UNE VOIE DE BEAUTE AUX CONSEQUENCES NEFASTES
PRATIQUES ARTIFICIELLES DE DEPIGMENTATION
L’Université du Ramadan des Moustarchidines a axé sa réflexion, ce samedi, aux pratiques artificielles de dépigmentation. Cela, à la lumière des conséquences néfastes de cette voie de beauté.
Les pratiques artificielles deviennent de plus en plus la routine vers laquelle la majorité des femmes se dirigent, non pas par conviction, mais plutôt par complexe d’infériorité. Elles s’adonnent à la dépigmentation, aux faux cils, aux fausses hanches, aux faux ongles, au piercing, etc. Le tout, pour la seule finalité de devenir belle aux yeux des hommes, malgré le lot de conséquences qui en découlent, les unes aussi dangereuse que les autres.
Face à ce phénomène nuisible qui gagne du terrain au Sénégal, le Dahiratoul Moustarchidine Wal Moustarchidaty, à l’occasion d’une conférence entrant dans le cadre des activités de la XXe édition de son Université du Ramadan, a débattu des risques liés à certaines pratiques artificielles. Ce, pour sensibiliser les femmes amatrices de cette pratique, sur les dangers qu’elles encourent.
Risques de cancer, de diabète, d’hypertension artérielle
Le Dr Pape Limallé Sarr, qui a introduit la discussion, a ainsi souligné les différentes pratiques artificielles et leurs conséquences. «La dépigmentation, les faux cils, les faux ongles et toutes autres pratiques artificielles qui soient, sont fortement déconseillés. Car, constituant des substances toxiques qui peuvent fragiliser l’ensemble du système immunitaire de la peau. Et par conséquent, elles peuvent créer des maladies comme le cancer de la peau, l’hypertension artérielle, le diabète, entres autres, maladies dangereuses», dit-il.
«Celles qui se dépigmentent, par exemple, se voient au fil du temps, multicolores, avec les genoux, le revers des mains et les oreilles tachetés. D’autres se retrouvent avec des vergetures, de l’acné ou une atrophie de leur physique. Tous ces effets sont des conséquences des corticoïdes lorsque leur utilisation est fait de façon prolongée», renseigne le Dr Sarr, selon qui ces conséquences ne se limitent pas simplement à la complication au niveau esthétique. En effet, d’après lui, l’usage de ces produits de dépigmentation, cause aussi la destruction de la mélanine, qui protège la peau contre les rayons solaires. Ce mélange de différents produits chimiques compromet également la vie des utilisatrices en leur causant des infections qui tuent par chocs septiques, des infections des organes sensibles provoquées par les poses d’ongles, de cils ou le piercing des oreilles et autres parties sensibles du corps.
«L’artificiel difficile à extirper du subconscient des femmes»
De son côté, Zeynab Sy Ndiaye, doctorant en sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb) explique que «les pratiques artificielles sont devenues de véritables phénomènes contraignantes de la société. Car la beauté nous interpelle sur notre personnalité et notre identité du naturelle à l’artificielle. La dépigmentation est considérée comme critère de beauté et signe d’une certaine aisance sociale. Inconscientes de ce fait, bon nombre de femmes noires, qu’elles soient analphabètes ou lettrées, s’adonnent à ces pratiques néfastes. Elles semblent toutes ne pas pouvoir résister au désir de changer leur peau ou autres parties de leur organisme, par simple complexe d’infériorité, effet de mode, choix esthétique ou n’importe quelle justification».
En effet, pour elle, «l’artificiel reste un phénomène sociétal difficile à extirper du subconscient des femmes. Elle est transformée en une obligation et fait l’objet de concurrence, surtout chez les jeunes femmes. Et les causes de ce phénomène sont diverses et variées. Certaines optent pour la dépigmentation et autres pratiques artificielles, parce qu’elles ne s’acceptent pas dans leur nature. Et pour d’autres la pratiquent, parce qu’elle est liée à la pensée selon laquelle les femmes au teint clair ont plus de valeur que celles au teint noir. Ce qui les poussent à s’échiner dès lors à se procurer des produits à cette fin, dans l’ignorance de ses conséquences dangereuses».
Le constat fait, Mme Ndiaye de dire : «C’est vrai que nous ne pouvons pas demander à personne de ne pas se faire belle. Car, pour elles, le regard de l’autre est important. Mais cela ne doit pas constituer un reniement de soi, ne doit non plus être un frein pour notre santé, un manque de personnalité qui nous fait perdre notre respect. Cependant, je conseille aux pratiquants de suivre les conseils du médecin. Car elle reste le miroir ou le reflet de la beauté divine. Et cette beauté divine n’est pas une question de physique ou autre. Elle est plutôt intérieure, c’est celle qui fait de nous ce que nous sommes en nous rapprochant des bonnes actions qui mènent vers Dieu. Parce ce que, si tout le monde se ressemble, il n’ y a plus besoin de vouloir être une personne spécifique».