‘’L’APPEL DE DAKAR’’ SERA LANCÉ DEMAIN
CONTRE LES DÉTENTIONS ARBITRAIRES, LA VIOLATION DE LA PRÉSOMPTION D’INNOCENCE,...
L’Association Atangana contre l’oppression et l’arbitraire (Aacoa) soutenue par la Raddho, la Lsdh, la Sidh (Société internationale des droits humains) et l’Idhp de l’Ucad lancent «l’Appel de Dakar» demain dans la capitale sénégalaise. Cette initiative, née de la problématique découlant du cas Thierry Michel Atangana, vise à pousser l’Etat camerounais à appliquer les recommandations du groupe de travail de l’Onu relativement à ce dossier et les autres pays à respecter les Nations unies. Mais aussi à lutter contre les violations des droits humains.
L’Association Atangana contre l’oppression et l’arbitraire (Aacoa) ne compte pas rester les bras croisés pour que justice soit rendue à Thierry Michel Atangana. Mais audelà du cas Atangana, l’Aacoa veut obtenir des Etats qu’ils respectent l’Organisation des Nations unies (Onu).
C’est dans ce cadre que cette structure compte, en compagnie de quelques organisations des droits humains la Raddho, la Lsdh, la Sidh – et l’Institut des droits de l’Homme et de la paix de l’Ucad, lancer «l’Appel de Dakar» le jeudi 5 mars au siège du Haut commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies/Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest (Hcdh/Brao).
A travers «l’Appel de Dakar», ces organisations comptent exprimer leur détermination à «combattre toutes les formes de violation de la présomption d’innocence, les longues détentions préventives, la détention au secret, la torture sous toutes ses formes et combattre la détention arbitraire».
Et la présidente de l’Aacoa de soutenir avec conviction : «C’est un appel historique. Il ne vient pas de Londres, ni de Paris ou Washington ; il vient de Dakar.»
Pour Myriam Zaine, présidente de l’Aacoa, à travers «l’Appel de Dakar», sa structure et ses soutiens veulent amener les Etats à «respecter le droit international». Le prétexte de cet appel demeure la problématique née de l’affaire du Francocamerounais, Thierry Michel Atangana.
«Ce qui nous importe, c’est que l’Onu a parlé. Ses recommandations (relatives à l’affaire Atangana) doivent être respectées» par l’Etat camerounais. La Raddho, la Lsdh l’Idhp, l’Aacoa et la Sidh «exigent (donc) l’application stricte des recommandations du groupe de travail sur la détention arbitraire de l’Onu».
D’autant que «huit mois après l’exécution de la première recommandation de l’Onu (la libération), le Cameroun n’a toujours pas mis en œuvre les deux autres recommandations qui forment avec la première un tout. Ce non respect des recommandations de l’Onu constitue non seulement une violation de sa propre Constitution, mais également une dénégation du rôle de l’Onu. Article 1er alinéa 5 du décret n°2014/058 du 18 février 2014».
Il faut dire que dans ses avis, le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’Onu relevait : «La privation de liberté de Michel Thierry Atangana Abega, du 12 mai au 3 juillet 1997, décidée par les autorités judiciaires du Cameroun était arbitraire et relevait des catégories I, II et III des critères applicables à l’examen des affaires soumises au groupe de travail. Sa privation de liberté à partir du 4 juillet 1997 est arbitraire et relève des catégories II et III des critères applicables à l’examen des affaires soumises au groupe de travail».
Le groupe de travail, dans ses recommandations, attendait du gouvernement camerounais qu’il procédât «à la libération immédiate de M. Atangana». Il recommandait aussi «(...) au gouvernement d’enquêter sur les faits et de sanctionner les personnes responsables de la privation de liberté de M. Atangana».
En outre, l’Onu demandait «au gouvernement de verser à M. Atangana une indemnisation pour les préjudices causés par sa privation de liberté depuis le 12 mai 1997».
Pour les défenseurs des droits humains, qui vont procéder au lancement de «l’Appel de Dakar», «l’affaire Atangana est un cas d’école». Puisque, explique Mme Myriam Zaine, «on n’(y) est pas dans une procédure normale». D’autant que le Franco-camerounais était poursuivi pour «détournement de deniers publics» alors que les fonds incriminés sont privés.
Scandalisés par la démarche du Cameroun,
La présidente de l’Acoa ne s’explique pas toujours l’attitude du Président Paul Biya dans ce dossier Atangana, au terme des recommandations du groupe de travail de l’Onu. Cette structure, indique Myriam Zaine, à l’issue de trois ans d’enquête minutieusement menée par une équipe de juges conduite par le magistrat sénégalais Malick Sow, en est arrivé à formuler un certain nombre de recommandations qui ont été remises à la Mission camerounaise auprès de l’Onu.
Celle-ci les avait remises à son tour, informe notre interlocutrice, à son gouvernement. Seulement, ce qui est étonnant, au regard de Mme Zaine, est que le chef de l’Etat camerounais ait attendu «15 jours après la publication du rapport (de l’Onu)» pour accorder «une remise de peine» à Thierry Michel Atanagana.
Aux yeux de Mme Zaine, ce dernier a «bénéficié» de la part du Président camerounais, Paul Biya, d’une «remise de peine» alors qu’«il n’est pas coupable».
Le département d’Etat sera saisi
A l’issue de cet «l’Appel de Dakar», renseigne-t-elle, le document sera envoyé au département d’Etat américain où ils seront reçus le mardi 10 mars prochain. L’acte qui sera posé à Dakar, demain, est donc une manière de «motiver» Washington via le département d’Etat pour qu’il s’engage aux côtés de l’Onu afin que ses recommandations soient appliquées par le gouvernement camerounais.
Les Etats-Unis constituent un des principaux espoirs de ces défenseurs des droits humains, qui déplorent la défection de la France, pays de Thierry Michel Atanga interpellé à premier titre par le traitement diligent de ce dossier.
«Que les EtatsUnis réagissent (dans cette affaire), c’est important ! Il faut que les Etats puissent voir qu’ils ne peuvent pas échapper à des recommandations de l’Onu.» Et Mme Zaine d’alerter encore : «Si on laisse les Etats faire un pied de nez à l’Onu, nous sommes foutus.»
Pour rappel, le Français d’origine camerounaise Thierry Michel Atangana a été libéré suite à la signature d’un décret présidentiel le lundi 24 février 2014 au Cameroun, après plus de dix-sept ans de détention. M. Atangana, qui a toujours nié les faits, était en prison depuis 1997, était accusé de détournement de fonds publics.
Il avait été condamné à deux reprises, la dernière fois en 2012 : 20 ans de prison. Une décision confirmée par la Cour suprême du Cameroun.