UCAD 4 KEUR MASSAR : UNE BOMBE FONCIÈRE
Le site de la Coopérative d’habitat des travailleurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, communément appelé Ucad 4 Keur Massar, devient chaque jour qui passe une vraie bombe foncière. Depuis que trois collègues résidents qui veillaient sur les terrains des autres ont été arrêtés et mis en prison pendant 9 jours, de manière arbitraire, les prédateurs roulent en roue libre.
En effet, des individus vendent de plus belle, sans s’inquiéter, nos terrains et font ériger de petits murs de clôture construits par des maçons qu’ils font protéger par des nervis enragés.
La semaine dernière, un enseignant-chercheur informé de cette occupation irrégulière de son terrain s’est rendu sur les lieux muni d’une arme à feu. Naturellement, il a été très vite désarmé par cette meute d’individus qui veillaient sur le mur fraîchement dressé.
Monsieur l’enseignant, si vous avez laissé libre cours à votre cœur, je vous comprends aisément. Mais permettez-moi néanmoins de vous rappeler que vous n’êtes pas formé au maniement des armes ou à l’usage de la force physique, mais plutôt au maniement des connaissances et à l’usage de la matière grise.
Malheureusement, les armes qui sont les vôtres semblent ne servir à rien, si c’est vrai que ces bandits sont «couverts au plus haut niveau» comme ils aiment nous le rappeler. Ce que semble attester, au demeurant, l’attitude des agents de l’autorité judiciaire (gendarmes et juges).
La situation qui prévaut à Ucad 4 Keur Massar me rappelle cette réflexion de Blaise Pascal : «Ne pouvant faire que la force fût juste, on fît que la justice fût forte.» Cher maître (Pascal), la justice est absolument forte, car elle est l’œuvre de Dieu. Mais l’organe judiciaire qui est celle des hommes (gendarmes, juges...) peut ne pas être fort ; surtout si l’on veut qu’il ne le soit pas. Lorsque l’organe ou l’appareil judiciaire est injuste ou malhonnête, alors la force devient juste et la justice absente.
C’est le cas à Keur Massar, car les pilleurs de terrains sont «couverts au plus haut niveau». Leur force devient illégalement légale parce que soutenue par des agents de l’autorité judiciaire ou par le «haut niveau». Nous membres de la communauté universitaire, que devons-nous faire ?
Nous n’allons certainement pas engager un bras de fer direct avec ces nervis payés par des «protégés au plus haut niveau», mais nous devons payer les services de vigiles pour surveiller nos terrains. Cela serait alors la première étape d’une démarche. Si nous ne nous organisons pas, d’autres actions individuelles pourraient être notées et Dieu seul sait jusqu’où cela peut aller.
Si le collègue dont j’ai parlé plus haut avait tiré sur un nervi, qu’est- ce qui se serait passé ? Devons- nous (Université, Etat) attendre qu’il y ait mort d’homme pour réagir (comme cela semble être de coutume au Sénégal). Sans être un prophète de malheur, j’affirme que tout peut arriver du jour au lendemain à Ucad 4 Keur Massar, car toute la communauté universitaire est excédée.
Nous également, «on nous tue, on ne nous déshonore pas». Le mutisme des autorités est quelque fois lourd de conséquences dans ce pays (exemple : des notes techniques d’un ministre de l’Equipement sur l’état du bateau le Joola restées sans suite).
Chers collègues, organisons- nous ! Chers autorités, «au plus haut niveau», préférez la justice à la force.