UN MENDIANT ASSIS SUR DE L'OR
Ce qui est regrettable dans le dossier Petro-Tim, c’est que l’Etat n’ait pas songé à y regarder de près dans la nouvelle configuration de l’affaire devenue plus juteuse depuis que l’odeur de l’or noir se fait plus forte dans nos eaux
L'autre sociologue assimile l'Afrique à un mendiant assis sur une mine d'or à tendre sa sébile à tout venant. Les deux affaires qui ont défrayé la chronique de notre pays semblent bien conforter ce que l'on peut tenir pour un adage qui colle malheureusement trop parfaitement à la réalité africaine... et à celle qui se profile chez nous.
Devant un litige hérité du régime précédent, l’Etat actuel (sic) a pris sur lui de solder l’affaire en se prévalant de l’autre adage qui veut qu’il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès. Le régime actuel, ou l’Etat actuel comme l’a dit un très réputé ministre de la République, a estimé avoir pris la meilleure option possible qui permet de sauvegarder les intérêts de tous. N’a-t-il pas été plébiscité pour cela ? Pour le reste, honni devant le tribunal de la République soit qui mal y pense.
Dans l’autre dossier, notre pays, depuis peu très sérieux candidat au cartel des pays pétroliers, étrenne déjà son futur statut de membre de l’OPEP par une affaire dont la conclusion de l’analyse pourrait se résumer par une autre formule lapidaire : c’est le métier qui rentre.
L’Etat actuel avait à gérer un permis d’exploration accordé par “l’Etat d’avant” pour paraphraser notre ministre. Que l’un des acteurs du process soit frère du chef de l’Etat actuel pourrait être anecdotique... comme dans toute République bananière que nous essayons de ne plus être. Ce qui l’est moins, à notre humble avis, c’est que l’Etat actuel n’ait pas songé à y regarder de près dans la nouvelle configuration de l’affaire devenue plus juteuse depuis que l’odeur de l’or noir se fait plus forte dans nos eaux territoriales. Et il en avait le pouvoir... et le droit (de préemption) pour embarquer dans le véhicule d’investissements qui s’est constitué avec l’arrivée dans le dossier d’un gros acteur américain du secteur pétrolier...
Il ne faut surtout pas croire que les acteurs sénégalais de ces deux dossiers ont emprunté des chemins de traverse pour traiter de ces affaires... Il faut surtout croire que nos gouvernants obnubilés par l’émergence à mettre en musique ont considéré n’avoir pas le temps de s’attarder à des chicaneries : l’Etat d’avant, une pléiade d’avocats avec un avocat de chef d’Etat, avait plus vocation à jouer la comédie des plaideurs... L’Etat actuel, une somme d’ingénieurs tout à leur rigueur et à leur sérieux avec un ingénieur de chef d’Etat, n’a qu’une obsession : l’Emergence... Tout le reste n’est que futilité.
Dans un documentaire traitant de l’impact de la politique d’intégration des africains américains, l’un d’eux évoquant les réactions suscitées par sa présence dans les cercles huppés de la haute finance racontait la stupéfaction permanente que suscitaient ses interventions dans ces milieux blancs qui avaient du mal à se faire à l’idée d’un noir traitant à égal avec eux de questions de bourse aussi pointues et sophistiquées.
Un autre angle d’analyse de ces deux affaires laisse penser à cette caricature de l’africain américain ou africain noir tellement englué dans les filets du contingent qu’il en est incapable d’appréhender son environnement pour s’élever et se mettre au niveau de l’enjeu du moment... Ce syndrome de l’Afrique comme un mendiant en permanence assis sur sa mine d’or à tendre sa sébile pour juste assurer sa pitance journalière.
Quel que soit le véritable fonds de ces deux affaires, et d’autres qu’il serait fastidieux d’évoquer, elles viendront conforter cette représentation à son désavantage de l’africain : cette mentalité du plus faible, la meilleure arme du plus fort selon Biko. Ou encore, la Renaissance africaine tous les jours ajournée par les Africains eux-mêmes.