UNE MERVEILLE POUR GAGNER LA BATAILLE DU HUB AÉRIEN
Construit sur une superficie de 42.000 mètres carrés, l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass, dont les travaux sont achevés à hauteur de 75%, ambitionne de faire du Sénégal, un hub aérien, prêt à accueillir les avions les plus contraignants comme l’Airbus 380. Un séminaire de mise à niveau de la presse nationale sur le projet, a permis de cerner davantage ce projet d’un montant de 400 milliards de FCfa et les innovations de taille qu’il va mettre à la dis- position des voyageurs.
Comme l’a indiqué, Abdoulaye Mbodj, directeur général de la société Aibd Sa, le retard enregistré dans le démarrage du projet est à mettre en relief avec le caractère complexe du montage financier et technique du projet.
Il suffit de sou- ligner que l’Aéroport international Blaise Diagne a été conçu à travers un partenariat public privé (Ppp) mais supporté par la société de projet qui est l’Aibd, pour mesurer le caractère complexe du montage financier mis en place pour sortir ce projet de terre.
Et pour trouver les fonds nécessaires au remboursement de l’emprunt concocté auprès des banques, l’Etat du Sénégal a fait recours à un mode de financement innovant bâti sur une Redevance dénommée Redevance de développement des infrastructures aéroportuaires (Rdia).
Elle est mise en place depuis le 1er avril 2005 et consiste, comme le soutient le chef du département Juridique et financier de l’Aibd, Cheikh T. Guèye, à prélever, auprès des voyageurs en partance de Dakar, 45 à 52 euros, pour les étrangers et 1 euro pour les nationaux sur les titres de voyage et reversée dans un compte séquestre ouvert à la Bnp Paribas, pour le remboursement du mon- tant global du projet. Cette Rdia, devra permettre, selon le directeur général de la société Aibd Sa, Abdoulaye Mbodj, de solder le mon- tant dû comme prévu en 2024.
Désengorger Dakar
Le financement de la construction du nouvel aéroport international Blaise Diagne repose sur le modèle de la redevance de développement des infrastructures aéroportuaires
(Rdia). C’est un financement hors budget respectant les normes de l’organisation de l’aviation civile internationale (Oaci). Le montant global du projet sera remboursé grâce à la Rdia que vont payer les passagers au départ des aérodromes du Sénégal. Pour la collecte, ce sont les compagnies qui paient directement les montants auprès de l’Association internationale du transport aérien (Iata). L’argent collecté est automatiquement versé dans un compte séquestre ouvert dans les livres de Bnp Paribas.
En effet, la réalisation de cet aéroport répond à l’ambition des autorités sénégalaises de désengorger Dakar et de favoriser, dans la foulée, un meilleur aménagement du territoire.
Aussi de concrétiser la volonté de faire du Sénégal un point référentiel d’escale en Afrique de l’Ouest avec toutes les commodités d’un aéroport moderne. Construit sur une superficie de 42.000 mètres carrés, l’aéroport international Blaise Diagne, est parti pour offrir un service correspondant au deuxième à l’échelle des cinq ni- veaux de classification par l’Iata de la qualité de services aéroportuaires, a dit Abdoulaye Mbodj.
Et Dakar 2 devient Aibd, le 4 avril 2007 Confié à la société Saudi Ben
Laden group, le projet de construction de l’Aéroport international Blaise Diagne, comprend également la construction d’autres infrastructures comme les hôtels, des bâtiments de sûreté et de sécurité ainsi qu’un centre médical et administratif, un hangar pèlerin, le pavillon présidentiel, entre autres. Une attention particulière a été accordée à la sauvegarde de la superficie dé- gagée pour l’emprise aéroportuaire.
« C’est pourquoi, l’Etat a mis en place un Comité de servitudes pour éviter à Aibd ce qui est arrivé à Léopold Sédar Senghor en boulimie foncière », a indiqué le directeur général de l’Aibd. Aujourd’hui, la construction de l’aéroport est achevée à 75%, a-t-il ajouté avant d’annoncer la possibilité de recevoir le premier avion en juillet 2015 comme prévu par les autorités.
