ALAIN GOMIS ET LE SENEGAL ENTRENT EN CAMPAGNE
OSCARS DU CINEMA 2018
La campagne pour les Oscars a officiellement commencé hier, lundi 16 octobre à la Maison de la Presse, avec la conférence de presse du réalisateur Alain Gomis, dont le film «Félicité» représentera le Sénégal à la 90ème Cérémonie des oscars, le 4 mars prochain aux Etats-Unis. Le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, plutôt optimiste, a appelé à mobiliser un peu tout le monde : universitaires, critiques de cinéma, intellectuels, chanteurs, diplomates, autorités, etc. Les élites, oui mais pas que…Pour Alain Gomis, il faudrait (aussi) une «adhésion populaire», parce que «Félicité» est un film de «gens simples».
Avant le très officiel communiqué de la direction de la Cinématographie, il y a bien eu ce post, sur le compte Facebook du film «Félicité», où l’on annonçait que le long métrage à succès du réalisateur Alain Gomis allait aux Oscars, l’une des plus belles récompenses-cinéma au monde, pour y représenter le Sénégal. «Félicité» est l’un des 92 films en compétition pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
La 90ème Cérémonie des Oscars est prévue pour le 4 mars 2018 à Los Angeles, même si, faut-il préciser, la liste des «films nominés» sera dévoilée le 23 janvier prochain. En conférence de presse hier, lundi 16 octobre à la Maison de la Presse, le ministre de la Culture a tout simplement appelé à la «mobilisation», comme au football, ou presque, lorsque l’ «équipe nationale» est impliquée, laissant tout de même entendre que dans des manifestations comme celle-là, il ne suffisait pas d’avoir un bon film à défendre : il y a tout un «travail» derrière.
Abdou Latif Coulibaly, qui s’est plus ou moins interdit de parler de «lobbying», a quelques idées en tête : mettre à contribution des personnalités comme les Pr Souleymane Bachir Diagne et Mamadou Diouf, de l’Université new-yorkaise de Columbia, le Pr Maguèye Kassé, critique de cinéma reconnu. Ou alors des noms comme Youssou Ndour, Baaba Maal ou encore Coumba Gawlo Seck, Didier Awadi. Akon, etc. Autrement dit des «voix autorisées», pour porter le projet.
Alain Gomis et son producteur Oumar Sall ont un programme plus ou moins précis, qui sera donc appuyé par le Gouvernement sénégalais : «Une communication à plusieurs têtes» disait le réalisateur de «Félicité» : des «projections aux Etats-Unis la semaine prochaine», histoire de toucher «la communauté afro-américaine et les principaux votants. Nous avons aussi besoin, ajoutera Alain Gomis, du soutien de la représentation diplomatique sénégalaise, des autorités qui sont sur place, de la communauté.»
Avec quel budget ? Le réalisateur ne sait pas encore, et ignore tout de ce que l’Etat du Sénégal va bien pouvoir mettre sur la table. Au cours de la conférence de presse d’hier, le cinéaste a justement interpellé le ministre de la Culture à ce sujet : un clin d’œil, avec humour…En guise de réponse, Abdou Latif Coulibaly s’est montré assez vague, sinon très prudent : «Je vais vous apporter mon soutien total. (…) Le soutien du Gouvernement sénégalais sera décisif et il sera là.»
Le ministre de la Culture a aussi profité de cette rencontre avec les journalistes, pour annoncer que «Félicité», le film, passera le 9 décembre prochain au Grand Théâtre National, en même temps que la très «décisive» projection du long métrage d’Alain Gomis aux Etats-Unis. En plus de cet autre-rendez-vous, sine die pour l’instant, où les officiels, «les grandes autorités de ce pays», ministres et députés, auront donc l’occasion de voir ou de revoir le film.
Alain Gomis a tout de même insisté sur ce point-là : que cette mobilisation ne soit pas la seule affaire des élites, des «personnalités» et des «universitaires» parce que, dira-t-il, il ne faudrait pas perdre de vue que «Félicité» est un film «de gens simples», des personnes de «la vie de tous les jours». Histoire d’en faire une «adhésion populaire».
Au cours de cette conférence de presse, on a entendu un ministre de la Culture plutôt optimiste : de toute l’histoire des Oscars du cinéma, «seuls 9 films africains sont allés en finale, et espérons qu’un film sénégalais (Félicité en l’occurrence, Ndlr) arrivera en finale, et qu’il remportera le prix». Histoire de «démentir » cette «règle» qui voudrait que les Africains n’aillent pas très loin aux Oscars. «Je ne suis pas un devin, mais il y a quelque chose qui me dit que cette fois-ci, nous allons démentir la règle. Il y aura une exception.» Puis cette phrase-là : «Il n’y a pas d’objectif intermédiaire : nous voulons gagner».
Le cinéaste Souleymane Cissé au Collège des Oscars
Le cinéaste malien Souleymane Cissé, double Etalon d’Or au Fespaco, avant Alain Gomis, est l’un des 8 nouveaux membres «africains, ou d’origine africaine», du Collège des Oscars.
Candidature d’Aminata Sow Fall au Nobel de Littérature
Le Pen Sénégal, branche locale de l’association internationale du même nom, qui regroupe des écrivains, essayistes et nouvellistes, «a proposé la candidature» de la romancière Aminata Sow Fall au Nobel de Littérature. Le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, l’a annoncé hier, lundi 16 octobre, au cours d’une conférence de presse avec le réalisateur Alain Gomis, son producteur Oumar Sall (Cinékap) et la direction de la Cinématographie.
Remboursement des artistes du Fesman : le ministre s’engage
«Des mesures très fortes ont été engagées dans le budget qui sera voté au plus tard en fin décembre : des allocations, des ressources assez conséquentes, pour le développement d’une production musicale de qualité, mais aussi pour le respect et la valorisation des droits des artistes, à travers la Sodav (la Sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins, Ndlr, que l’Etat a décidé de soutenir avec un montant d’un milliard de francs CFA), et la prise en compte des droits qui étaient dus aux artistes pendant le Fesman (le Festival mondial des arts nègres 2010, Ndlr), d’un montant global de 400 millions de francs CFA.»
275 millions de francs CFA pour des salles de cinéma
«Le Gouvernement, à travers le Fopica, a mobilisé 275 millions de francs CFA» pour la rénovation (prévue) des salles de cinéma Médina, Bada Ciné, Christa, et le Vox de Ziguinchor. Sur la base d’un «partenariat public-privé», selon le ministre de la Culture, qui précise que ce ne sera là qu’un «début».