting dont les participants s’étirant sur huit kilomètres n’ont cessé de dire «non» à un nouveau mandat pour Compaoré.
S’il se sert de son ciboulot et non de son insatiable ventre, le «beau Blaise» -c’est ainsi que l’appelaient les teenagers burkinabés des années 90- doit se lever de table avant qu’on ne lui enlève des mains couteau et fourchette...
Se’gne Bass
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