‘’NOUS ALLONS FAIRE NOTRE AUTOCRITIQUE’’
Babacar Niang, président Commission communication de la Conférence internationale sur la paix
Le président de la Commission communication de la Conférence internationale sur la paix, Babacar Niang, est revenu sur les enjeux de cette rencontre qui va réunir 500 personnes à Dakar. Cette importante réunion organisée par Ansarud’dîn du Sénégal, une organisation fondée par Cheikh Al Islam, aura lieu mardi et mercredi prochains. Elle verra la participation de la Ummah islamique, du Sénégal, du Nigeria et du Mali. Le but est d’apporter la contribution de l’islam dans la construction de la paix dans le monde.
Vous organisez une conférence internationale sur la paix à Dakar à partir d’aujourd’hui et demain. Est-ce que vous pouvez revenir sur les enjeux de cette rencontre internationale ?
En fait, ce sera un peu la contribution de l’islam sur la construction de la paix dans le monde. Cette conférence sera organisée par Jamhiyatu Ansarud-dîn de Kaolack sous la bénédiction du Khalife général des Niassène, Baye Cheikh Ahmed Tidiane, et sous le parrainage du Président Macky Sall, du Roi Mohamed VI du Maroc et de Muhammadu Buhari du Nigeria.
Nous avons constaté que le monde est confronté à un problème de paix et de sécurité. Il n’y a pas de cohabitation pacifique entre les peuples, pas de dialogue entre les religions dans une certaine partie du globe.
On s’est dit qu’Ansarud’dîn a des membres au Nigeria, au Mali et au Sénégal. Au même moment, ces pays sont gagnés par l’insécurité. Au Mali, il y a Ansarud’dîn radical qui signe les attentats terroristes au nord. Boko haram sème la terreur au Nigeria.
Dans le monde arabe également avec le Printemps arabe, le sang a coulé à flots. Et nous avons pensé que les enseignements de Cheikh Ibrahima Niass, fondateur de cette organisation, avec l’ensemble de ses fils et de la Ummah peuvent jouer un rôle dans la recherche de paix en s’appuyant sur les principes de l’islam.
Cheikh Al Ibrahima avait recommandé à ses disciples la prière en temps de guerre et c’est ce modèle que nous voulons nous aussi servir à nos frères aujourd’hui. L’extrémisme existe dans toutes les religions. Ce n’est pas seulement dans la religion musulmane qu’on trouve des extrémistes.
Les principes de l’islam ne recommandent pas à leurs disciples de tuer son prochain. Ce sont là autant de thèmes que nous allons débattre. Il n’y aura pas de tabou et tous les sujets seront mis sur la table pour chercher des solutions.
On a l’impression que vous êtes en train de convaincre les Occidentaux du fait que l’islam n’est pas une religion de violence. Ne pensez-vous pas que c’est plutôt aux jeunes, qui risquent d’être embarqués par les groupes terroristes, qu’il faut s’adresser en prêchant la paix ?
D’abord, nous allons faire notre autocritique. On ne peut pas à chaque fois accuser les Occidentaux. On ne s’adresse pas aux Occidentaux. On va parler d’abord aux musulmans. Nous allons par des exemples concrets et Hadiths tirés du Coran et des enseignements prophétiques dire aux terroristes que l’islam ne fonde pas leur conviction qui consiste à tuer leurs prochains.
Cheikh Al Islam avait des divergences avec des grands de ce monde comme Nixon, le défunt Président des Etats-Unis. Il critiquait sa vision, surtout concernant celle qu’il avait du monde arabe. Mais quand les astronautes américains ont atteint la lune, il avait écrit une lettre au Président Nixon pour le féliciter de cette importante découverte et féliciter le Peuple américain. Et nous voulons réactualiser ce discours du Cheikh et enseigner la tolérance entre les religions et les Peuples.
Dans votre conférence, est-ce qu’il y a une place pour les jeunes Africains qui risquent d’être embarqués par les groupes terroristes qui menacent la sous région comme ce qu’on a vu au Nigeria avec Boko haram ?
Il y aura une table ronde qui va se faire sur la pensée pacifique du Cheikh avec 6 sessions. Et parmi ces sessions, il y aura un panel sur le thème «La jeunesse, vecteur de paix». Nous savons ce que la jeunesse représente dans ce monde.
Parmi les panélistes figurent un Marocain, un Sénégalais vivant aux Etats-Unis, un ministre marocain, un fils de Cheikh Al Islam et aussi des jeunes qui vont porter des messages de paix. Ces panélistes vont parler au nom des jeunes pour que le message passe bien et atteigne la cible jeune.
Vous allez recevoir 500 personnes. Où est-ce que vous allez trouver les moyens pour leur prise en charge ?
Je ne vais pas vous dire où est-ce qu’on va aller chercher ces moyens. Mais je vais vous dire qu’Ansarud’dîn est une organisation créée par Cheikh Al Islam dans les années 60. Nous avons des talibés et chacun va mettre la main à la poche.
Le parrain, Macky Sall, s’est engagé à payer des billets de nos hôtes. Il y a des contributions des disciples d’un peu partout. Le budget ce n’est pas de l’argent liquide à dépenser, mais la somme des efforts de chacun.
Cela ne vous gêne pas que des terroristes du Mali s’approprient le nom de votre organisation, Ansarud’dîn, et commettent des attentats ?
Cela nous gêne énormément, mais on s’est dit que cette conférence sera l’occasion d’apporter des précisions. Déjà quand on entend dire qu’Ansarud’dîn est en train d’organiser une conférence sur la paix, des gens se demandent de quel Ansarud’dîn il s’agit. Mais les gens sauront à travers cette conférence les visées de chacun et je pense que la différence va vite se faire.
N’envisagez-vous pas de changer de nom ?
A un moment, on avait pensé à changer de nom. Mais on s’est dit après est-ce qu’un autre groupe ne va pas encore usurper le nom. Donc, on a choisi de garder le nom et de travailler à ce que les gens fassent la part des choses.