«LA SAISON SERA PROLONGEE AU 31 AOUT»
ALIOUNE SARR, PRESIDENT DU CNG
Silencieux depuis un bon moment, le président du CNG, trouvé hier dans son bureau, revient ici sur les questions de l’heure dans l’arène. Entre autres, Dr Alioune Sarr évoque les reports de la 16ème édition du Drapeau du chef de l’État et du TOLAF, les tests anti-dopage, les nombreuses blessures d’avant-combat dont la plus récente est la déchirure musculaire de Gris Bordeaux. Entretien
L’une des actualités de l’arène est le report de la 16ème édition du Drapeau du chef de l’État à Fatick. Quel commentaire en faites-vous ?
Le constat est que le Drapeau du chef de l’Etat a été reporté. Avec le ministre des Sports, nous avons décidé de le reporter à une date ultérieure. L’autre remarque est que la presse et quelques acteurs de la lutte ont été un peu durs à l’égard des autorités. Vous savez, le championnat du Sénégal est une activité nationale et, quel que soit le nom qu’on peut lui donner, il relève de la compétence des autorités qui dirigent ce sport. S’il y a échec, ce sera certainement au niveau du comité national qui n’a pu rassembler les moyens pour tenir le Drapeau du chef de l’État. Les pouvoirs antérieurs nous donnaient des moyens additifs. Au début, le drapeau était de 500.000 FCFA et l’État mettait un à deux millions.
Ayons le courage, ici, de reconnaître que c’est monsieur Macky Sall qui a eu à mettre dix millions alors qu’il n’était même pas président. Ensuite, le président Abdoulaye Wade a fait passer le montant de 15 à 20 millions jusqu’à son départ. Nous n’avons pas pu rassembler à temps le budget qui s’élève à plus de 60 millions. Aussi, nous avons augmenté les primes des lutteurs.
Donc c’est le CNG qui serait fautif…
Nous sommes un démembrement de l’État. Nous ne pouvons rien faire sans l’aval de l’autorité. Nous avons échangé avec le ministre et nous avons jugé bon de reporter le tournoi du championnat du Sénégal sans frappe.
Il se dit que c’est parce que le budget de 50 millions n’a pu être bouclé. Est-ce le cas ?
Absolument. Est-il normal qu’on prévoie un budget de 50 à 60 millions et aller à l’aventure alors que le budget n’est pas bouclé ?
Pourtant le budget du Drapeau du chef de l’État n’était pas souvent bouclé, mais cela n’a jamais empêché la tenue de cette manifestation…
Un budget prévisionnel n’est jamais bouclé à 100%, mais il arrive au moins que le budget soit bouclé à 80%. Les volontés personnelles des uns et des autres nous permettaient d’avoir des éditions de qualité. Je n’ai pas dit que le Drapeau du chef de l’État ne va pas se tenir. Nos partenaires qui nous ont toujours appuyés, c’est la mairie de Dakar et le Sénat dirigés par Pape Diop durant tout le temps qu’il a été à la tête cette structure. Nous avons eu le soutien de la primature, du Port et de l’Assemblée nationale lors des éditions précédentes. Cette année, nous avons envoyé des correspondances à toutes ces structures et nous attendons leurs réactions. C’est ce qui nous a surtout poussés à reporter le Drapeau. On ne pouvait pas partir à l’aventure.
N’avez-vous pas pris un peu tard la décision de reporter cette 16ème édition quand on sait que les sélections ont été déjà faites dans les 14 régions du pays ?
Ce report ne peut être que tardif. Nous avions l’habitude, à 48h de l’événement, d’avoir de quoi pouvoir aller au Drapeau du chef de l’État. Il y a eu une année où j’ai raté la première journée car j’ai tardé à avoir les réactions de gens qui nous accompagnaient. Cette saison, à 48h de l’événement, nous avons constaté que ce n’était pas possible d’organiser cette édition. De toutes les façons, les régions savent sur qui compter pour participer au Drapeau du chef de l’État. Espérons, et nous le souhaitons, que les moyens suivent afin que nous puissions reprogrammer le Drapeau du chef de l’État pour cette année. J’ai l’intime conviction que le Drapeau du chef de l’État se tiendra cette année. L’avenir nous dira. Si cela ne se fait pas, le Comité national, avec ses maigres ressources, va essayer, avec les régions qui ont déjà fait les sélections, de leur avancer des fonds.
Sachez que, depuis que nous sommes là, nous avons soutenu tant bien que mal les régions dans leurs efforts de présélections.
Le TOLAC aussi a été reporté. Avez-vous des informations par rapport aux motifs du report ?
Nous avons simplement reçu un courrier du comité d’organisation disant que le tournoi a été reporté. Pas plus.