Mais une brève remontée de l’histoire de ce projet phare, révèle que beaucoup d’eau à coulé sous le pont avant de traduire, en concret, cette vision de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade.
Il était même qualifié d’éléphant blanc pour nombre d’observateurs. En effet, c’est en 1992 que le ministre d’Etat, Abdoulaye Wade, coopté dans le gouvernement socialiste propose, pour la première
fois, un projet du nom de « Aéroport international de keur Massar ». Même s’il faut noter qu’un projet de construction d’un deuxième aéroport de la dimension de celui de Dakar Yoff était inscrit dans le Plan quinquennal de développement économique et social du Sénégal 1974-1978, à l’image de certains pays qui mettaient en œuvre un 2ème aéroport.
Le gouvernement de l’époque, comme l’a indiqué le directeur général de l’Aibd, n’avait pas donné suffisamment de crédit au projet de Me Wade pour des raisons poli- tiques mais aussi par manque de visibilité sur le financement colossal qu’il nécessite. Me Wade quittera le gouvernement jusqu’en 1995, date de son retour aux affaires et le projet sera à nouveau agité.
Il fera cette fois-ci l’objet d’un examen par le Conseil des ministres, nous dit-on. Plusieurs noms furent agités pour le parrainage. On cite dans la foulée, Dakar 2 au tout début puis, Keur Massar et enfin Blaise Diagne. L’histoire retiendra que c’est en 1996, que l’Aéroport Keur Massar deviendra, pour la première fois, un projet du gouvernement. Et Me Abdoulaye Wade sera chargé de le conduire. Les premières études de faisabilité ont été conduites par un cabinet américain.
L’avènement de Me Abdoulaye Wade à la magistrature suprême en mars 2000 et la création de l’Apix donnent un souffle nouveau au projet. La recherche de site devant l’accueillir conduira à l’actuelle emprise du massif de Diass en lieu et place de Keur Massar retenu au tout début. « En donnant le nom de Blaise Diagne au nouvel aéroport, le Sénégal lui rend hommage et continue de vivre ainsi son esprit d’ouverture », a reconnu le directeur général l’Aibd.
80.000 mouvements d’avion prévus par an
Initialement estimés à environ 350 millions d’euros (près de 230 mil- liards de FCfa) les travaux de construction de l’aéroport international Blaise Diagne vont finalement coûter à l’Etat, 400 milliards de FCfa. Cette hausse de l’enveloppe financière est à mettre en rapport avec les trois avenants intervenus dans la mise en œuvre du projet.
Comme l’a indiqué le directeur général de l’Aibd, Abdoulaye Mbodj, « il y a eu trois avenants qui se sont ajoutés car on s’est retrouvé avec des problèmes techniques dus à des cavités dans le sol qu’il fallait boucher pour mieux asseoir les fondations, ensuite, il y a eu quelques aménagements techniques en vue d’améliorer le système global de l’aéroport ».
Aujourd’hui, l’état d’avancement des travaux est estimé à 75% et les 25% qui restent constituent les finitions et l’équipement à mettre en place. L’Aibd est prévu pour répondre aux normes actuelles de navigation aérienne. Avec une piste longue de 3,5 kilomètres et large de 75 mètres et qui n’attend que la pose du balisage et une tour de contrôle ultra moderne haute de 50 mètres, fin prête, l’aérogare achevé à 75%, le pari de recevoir le premier avion en juillet 2015 est en passe d’être remporté, a dit le directeur général de l’Aibd.
Il disposera également d’une centrale électrique pour son alimentation en électricité. Déjà, un câble optique a été installé par la Sonatel. Avec le transfert prévu de tous les vols commerciaux de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor vers Diass, les responsables de l’Aibd escompte environ 80.000 mouvements d’avions, même les plus contraignants, comme l’A380 par an.