TALLA SYLLA ET LES ELUS MUNICIPAUX EN SIT-IN CE MATIN
BRAS DE FER AVEC LE PAYEUR DE THIÈS
Le torchon brûle entre le Receveur-Payeur municipal (Rpm) de Thiès et la municipalité. A l’origine, son refus de recevoir le courrier des mandats destinés aux bénéficiaires des billets de la Mecque, au mouvement navétanes, etc. Pour dénoncer une telle attitude, le conseil municipal observe un sit-in ce matin et à cette occasion, le courrier rejeté par le Receveur lui sera renvoyé par voie d’huissier
Dialogue de sourds entre la Recette-Perception municipale (Rpm) de Thiès et la municipalité. La raison : le refus du Rpm de signer les mandats émis par le maire. Comme à l’accoutumée, la municipalité de Thiès a décidé cette année d’envoyer cinq agents municipaux et le chef de quartier de la cité Malick Sy à la Mecque. Pour ce faire, il fallait débourser 2.680.000 FCfa pour l’achat de chaque billet et des frais de séjour et 500.000 FCfa par bénéficiaire en guise de pécule. Les engagements ont été faits et envoyés à la Recette-Perception municipale au début du mois de septembre, mais le Rpm a rejeté le dossier deux jours après, pour le motif de budget transitoire non encore voté. Après que le budget a été voté et approuvé par l’autorité administrative, les services de la mairie ont envoyé vendredi matin à la Perception Municipale un courrier contenant le budget approuvé.
MANDATS DE 100 MILLIONS
Le même jour dans l’après-midi, un autre courrier contenant les mandats des pécules des pèlerins, des secours aux indigents à l’occasion de la Tabaski pour un montant de 50 millions de FCfa, la subvention destinée au mouvement navétanes pour un montant de plus de 40 millions de FCfa, le carburant de la voirie pour le ramassage des ordures, le carburant du maire…, a été envoyé. Le tout pour un montant de 100 millions. Mais l’agent municipal chargé de déposer ce second courrier de la journée a été éconduit. L’intervention du secrétaire général et du directeur financier n’y fera rien.
TALLA SYLLA «TROUVE» 3 MILLIONS DE FCFA POUR LES PELERINS
Devant cette situation, Talla Sylla a «trouvé» 3 millions qui ont servi de pécules aux pélerins. Maintenant la tension est telle que des armes non conventionnelles risquent de tonner dans cette bataille avec un déballage qui n’est pas à exclure. En attendant, un avant-goût sera donné ce matin par un sit-in du conseil municipal de ville, soutenu par les trois autres conseils, en présence du personnel municipal, du mouvement navétanes, pour demander le départ pur et simple du Rpm. Pire, ils envisagent une grande marche à laquelle les 5.000 demandeurs d’aide sociale des trois communes seront conviés.
RÉACTION DU CAMP DU RECEVEUR PERCEPTEUR MUNICIPAL AMINATA DIOP DIÉMÉ : « C’EST LE FONDS DE DOTATION DE 100 MILLIONS QUI AIGUISE L’APPETIT GARGANTUESQUE DE TALLA SYLLA »
Jointe au téléphone hier, une source proche du percepteur Municipal de Thiès ayant requis l’anonymat a expliqué les raisons de ce bras de fer qui oppose le nouvel édile de la ville de Thiès au Percepteur, non sans jeter une grosse pierre dans le jardin du maire «qui se prend pour un messie ».
En effet, dit notre source, le payeur ne dispose pas de trésorerie pour exécuter la demande de payement de plus de 100 millions émise par le maire. «C’est vendredi soir que le budget est arrivé à la Perception, après l’avis de l’autorité administrative. Par conséquent, il était impossible de procéder au payement le même jour. Maintenant, dès demain (Ndlr : aujourd’hui) nous allons vérifier la sincérité du budget, puis commencer à payer au prorata. Parce qu’il n’y a pas 50 millions dans les caisses. Il faut savoir que le budget n’est pas de l’argent disponible, ce sont des prévisions. Même s’il est exécutable, il est impossible pour nous de payer parce que la mairie ne dispose pas de liquidités», déclare notre interlocuteur qui indique que Talla Sylla est en train de donner de l’ampleur à une affaire qu’il ne maîtrise pas. «Pour 4 mois d’exercice, il fait un budget de 1,4 milliard, alors que les recettes annuelles de la ville de Thiès ne dépassent pas un milliard. Pire, il engage des dépenses de plus de 100 millions alors que la Perception ne dispose même pas d’assez d’argent pour payer les salaires, les avances de tabaski et les heures supplémentaires des agents. C’est ça la priorité. Et le maire ne le sait pas. Il pense qu’avec les menaces et la pression, il peut obtenir cet argent. Or le payeur qui est Inspecteur du Trésor connaît ses responsabilités pénales. Si elle exécute, la Cour des comptes peut l’épingler», ajoute-t-il.
Notre interlocuteur croit savoir que c’est le fonds de dotation de 100 millions qui aiguise l’appétit gargantuesque de Talla Sylla. «Ce que le maire ne sait pas, c’est que le fonds de dotation qui est destiné
à la mairie n’est pas un fonds de secours ; c’est un fonds destiné à l’éducation, à la santé, à la jeunesse et au sport. Le maire pense que s’il le jette en pâture, le Payeur va lâcher prise. Or, il est responsable pénalement et s’il effectue un paiement non réglementaire, c’est lui qui va répondre. Avec tout ce bruit, ses supérieurs lui auraient rabattu le caquet s’il n’était pas dans son droit», a-t-il martelé.
Quid du chèque de 100 millions provenant de la Senelec, précisément de la taxe sur l’électricité consommée ? Il s’agit, d’après notre interlocuteur, de l’argent destiné aux communes et non à la ville. En réalité, avec l’entrée en vigueur de l’acte 3 depuis la mise en place du bureau municipal, les payeurs ne savent plus sur quel pied danser. Les décrets d’application n’étant pas rendus publics, le payeur n’a aucune base légale pour effectuer certains payements. C’est ce qui explique le statu quo noté dans les villes de Dakar, Pikine, Thiès et Rufisque. «Talla Sylla saura qu’il est tombé sur une coquille vide.
C’est fini le moment où le maire de la ville donnait des subventions tous azimuts. Maintenant ce sont les communes qui détiennent les moyens. Il va s’en rendre compte bientôt», indique notre source.