UN PHÉNOMÈNE NATUREL ACCENTUÉ PAR L’ACTION ANTHROPIQUE
PETITE COTE
Yène a été le premier site visité durant notre randonnée. Ce village traditionnel de pêcheurs sérères et lébous incarne déjà cette splendeur qui cache parfaite- ment la dimension qu’a fini de prendre l’érosion marine dans la zone.
Du haut de la falaise, on peut aisément mesurer l’ampleur du phénomène et la menace de disparition qui pèse sur la belle plage de sable fin qui borde la côte. Nombre de maisons situées le long de la berge ont disparu. Les falaises qui s’érigent en rempart contre l’avancée des courants marins peinent à s’enraciner dans le sous-sol.
Et pourtant, c’est dans cette zone que s’activent le plus les géologues du Sénégal et d’ailleurs. On y retrouve encore des roches datant de plus de 65 millions d’années.
Aussi, c’est dans cette partie de la côte que l’on peut contempler à vue d’œil le maestrichtien dans toute sa splendeur. De même, c’est dans cet endroit que l’on rencontre encore les formations sédimentaires les plus anciennes.
Elles sont composées de sables fin et de grès plus ou moins argileux, renseigne le Pr. Mamadou Fall, géologue à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Selon ses explications, le facteur essentiel de cette érosion marine à Yène, comme dans les villages environnants, reste la mer. Avec sa houle, elle demeure l’un des facteurs érosifs responsables du phénomène le long de la côte, indique-t-il. M. Fall n’exclut pas aussi le rôle que joue la dérive marine dans la destruction du rivage.
Scientifiquement parlant, les géologues estiment que le phénomène de l’érosion marine a commencé il y a des milliards d’années. C’est un phénomène successif qui alterne érosion et sédimentation en termes physiques, note le Pr. Fall.
Pour y faire face, les habitants de la côte préfèrent aujourd’hui se barricader en hauteur, sur les falaises, mettant ainsi en cause l’existence de tout un écosystème.
Il est admis aujourd’hui que le phénomène que connaît la côte occidentale de l’Afrique, du Sénégal en particulier, découle de la vulnérabilité et de l’adaptation des zones côtières aux changements climatiques.