«AU COURS DES 5 DERNIERES ANNEES, LES SENEGALAIS PARTIS A L’ETRANGER SONT AU NOMBRE DE 156.676, SOIT 1,2% DE LA POPULATION»
PIERRE NDIAYE, DIRECTEUR GENERAL DE LA PLANIFICATION ET DES POLITIQUES ECONOMIQUES
Quelque 156.676 Sénégalais, soit 1,2% de la population globale du Sénégal ont quitté le pays au cours des 5 dernières années pour partir à l’étranger. C’est ce qu’a révélé, hier, Pierre Ndiaye, de la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe), au ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. C’était en marge de la cérémonie de lancement du processus d’élaboration de la Politique nationale intégrée de migration.
Le Sénégal a lancé, hier, le processus d’élaboration de la Politique nationale intégrée de migration. Cette opération est portée par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, par l’entremise de la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe). Le projet est soutenu par l’Organisation internationale pour les migrations (Omi) et doit permettre à notre pays de mieux faire face à la question migratoire. Présidant la rencontre, Pierre Ndiaye, Directeur général de la planification et des politiques économiques (Dgppe), a mis à profit cette tribune pour apporter quelques informations sur cette problématique.
«Jamais, dans l’histoire de l’humanité, autant de personnes n’ont vécu hors de leur pays ou région d’origine. Tous les pays sont aujourd’hui concernés par la migration, que ce soit en tant que pays d’origine, de transit, de destination ou les trois à la fois. Au regard de l’évolution démographique, aux tendances du développement et à l’évolution de la demande de main-d’œuvre, les migrations massives sont inévitables, nécessaires et souhaitables», a-t-il noté.
Et le cadre du ministère des Finances de révéler que «selon les dernières données du Recensement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage de 2013, au cours des 5 dernières années, les Sénégalais partis à l’étranger sont au nombre de 156.676, soit 1,2% de la population. Les principales destinations sont l’Europe (44,4%) et les pays de l’Afrique Centrale (27,5%). Parmi ceux qui ont quitté le Sénégal, 73,5% déclarent le travail comme le principal motif de départ».
Ce constat oblige, d’après lui, les gouvernements, qui sont de plus en plus conscients de la nécessité de coopérer et d’intégrer les questions de migration au développement durable, à jeter les bases pour faire de la migration un catalyseur pour le développement et l’inscrire parmi les priorités dans l’agenda de développement post 2015.
Les migrants, c’est 800 milliards FCfa par an, soit l'équivalent de 10% du Pib du Sénégal
«Le Sénégal possède une importante communauté d’expatriés dont les transferts de fonds connaissent une évolution positive et constituent une source appréciable de devises», a-t-il indiqué, avant de dire qu’«à titre illustratif, les transferts de fonds des migrants se situent autour de 800 milliards de francs Cfa par an au Sénégal, soit l'équivalent de 10% du Pib. Ces ressources qui dépassent de loin l’aide publique au développement reçue par le Sénégal, contribuent significativement à la réduction de la pauvreté».
Toutefois, a-t-il ajouté, pour être encore plus efficaces, les transferts de fonds doivent être mieux orientés vers les secteurs stratégiques de développement. D’où la mise en place par les autorités sénégalaises de projets et programmes d’accompagnement des Sénégalais de l’extérieur. Entre autres, les Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise), le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd), la Plateforme d’appui au secteur privé et valorisation de la diaspora sénégalaise en Italie (Plasepri), le projet Tokten de transfert de connaissances de l’expertise des expatriés.
D’après Pierre Ndiaye, bien que les migrations internationales constituent un facteur de développement, il reste évident que la migration irrégulière demeure encore pour nos Etats un réel défi à relever. Dès lors, une des perspectives liées à la migration légale, à travers des cadres institutionnels appropriés, pourrait constituer un moyen efficace à cet effet. «La réussite d’une telle démarche exige une volonté commune de respect des droits des migrants et de ceux de leurs familles», a-t-il expliqué.
En outre, reprenant la réflexion de l’illustre démographe français Alfred Sauvy qui disait que : «Si les richesses ne vont pas aux hommes, les hommes iront aux richesses et rien ne pourra les en empêcher !», Pierre Ndiaye, souligne que «ceci explique les préoccupations de la communauté internationale sur la maîtrise des flux migratoires».