‘’LA CRÉATION DE CHAMBRE D’AGRICULTURE INDÉPENDANTE N’EST PAS UNE BONNE IDÉE’’
SERIGNE MBOUP, PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE KAOLACK
Le président de la Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie de Kaolack n’est pas favorable à la mise en place d’une chambre nationale dédiée au secteur agricole. Pour Serigne Mboup, qui participait à la 52e édition du Salon international de l’agriculture (Sia) de Paris, la création de Chambre d’agriculture indépendante n’est pas une bonne idée. Pour rappel, les acteurs ont procédé ces dernières semaines dans les locaux de l’Institut de technologie alimentaire (Ita) au lancement du processus de mise en place d’une Chambre nationale d’agriculture.
En tant que président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Kaolack, vous êtes venu marquer de votre présence la 52e édition du Salon international de l’agriculture (Sia). Qu’avez-vous retenu de vos entretiens avec les partenaires ?
Le Salon international de l’agriculture est un moment d’échanges entre différentes entreprises et les partenaires économiques. Un grand nombre de représentants d’organisme institutionnel sont présents dans les stands. En tant qu’acteurs économiques, on se donne rendez-vous ici avec nos partenaires pour discuter et voir ce qui ce fait ailleurs.
Les discussions avec nos partenaires peuvent aboutir à des accords de partenariat. C’est pourquoi nous sommes là aujourd’hui. En ma qualité de président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Kaolack, je suis venu comme nombre de visiteurs marquer l’évènement.
Quel est le sentiment qui vous anime après avoir visité quelques stands ?
Le salon est une bonne initiative pour le monde rural. Je profite aussi de l’occasion pour encourager tous les exposants sénégalais qui sont présents pour nous montrer leur savoir-faire. Cette exposition me donne envie de voir le Sénégal organiser des salons de l’agriculture.
Nous devons penser à cela. L’Etat, les opérateurs économiques et l’ensemble des acteurs doivent se mettre au travail pour l’organisation de ces genres de rencontres chez nous.
Elle nécessite beaucoup de moyens certes, mais nous pouvons le faire. Cela va nous permettre de présenter les principaux produits tant au niveau du secteur agricole qu’au niveau des ressources animales et halieutiques. Je crois que cela peut beaucoup aider les agriculteurs qui n’ont pas les moyens de venir ici.
Devons-nous nous inspirer des avancées technologiques des autres pays pour améliorer les conditions des agriculteurs ?
C’est vrai que nous devons nous inspirer des avancées technologiques des autres pays, mais gardons ce que nous avons de plus cher. Je ne suis pas contre la modernisation du métier d’agriculture, mais il ne sert à rien d’importer du matériel agricole que nous ne pouvons pas réparer en cas de panne.
Nous parlons beaucoup d’autosuffisance en riz, mais il faut aussi penser à la mise en place d’usines de montage de matériels agricoles. C’est possible. Il faut faire comme les Chinois. Nous avons des usines de montage de véhicules, donc nous pouvons avoir des usines de montage de machines agricoles.
Il faut se donner les moyens d’atteindre ses objectifs et marquer notre empreinte.
Pourtant, d’aucuns invitent les agriculteurs sénégalais à s’inspirer des avancées technologiques afin d’améliorer leurs conditions...
Je pense qu’on peut imiter ce qui se fait ailleurs en matière de technologie, en propulsant les artisans locaux. Autant l’autosuffisance en riz doit être un objectif à atteindre comme l’ont décliné les autorités, mais nous ne pouvons plus nous focaliser uniquement sur les matériels agricoles venus d’ailleurs. Il faut faire la promotion du savoir-faire local.
Avec les artisans que nous avons au Sénégal, nous pouvons faire de bonnes choses. Nos artisans doivent se mettre au travail pour insérer dans leurs activités la fabrication de matériels agricoles adaptés à nos sols. Soutenons-les en leur donnant les moyens qu’il faut.
Ce sont des méthodes à explorer et à inventer pour que le matériel soit durable et accessible à tous. Ce n’est pas le même coût avec les machines qui proviennent des pays étrangers. Le matériel d’agriculture est trop cher.
A l’ouverture de cette présente édition du Salon international de l’agriculture, des acteurs ont émis le vœu relatif à la création de Chambre d’agriculture, indépendante de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas une bonne idée. L’agriculture, le commerce et l’industrie sont des domaines trop liés. L’un ne peut aller sans l’autre. Le problème fondamental de l’agriculture est la commercialisation. Donc si on extrait le volet agricole des Ccia, ce sera la catastrophe.