TALENT DE POLÉMISTE
Il faut reconnaître que le Premier ministre n’a pas manqué de "foncer" sur ses adversaires du jour, Abdoulaye Wade en particulier, parfois d’un ton ferme et menaçant
Samedi dernier, le Premier ministre a révélé au grand public ce qui jusque-là était méconnu de sa personnalité : ses qualités de polémiste.
D’emblée, Mahammad Dionne a précisé qu’il n’avait pas organisé une rencontre pour polémiquer ou répondre à qui que ce soit. Son objectif est de livrer les faits. Certes il a donné des chiffres et des dates avec force détails.
Il faut reconnaître tout de même qu’il n’a pas manqué de "foncer" sur ses adversaires du jour, Abdoulaye Wade en particulier, parfois d’un ton ferme et menaçant. Demandez-lui l’objet de cette grande messe du samedi, il vous répondra : "Mon professeur de philosophie disait que la fermentation n’a pas de sens si rien ne fermente dans la nature. Si nous sommes là, c’est que ça fermente beaucoup". De quoi arracher des sourires aux visages "graves" de la République.
Et à la suite de chaque "démonstration", Mahammad Dionne a fini ses propos en disant que ceux qui se livrent à certaines déclarations ne font que narrer des contrevérités : "Ils racontent ce qui n’existe que dans leur tête".
Et d’avertir : "Nous n’accepterons pas que des contrevérités soient érigées en vérité". Pourtant, il sait lui-même ce que Dieu réserve à ceux qui se livrent à de telles pratiques : "Je n’ai pas fait des études (islamiques) mais on sait ce que Dieu dit des calomniateurs. Je laisse à ceux qui ont la science (religieuse) le soin de le dire. Je sais que les calomniateurs, "fil houtama" (dans l’enfer : il fait référence à un verset du Coran)".
Cependant, le Premier ministre n’est pas prêt à attendre le jour du Jugement dernier. Il préfère régler ses comptes maintenant. Pourquoi alors cette "précipitation" ? Parce que : "Saay saay waxul dëgg, waaye yaxx na xel (le mal intentionné ne dit pas la vérité, mais il peut semer le doute)".
Par son attitude d’avant-hier, M. Dionne rappelle qu’un Premier ministre peut bien en cacher un autre. L’on se souvient qu’Abdoul Mbaye était connu pour être un homme pondéré, jusqu’au jour où les députés du PDS ont introduit une motion de censure contre son gouvernement. Il avait alors sorti lui aussi ...ses griffes verbales.