CE N’EST PAS FINI...
CONTENTIEUX DAKAR-PLATEAU/ DIRECTION DE LA CINEMATOGRAPHIE
En début de semaine, le directeur de la Cinématographie, Hugues Diaz, protestait contre le «forcing» du Maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, qui se serait approprié les anciens locaux du Service d’hygiène, invoquant à ce sujet l’Acte 3 de la décentralisation. A la direction de la Cinématographie, l’argument ne passe pas : les locaux nous ont été octroyés en 2008, dit-on. Hier, jeudi 16 mars, un communiqué de la direction de la Cinématographie nous informait que «le Maire et ses nervis (avaient) fait une descente musclée sur les lieux».
Nous vous parlions, en début de semaine, de ce contentieux entre la Direction de la Cinématographie et la mairie de Dakar-Plateau, au sujet des anciens locaux du Service d’Hygiène, «octroyés» en 2008, par le président Abdoulaye Wade, à la «communauté cinématographique du Sénégal», qui devait en faire son Centre de production cinématographique et audiovisuelle. Ce lundi 13 mars, la Direction de la Cinématographie et un certain nombre de cinéastes s’étaient d’ailleurs retrouvés juste à l’entrée du bâtiment, dénonçant ce que Hugues Diaz, le directeur de la Cinématographie, avait appelé le «forcing» du Maire de Dakar-Plateau.
On reproche surtout à Alioune Ndoye, de s’être montré «trop pressé», et de n’avoir pas hésité à «détruire des véhicules appartenant à l’Etat»…Alors que, selon les explications de Hugues Diaz, et si l’on se fie à ce document du 14 août 2012, les anciens locaux du Service d’Hygiène lui ont été affectés par la direction de la gestion du patrimoine bâti. Non, dit Alioune Ndoye, qui se serait montré catégorique là-dessus : ces locaux lui ont été affectés par l’Acte 3 de la décentralisation.
Dans le communiqué qui nous est parvenu, hier, jeudi 16 mars, Hugues Diaz informe que dans la matinée de ce 14 mars, autrement dit le lendemain du fameux rassemblement, «le Maire et ses nervis ont fait une descente musclée sur les lieux, détruisant tout sur leur passage». On parle entre autres de «portes fracassées».
Hier, au téléphone, le directeur de la Cinématographie nous expliquait que les agents de sécurité lui ont «signalé» que des agents de Dakar-Plateau étaient venus «en masse» dans les anciens locaux du Service d’Hygiène, où ils s’en étaient pris au «mobilier du poste de sécurité». «Hier, dit encore Hugues Diaz, j’ai demandé aux forces de sécurité de quitter les lieux», histoire de ne pas s’exposer.
«Affecté pour de bon ou… ?»
Le directeur de la Cinématographie, qui s’en est ouvert, nous a-t-il confié, au ministre de la Culture et de la Communication, s’est aussi rapproché de l’agence du patrimoine bâti de l’Etat, dont le directeur, actuellement en voyage, ne devrait rentrer qu’en «début de semaine prochaine». En attendant, Hugues Diaz a surtout besoin d’être fixé : «Qu’on nous dise ce qu’il en est. Ce bâtiment nous est-il affecté pour de bon», ou pas ? En attendant toujours, l’homme, qui s’interroge sur «le degré de patriotisme» du Maire de Dakar-Plateau, dit avoir beaucoup de mal à «comprendre que l’on puisse saccager» des biens appartenant à l’Etat, «même quand on est dans son droit».
On rappellera, dans cette histoire, les réserves émises par le Dg de l’agence du patrimoine bâti de l’Etat, dans cette correspondance adressée le 27 janvier dernier au Préfet de Dakar, Serigne Babacar Kane : «Par lettre n° 00945/ PR/ SG/DGPB/DPI, la Direction de la Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat affectait les locaux de l’ex Service régional d’Hygiène à la Direction du Centre Technique de Production cinématographique et audiovisuelle pour abriter le dit centre. Cependant la Mairie de Dakar-Plateau s’était opposée à l’exécution du projet, informant que ce patrimoine est dévolu à la Commune de Dakar-Plateau qui aurait un projet de construction d’un centre de santé sur ce site. (..) J’ai été informé que la Mairie de Dakar-Plateau a démarré la clôture du site en vue de démarrer des travaux. Je vous saurais gré, lit-on à la fin du document, de bien faire prendre les dispositions nécessaires pour l’arrêt de ces travaux en attendant qu’un dénouement soit trouvé à ce problème».
Nous avons tenté de joindre Alioune Ndoye, en appelant d’abord à la Mairie de Dakar-Plateau, où le téléphone a malheureusement sonné dans le vide. Quant à Alioune Ndoye lui-même, nos coups de fil sur son téléphone portable sont restés sans réponse, idem pour ce sms où nous lui expliquions pourquoi la rédaction de Sud Quotidien cherchait à le joindre.
En bref…
5ème édition du Mois du Cinéma au Féminin
Au menu de la 5ème édition du Mois du Cinéma au Féminin, organisée par l’Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc), la projection, ce samedi 18 mars, de deux courts métrages, tous deux signés par des réalisatrices sénégalaises : «Une Africaine sur Seine», de Ndèye Maram Guèye, et «La Promesse», de Fatou Touré Ndiaye, en compétition officielle lors de la toute dernière édition du Fespaco.
Au-delà de la projection en tant que telle, prévue ce samedi 18 mars à 16h30 au Raw Material Company, ce sera l’occasion, pour les deux réalisatrices, de parler, avec le public et les critiques, de leur démarche et de leurs choix esthétiques.
L’autre date à retenir pour ce Mois du Cinéma au Féminin, c’est le 25 mars prochain, même heure, même endroit, avec cette conférence sur le thème : «La représentation de la femme dans le cinéma sénégalais». Pour en parler, le critique de cinéma Maguèye Kassé, enseignant au département de Langues et civilisations germaniques de l’Ucad, le journaliste et critique de cinéma Baba Diop et la cinéaste et photographe Fatou Kandé Senghor. Dans le rôle de la modératrice, la journaliste Oumy Régina Sambou de la radio Sud Fm.
Initié en 2012 par l’Ascc, le Mois du Cinéma au Féminin «vise à mettre en lumière les femmes présentes dans le cinéma sénégalais» ou africain, «qu’elles soient réalisatrices ou techniciennes». Sans oublier que c’est aussi l’occasion, pour le public, d’avoir accès à certains films.
Parmi les précédentes invitées de ce Mois du Cinéma au Féminin, on citera les réalisatrices Mariama Sylla Faye, Khardiata Pouye, Laurence Attali, Khady Diédhiou, Khady Sylla (décédée en 2013), et la costumière Oumou Sy.