‘’LE PROJET AVANCE TIMIDEMENT’’
Abdoulaye Bibi Baldé, ministre de l’Environnement et du développement durable
En visite à la Grande muraille verte de Widou Thiengoli dans le Linguère, le ministre de l’Environnement et du développement durable y a officiellement lancé les activités de reboisement, pour matérialiser la détermination du Sénégal à jouer sa partition dans ce projet panafricain de construction d’une bande verte de 7 500 kilomètres de long sur 15 kilomètres de large. Mais pour Abdoulaye Bibi Baldé, l’état d’avancement du projet entamé en 2008 est très timide, malgré les milliards de francs qui y sont déjà investis.
Vous êtes venu lancer officiellement les activités de reboisement dans le périmètre de la Grande muraille verte, quelles sont vos premières impressions ?
Je pense qu’il faut renforcer et approfondir ce qui se fait aujourd’hui ici. Nous avons vu que si on compare les deux parcelles, la parcelle qui a commencé ses activités depuis 2008 et la parcelle d’à côté, nous voyons une nette différence en termes de biodiversité, de présence de beaucoup d’espèces surtout par rapport aux animaux.
Cela nous donne une idée beaucoup plus claire sur ce qui se fait. Je demandais tout à l’heure à notre collègue, un professeur d’université, est-ce qu’il y a des informations pertinentes, une masse critique d’informations qui nous permet de prendre un certain nombre de décisions en termes politique, voir comment réorienter les activités au sein de la Grande muraille verte ?
Effectivement des études aujourd’hui se mènent ici et c’est l’occasion de saluer la collaboration entre la Grande muraille verte et l’Université. Mais surtout saluer la présence des élèves et des étudiants.
On a invité aujourd’hui les jeunes de la Casamance pour aider ceux du Nord à reboiser, mais aussi à voir ici au Nord, l’état de la végétation, de la biodiversité, etc. L’idée est d’organiser cette chaîne de solidarité, afin de barrer la route au désert.
Il faut savoir que la forêt est une ressource renouvelable parce qu’on peut planter des arbres, les sauver et s’en occuper. Cela ne veut pas dire qu’il faut augmenter le rythme de déforestation. Mais, quand on coupe des arbres, on doit pouvoir en planter plus. On doit travailler, accroître nos efforts pour restaurer la biodiversité.
Etes-vous satisfait de l’état d’avancement de ce projet ?
Je pense que ce projet avance timidement. Je ne peux pas dire d’emblée que je suis satisfait, mais il y a des raisons d’espérer, parce que comparativement aux autres pays, nous sommes pionniers. C’est vrai, nous faisons beaucoup d’efforts aujourd’hui, nous sommes vers 127 km pour un objectif de 500 Km, qui concerne la tracée à l’intérieur du Sénégal.
Si on sait que d’autres pays ont 1 000 km à reboiser, à entretenir et qui ne sont même pas à 100 km ou à 20 Km, il y a des raisons d’espérer. C’est pourquoi, j’ai posé la question à un enseignant de l’Université qui intervient dans ce projet, pour savoir s’il y a des données scientifiques probantes.
Donc des données existent, ce n’est pas un leurre. La Grande muraille verte continue son bonhomme de chemin. Nous allons l’accompagner et le soutenir au bénéfice des populations. Parce que ce qui est visé, est de restaurer l’écosystème, préserver l’écosystème et surtout valoriser le potentiel des espèces qui existaient dans cette zone, notamment les espèces qui résistent à la sécheresse, mais aussi valoriser le potentiel agricole de la zone. Parce que c’est une zone qui n’est pas traditionnellement agricole.
Il y a un problème de moyens qui se pose pour la mise en œuvre de ce projet. En êtes-vous conscient et qu’est-ce que vous comptez faire ?
C’est vrai, nous sommes conscients des problèmes de moyens vu l’ampleur des besoins et les objectifs qui sont assez ambitieux. Effectivement, la Grande muraille verte a un problème de moyens, nous en sommes conscients, mais l’Etat l’a choisie pour un contrat de performance.
C’est à eux (responsables du projet) de nous dire, s’ils veulent atteindre tel objectif. Il faut ces quantités de moyens et nous dirons : «On peut faire ca, on peut ne pas faire ca.» Si nous sommes d’accord sur l’objectif fixe, nous mettons les moyens et on évalue après.
Ils sont sélectionnés pour bénéficier des contrats de performance, c’est à eux de travailler pour produire des résultats. Ce qui est sûr, c’est que si nous donnons des moyens, nous allons suivre aussi de façon rigoureuse le travail, pour voir quel est le rythme d’atteinte des objectifs fixés.