VAGUE D’INDIGNATION DES DÉFENSEURS DES DROITS HUMAINS
REPRÉSAILLES APRÈS LE COUP D’ÉTAT MANQUÉ
"Agir pour que cessent les persécutions politiques et les violations répétées des droits humains en Gambie". C’est à cela qu’une dizaine d’organisations de défense des droits humains ont appelé les institutions sous régionales et internationales.
Face aux représailles tous azimuts notées au lendemain du coup d’Etat manqué en Gambie, une dizaine d’organisations de défense des droits humains a lancé un pressant appel à la communauté internationale pour une intervention rapide. Selon les droits-del’hommistes, il urge d’agir pour mettre fin aux "détentions arbitraires et à la persécution des proches et familles des personnes soupçonnées d’avoir pris part au coup d’Etat manqué en Gambie".
Sous la houlette de l’ONG pour la liberté d’expression Article 19, les organisations ont demandé aux autorités gambiennes de libérer les personnes arrêtées ainsi que les parents et proches de celles soupçonnées d’avoir pris part au coup d’Etat, ou de les inculper conformément aux normes internationales qui régissent le droit à un procès équitable.
ARTICLE 19, APPEL, AFRICTIVISTES, CONGAD, CICODEV AFRICA, LSDH, ONDH, IPAO, RADDHO, SIDH/SENEGAL, SYNPICS, et Y’EN A MARRE ont également demandé que les militaires arrêtés dans le cadre de la tentative de coup d’Etat soient inculpés. Ces derniers doivent également avoir la garantie d’un procès équitable, sans recours à la peine de mort et sous une supervision internationale.
"D’après les informations reçues, au moins trente personnes dont une majorité de civils, un adolescent et sept femmes (des mères, une ex-épouse et des sœurs) ont été arbitrairement arrêtées et détenues dans des lieux tenus secrets depuis presque un mois, en violation totale de la Constitution gambienne et de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples", a regretté Fatou Jagne Senghor, directrice du bureau Afrique de l’ouest de l’ONG Article 19.
"Maintenues en détention sans inculpation, ces personnes ne peuvent ni voir leur famille, ni bénéficier de l’assistance d’avocats. "Avec le président Jammeh, c’est la paranoïa, l’autoglorification de sa propre personne qui passe inéluctablement par des tueries. Il est temps d’en découdre avec cette situation ", renchérit Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (LSDH).
La situation est d’autant plus préoccupante que les personnes s’enquérant du sort de leurs proches en détention sont victimes d’intimidations et de menaces d’arrestations.
"Du fait des menaces constantes et du climat de peur généralisée, les médias ne peuvent enquêter sur la situation des détenus. Aucune information sur les conditions et lieux de détention n’a été rendue publique à ce jour. Ce black-out de l’information accentue l’inquiétude et l’isolement des familles et des populations gambiennes", fustigent les ONG. Qui regrettent que les corps des personnes qui ont été tuées lors de l’attaque du Palais présidentiel en l’occurrence Lamin Sanneh, Njaga Jagne, Jarja Nyass et Dawda Bojang, ne soient toujours pas restitués à leurs familles.
L’UA et la Commission africaine des droits de l’Homme appelés à intervenir
Les ONG de défense des droits de l’Homme ont demandé à l’Union africaine, la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) et l’Organisation des Nations unies de diligenter une enquête indépendante et transparente sur les violations des droits humains. Egalement d’exhorter le gouvernement gambien à cesser tout acte d’intimidation et de persécution visant à installer un climat de peur et pouvant augmenter la tension dans le pays
Elles ont demandé aux populations du Sénégal, de la Gambie et du monde de participer massivement à une "Campagne digitale" sur la situation des droits humains en Gambie, du 30 janvier au 28 février 2015, avec deux grands axes : une action de solidarité à l’endroit des exilés gambiens au Sénégal sur Facebook et une action destinée aux autorités sénégalaises sur Twitter. #DalalAkDiam comme hashtag unique sera utilisé pour l'ensemble de cette campagne.
Président de la Société internationale des droits de l’Homme (SIDH), Me Ousseynou Faye a appelé le Sénégal à continuer d’être une terre d’accueil et non un endroit d’où on expulse des gens. Dans le même sillage, Seydi Gassama de Amnesty international, section sénégalaise, a soutenu que le régime de Macky Sall est en train de faire moins que les régimes précédents en ce qui concerne l’asile accordée aux individus persécutés chez eux.