UNE DÉFICIENTE MENTALE, "PROSTITUÉE" AU COEUR DE L'HISTOIRE
CHASSE À L'HOMME À OUAKAM
Après l'affaire de A. Kâ, handicapée totale, vivant à Darha Djolof qui a été violée et engrossée, une nouvelle histoire cruelle de moeurs pollue l'atmosphère à Ouakam. A l'origine, une jeune malade mentale qui se prostitue pour des raisons inconnues. Mère d'une jeune fille, la dame qui attend apparemment un autre bébé, est la source de la bataille entre des étrangers provenant des pays limitrophes et les jeunes de cette localité. Ces derniers pensent que ces malvenus sont la cause du vagabondage dans leur quartier. Ainsi pour conserver la bonne réputation de la zone, ils veulent que les Guinéens quittent les Niayes de Ouakam.
Venus pour se faire de l'argent au Sénégal, les Bissau-guinéens se lancent dans le gardiennage, la maçonnerie et autres travaux de chantiers. Mais le plus naturellement du monde, ces jeunes cherchent souvent à satisfaire leur libido après une dure journée de labeur.
Peut importe la personne ciblée comme partenaire. L'essentiel, c'est d'assouvir un besoin pressant avec une femme. Le jeune Laye n'oubliera pas de sitôt sa stupéfaction d'hier. Habillé d'une petite culotte noire, pantalon à la main, il a couru comme un lapin pour échapper aux trois jeunes hommes qui le pourchassaient pour lui faire sa fête. Pis, ses cris ont alerté les quelques habitants de la nouvelle cité "Ouakam Niayes-ba". Les coups, qu'il a reçus, expliquent son attitude.
"Ce sont des pervers, ils profitent d'une femme enceinte qui est psychologiquement pas bien portante pour abuser d'elle, moyennant des pièces", lance un des jeunes qui traquait le "violeur". Ils disent être prêts à se battre pour que ce genre d'individus quitte les lieux. Ce, allant jusqu'à les lyncher à mort. "Ils n'ont aucune pudeur et ils jettent leur dévolu sur cette pauvre femme sans défense partout où ils la trouvent", poursuit notre interlocuteur.
"La fille se prostitue pour 300 F Cfa"
Ne dit-on pas que les gardiens, chauffeurs et boutiquiers sont les mieux informés dans les quartiers. Cela s'est justifié hier. En effet, après cette altercation, un gardien qui a accepté de témoigner a révélé qu'il s'agit d'un secret de Polichinelle, la malade mentale se prostitue à partir de 300 F Cfa.
"Elle se prostitue. Je l'ai moi-même chassée à plusieurs reprises pour qu'elle rentre chez elle. Car, c'est dans les maisons inachevées, en construction que je surveille qu'elle accueille ses clients", révèle Choura.
Embouchant la même trompette, un autre vigile déclare : "c'est hier seulement, que je les ai renvoyés moi aussi, car au moment où elle se donnait à un de ces clients, d'autres l'attendaient à l'entrée du bâtiment dont j'assure la surveillance." A la question de savoir, si elle est réellement une malade mentale, les gardiens répondent par la négative. Car, selon eux, "elle a une manière d'approche très professionnelle."
Les voisins sont aussi intrigués par la "folie" de la jeune "prostituée." Ses faits et gestes sont loin de ressembler à ceux d'une malade mentale. Voisine de la jeune maman, Ndèye Sokhna témoigne : "Ouly n'a rien d'une déficiente mentale. Ses agissements sont sereins. Elle se plaît dans son métier". Elle poursuit avec mépris: "Comment une folle peut choisir de sortir à 22 heures pour vaquer à sa profession. Si elle était folle, elle passerait toute la journée dans la rue."
"Ma fille a été maraboutée"
Trouvée chez elle, en grand boubou khartoum vert et blanc et couverte d'un voile blanc, chapelet à la main, la mère d'Ouly parle de maraboutage pour justifier son comportement. Mère de 5 bouts de bois de Dieu dans un mariage polygame, elle raconte avec beaucoup de peine la vie que mène sa fille.
"Je suis la deuxième épouse de son père et elle est ma seule fille. Ma fille n'est pas folle". Elle coupe court avec des larmes qui ruissèlent et décorent son joli visage que la prise d'âge a un peu froissé. Entre hoquets et toux, elle avance :
"ma fille a été maraboutée. Sa carrière estudiantine a été gâchée. Elle est devenue méconnaissable". Pointant du doigt une fillette qui été en train de jouer, elle laisse entendre : "c'est la fille d'Ouly. Ce qui me fait le plus mal est qu'elle ne connaîtra jamais son père."
Selon elle, c'est juste par moment que sa fille perd les pédales. Toutefois, elle s'en remet à Dieu et compte soutenir sa fille dans sa grossesse qu'elle porte actuellement. Car, déclare-t-elle, Ouly n'a pas besoin d'argent. Pour preuve, lance cette mère de famille rongée par la souffrance, la tristesse et l'amertume: "la maison dans laquelle on vit est une propriété de son père. Notre famille n'est pas dans le besoin."