THIE, UN HOMME DE BONTE
HOMMAGE AU PHOTOGRAPHE DE SUD QUOTIDIEN DECEDE LE 24 AOUT 2013
24 août 2013, 24 août 2015, voilà deux ans jour pour jour que tu as effectué ta dernière prise de vue. Tel un rêve, tu t’en es allé. Tel un rêve, tu nous as quittés. Que dans sa Paix et sa Miséricorde, le Tout Puissant t’accueille dans son paradis. Amen.
Thiémokho Coulibaly, ce nom était familier dans le monde de la presse, mais au delà. Malgré ta disparition, tu restes toujours présent dans nos vies, à travers nos débats. Certes, ta mort, nous avais surpris, anéantis, mais notre foi en Dieu, nous avais permis de le vivre comme une action de grâce. Deux ans après, tu continue d’occuper nos pensées. Au sein de la rédaction de Sud quotidien, malgré l’écart d’âge qui nous séparait, tu t’étais toujours fais notre égal. Ta plus grande qualité était l’entraide et le partage.
Tu étais le père, le frère, mais le plus important, l’ami. On se souvient encore dans les moments de fête où le personnel était crispé car devant faire face aux nombreuses dépenses qui les attendaient chez-eux, tu ironisais toujours, pour décompresser, en disant: «ne vous en faites pas, j’ai signé les chèques et le camion arrive avec les moutons pour la Tabaski». Rien que cette phrase, que tu aimais prononcer, relaxait les travailleurs qui, malgré l’inquiétude, poursuivaient dans la joie et l’ambiance leur travail.
Thié, Tonton Thié… t’appelaient affectueusement les uns et les autres, c’est selon. Tu jouais le rôle de médiateur au sein de la rédaction, tu n’avais jamais voulu que des querelles «inutiles» divisent la famille que nous sommes. Face à ces situations, tu étais toujours là, pour trancher juste. Ta parole avait de la valeur pour chacun et chacune de nous. Modeste, tu l’étais juste qu’à ton dernier soupir, mais fidèle aux traditions et coutumes. On se souvient, aujourd’hui encore, des débats animés avec Tonton Mbengue, notre chauffeur où devrais-je dire de la complicité qui vous liait. Quand tu lui proposais d’aller manger du poulet où du «dibi». «Il faut laisser les bouillis et faire comme moi. On se connait, vient je vais t’arranger mon frère…». Et Mbengue, qui répliquait «tu parles de toi-même».
Quand tu arrivais, élégamment habillé, et que les gens appréciaient, tu lançais, sourire aux lèvres: «je ne suis pas légal de vos patrons qui ne savent pas s’habiller». Où quand je te disais, mais Thié, tu as de belles chaussures ou la tenue traditionnelle te vas bien. Tu me disais: «ce n’est pas la peine de me complimenter, je ne vais pas les offrir à ton mari, tu t’es trop amouraché de ton mari».
Dans ton domaine, la photographie, tu étais tout simplement meilleur, présent dans tous les événements, toujours prêt à les immortaliser à travers les images. Mais, le plus marquant et le plus touchant, était de te voir à terre après la détonation des lacrymogènes à Sandaga lors de la dernière campagne présidentielle où la Police avait fait sortir les nouvelles «bombes» dites «piments». Je me souviens, une fois arriver à la Rédaction, je me suis tellement marrée de toi que je t’ai dit: «Ah ! Le lion est tombé aujourd’hui.» Et toi de me rétorquer: «je vais me venger sur ton mari. Ce sont ces collègues qui m’ont torturé».
Ton départ a laissé un grand vide à Sud Quotidien que personne ne peut combler. Et, ce n’est pas ta sœur Ami Sakho qui dira le contraire. Comme un voleur, tu nous a tous amadoué pour nous quitter quelques heures après. La veille de ta disparition, tu as passé toute la matinée avec nous à la Rédaction, nous faisant des promesses: ce jour-là, chacun des travailleurs présents en avait eu pour sa dose… de plaisanterie avant que tu ne prennes départ pour le Mali pour les besoins de la cérémonie de quarantième jour de ta mère que tu avais perdu en plein mois de Ramadan.
A cet instant, qui pouvait imaginer que c’était un au-revoir que tu nous faisais. L’espoir de te revoir sitôt, nous avait aveuglés. Et sur la route tu as rendu l’âme à Kidira, loin de ta famille du Sénégal mais aussi du Mali qui t’attendait. Te nous manque énormément: rien que pour les sujets décomprimant qui nous faisait rire, pour parler de nos forfaits dans nos reportages de tous les jours mais aussi pour les conseils.
Ce 24 aout, l’an deux de ton rappel à Dieu, sonne comme si c’était le jour fatal. Etant persuadé que tu es au Paradis à coté de ton Dieu que tu as servi sur la terre avec amour, nos prières t’accompagnent. Aussi sollicitons-nous des prières afin que nous soyons unis, que nous soyons amour, serviable comme tu l’a toujours souhaité. Nous nous inclinons devant ta mémoire, pardon pour toutes les fois où nous avons manqué d’attention à ton égard. Nous ne t’oublierons jamais. A Dieu Grand, repose en Paix mon ami de cœur.