Où en êtes-vous avec les tests anti-dopage annoncés pour cette saison ?
Nous n’avons pas varié dans notre envie de le faire. Mieux, aujourd’hui, la structure nationale anti-dopage nous a envoyé un courrier pour nous dire qu’elle va commencer ses activités. Tous les acteurs de la lutte sont prévenus car cela peut se faire à tout moment. Les lutteurs qui doivent se déplacer doivent laisser leur adresse exacte.
Les tests anti-dopage coûtent chers. Ce sera à la charge de qui ?
À ma connaissance, c’est le comité national (CNG) qui prendra en charge les tests. Ce qui est important, c’est que les tests doivent être faits.
Quel sort sera réservé aux lutteurs vainqueurs contrôlés positifs ?
Retirer sa victoire sera le moindre mal. Vous savez, quand quelqu’un est reconnu positif, la sanction primaire peut ne pas être lourde, un voire 2 ans. Si c’est un récidiviste, il est peut-être radié à vie. Je pense que l’esprit sportif doit primer à tout moment avec une certaine conscience morale. On doit gagner avec ses qualités et non avec des qualités majorées avec des produits qu’on appelle produits dopants.
Pensez-vous que la sensibilisation a été bien faite au niveau des principaux concernés ?
J’espère que la presse va nous y aider. Les encadreurs doivent savoir que le sport est une école de vertu. On doit être propre dans tout ce que l’on fait.
Et si un lutteur n’accepte pas de se soumettre aux tests, quelle sera la sanction ?
Si un lutteur n’accepte pas, il va disparaître. Je pratique le sport, je dois répondre aux normes internationales. Tout sportif doit être soumis à des tests anti-dopage. Ce n’est pas une règle du Comité national de lutte (CNG), mais c’est des règles internationales. Pour tout lutteur qui refusera de répondre à des tests, on va appliquer la loi sans état d’âme. Il sera radié. C’est tout. Il ira faire autre chose que la lutte.
Isabelle Sambou fera ses derniers JO en 2016 à Rio. Pensez- vous à sa relève ?
Aujourd’hui, Isabelle, quelles que soient ses qualités, est rattrapée par l’âge. Derrière elle, nous avons Anta Sambou, Naomi, Jean Bernard et tant d’autres jeunes qui ne demandent qu’à être accompagnés. Aujourd’hui, ces garçons et filles sont au sommet de leur art. Jean Bernard vient d’être champion d’Afrique à Tunis. Il m’a impressionné. Quand il a gagné sa médaille, il est monté dans les tribunes avec le drapeau national et m’a dit «président celui que je viens de battre avait battu mon frère et j’avais juré que j’allais le venger». Et je trouve cela extraordinaire. Isabelle est en train d’accompagner «ses» enfants comme elle a l’habitude de le dire. Isabelle doit être accompagnée sur tous les plans pour terminer sa carrière en beauté. L’État est conscient de cette jeune fille qui a été 8 fois championne d’Afrique, qui est déjà championne du monde de beach wrestling dans sa catégorie et vice-championne du monde toutes catégories depuis 2011. Elle a été au bas du podium à Londres. Donc, elle n’a plus rien à prouver. Avant Rio, elle doit être mise dans les meilleures conditions et participer à des tournois internationaux pour, probablement, une médaille olympique au Brésil.
Le CNOSS a déjà attribué une bourse à Bineta Diédhiou pour mieux préparer les JO. Est-ce que la lutte va bénéficier d’une bourse ?
Je le pense même si je ne peux pas le dire avec exactitude. Quand nous avons terminé le championnat de Tunis, nous avons reçu les félicitations du Premier ministre, du Comité national olympique et le secrétaire général du comité nous avait demandé de nous rapprocher de lui pour les bourses olympiques afin d’accompagner les lutteurs.
Avez-vous déjà choisi le ou les athlètes qui vont en bénéficier ?
Le choix ne se fait pas mais c’est à l’athlète de le prouver. C’est l’occasion d’interpeller le ministère des Affaires étrangères pour que nos enfants puissent bénéficier de bourses et de stages de perfectionnement dans certains pays.
Quelles mesures ont été prises par rapport aux signatures de contrat qui se terminent souvent très tardivement ?
Nous allons prendre des décisions et cela va se faire de moins en moins pour des raisons de sécurité. Plus c’est tard plus il y a des risques. Sur ce combat Zoss / Gouye Gui, compte tenu du report du combat Tyson / Gris Bordeaux, le promoteur nous a demandé de faire un dernier face-à-face un peu contre nature (le face-à-face doit se tenir au plus tard une semaine avant le combat, ndlr).
Y aura-t-il une dérogation par rapport à la durée de cette saison ?
Oui, la fin de la saison est prévue le 31 août à cause de la Coupe du monde et des élections nationales.