UN SÉVÈRE RÉQUISITOIRE CONTRE LE RÉGIME
MEETING DU FRONT PATRIOTIQUE
Le Secrétaire général national du Pds, Abdoulaye Wade a demandé hier, lors du meeting du Front patriotique pour la défense de la République (Pds), l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, au plus tard en décembre 2015. Selon lui, le Sénégal a connu beaucoup de régressions depuis son départ et l’arrivée de Macky Sall à la magistrature suprême.
Me Abdoulaye Wade n’a pas perdu ses vieux réflexes d’opposant politique radical. Lors du meeting du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) organisé, hier, à la Place de l’Obélisque, il a invité le chef de l’Etat Macky Sall à rendre le tablier, vu « la situation affreuse » que traverse le pays.
« Nous ne ferons pas de coup d’Etat contre Macky Sall. Nous voulons le persuader qu’ayant échoué et étant incapable de redresser la situation, il doit partir », explique l’ancien président de la République, sous les vivats d’une foule acquise à sa cause.
Le leader du Pds suggère une période de transition avec, à la tête, une commission qui aura pour mission d’organiser des élections générales le 29 juin 2015 ou le 6 décembre de la même année.
Selon Abdoulaye Wade, le Sénégal a beaucoup rétrogradé depuis son départ et l’avènement de Macky Sall à la magistrature suprême. « Le chômage est en hausse, l’enseignement supérieur est détruit, les élèves trainent dans les rues, l’agriculture va de mal en pis, les chefs religieux ne sont plus respectés ; de même que les chefs de village », soutient-il. Il ajoute que la situation est catastrophique sur le plan économique puisqu’« il n’y a plus d’argent ».
« Les commerçants ne peuvent plus vendre et les acheteurs ne peuvent plus acheter », a poursuivi, très en verve, l’ancien chef de l’Etat.
Dans son sévère réquisitoire contre le régime en place, Abdoulaye Wade a dénoncé la violation des libertés publiques, de l’état de droit et des principes démocratiques. « 27 Sénégalais ne peuvent pas sortir du territoire national. Pourquoi ? Personne ne sait », a-t-il fustigé.
Il a, dans la même lancée, exigé de son successeur, la libération immédiate « des otages politiques » qui, à son avis, sont enfermés sans aucune preuve. « Je savais que quand je quitterais le pouvoir, on allait se lancer à mes trousses pour voir si j’ai de l’argent quelque part. Je n’ai rien. Même mes fonds politiques, je les ai distribués aux Sénégalais parce que je suis fondamentalement un Sénégalais. Le jour de la passation de service, je suis sorti du palais avec 700.000Fcfa », a encore révélé le pape du Sopi.
D’après lui, le régime de Macky Sall a mené une trentaine de missions rogatoires en Europe et aux Etats-Unis. « Avec la police française et américaine, ils ont cherché partout mais, il n’y a rien ; nada (rien). Je n’ai ni immeubles ni argent, encore moins Karim », a-t-il poursuivi.
A son avis, il y a « une justice sous influence » sous l’ère Macky Sall, avec une tentative de mettre les magistrats aux ordres. Fort heureusement, s’est-il réjoui, il y a des juges courageux qui refusent d’être sous la coupole du pouvoir.
Affaire Arcelor Mittal
Sous un autre angle, le Secrétaire général national du Pds est revenu sur l’affaire Arcelor Mittal et la licence d’exploitation-exploration offerte à Aliou Sall, le petit frère du président de la République. Sur le premier point, Abdoulaye Wade a affirmé que l’expert Gustawson Colorado désigné par le Tribunal arbitral de Paris a estimé une partie du préjudice du Sénégal à 1,9 milliard de dollars.
« Mais, regrette-t-il encore, Macky Sall fit irruption et déclara accepter 150 millions de dollars ». Autre curiosité, selon lui, c’est le ministre des Mines et de l’Industrie Aly Ngouye Ndiaye et son homologue des Finances qui ont signé l’accord-arrangement avec Arcelor Mittal ; alors que « seul l’Agent judicaire de l’Etat est habilité à ester en justice, en action et en défense ».
« L’Accord est nul et de nullité absolue pour défaut de qualité de la personne qui a prétendu engager l’Etat, donc de nullité pour incompétence », a-t-il conclu. Il a d’ailleurs révélé que le Front patriotique de la défense de la République va porter plainte contre l’Etat du Sénégal dans les juridictions nationales et le tribunal de Paris.
Le Secrétaire général national du Pds a aussi demandé la publication du procès-verbal du Conseil d’administration de la société Mittal « qui aurait dégagé 250 millions USD au lieu de 150 million USD ou 75 milliards Francs FCFA. Concernant la licence d’exploitation accordée à Aliou Sall, Abdoulaye Wade a soutenu que « c’est un cas de vol de ressources publiques ».
« Macky Sall s’est arrangé pour donner à son frère Aliou Sall 30% d’une société de recherche et d’exploitation du pétrole dans deux sites, Saint-Louis et Cayar où le pétrole a été mis en évidence...Le volume découvert vaut 200 milliards. Macky Sall a donc donné à son frère 30% de 200 milliards, c’est-à-dire 60 milliards », a ajouté l’ancien chef de l’Etat.
Il demande que « les 30% détenus indûment par Aliou Sall soient transférés à l’Etat qui aura ainsi 40% au lieu de 10%» de même que des poursuites pénales contre Aliou Sall.
Abdoulaye Wade a donné rendez- vous à ses militants après le Sommet de la Francophonie pour voir la suite à donner aux interpellations qu’il a faites à l’endroit de son successeur.