«IL N’Y A PAS DE NEGOCIATIONS AVEC LE MFDC, C’EST DU BLUFF»
JEAN MARIE FRANÇOIS BIAGUI SUR LA PAIX EN CASAMANCE
Jean Marie François Biagui a tenu hier la séance de dédicace de ses deux livres : « Mademba n’est pas un natif du terroir. Et alors ? un plaidoyer contre l’autochtonie» et « avis de décès : le mensonge est mort en Casamance». Les deux ouvrages revisitent l’historique du conflit et proposent des pistes de réflexion sur une autonomie de la Casamance. L’ancien secrétaire général du mouvement des Forces démocratiques de Casamance (Mfdc) a profité de l’occasion pour dénoncer les négociations entre le gouvernement et le chef rebelle Salif Sadio sous l’égide de la congrégation Sant’ Egidio. il invite à un retour à la case départ sur la base des accords de 2004 pour parvenir à la paix.
L’ancien secrétaire général du Mfdc a pris sa plume pour faire la genèse de la crise en Casamance et revenir sur les écueils qui retardent l’instauration de la paix au Sud du pays. Jean Marie François Biagui raconte ainsi les crépitements des armes et brocarde le Gouvernement qui a entamé des négociations sans César Atoub Badiate qui, d’après lui, est plus représentatif dans le maquis. «Il n’y a pas de négociations avec le Mfdc. C’est du bluff. Quand on décide de négocier avec Salif Sadio qui ne représente que 10% de la rébellion, on ne peut pas appeler ça négocier. Il n’occupe aucun territoire à l’intérieur du Sénégal», a dit Jean Marie François Biagui en marge de la cérémonie de dédicace hier. En clair, le président du Mouvement pour le Fédéralisme et la démocratie constitutionnelle (Mfdc Fédéralisme) réclame le retour aux accords de 2004 comme document de base. «Le Gouvernement ne fait pas de la résolution du conflit, une priorité. Il n’a jamais approché l’aile majoritaire du Mouvement pour dire comment négocier. Nous voulons un retour des négociations sur la base des accords de 2004. Un processus qui était conduit par Macky Sall alors ministre de l’Intérieur. Ce document nous permettra d’arriver à un accord définitif en Casamance», soutient-il.
Auparavant l’auteur du livre «Mademba n’est pas un natif du terroir. Et alors ? Un plaidoyer contre l’autochtonie» a décliné son plan de sortie de crise. Une initiative qui passe d’après lui par l’autonomie de la Casamance qui est un voeu des populations « qui ne veulent ni de l’Indépendance, ni du statu quo». Ce qui a fait dire au présentateur Léopold Ndiaye que «l’auteur veut montrer à travers ce livre la nécessité d’aller vers l’autonomie des régions naturelles au Sénégal. Il veut permettre à chaque région sénégalaise de s’accomplir par elle-même et de se développer. Nous souhaitons mettre fin à l’Etat centralisé hérité du modèle colonial. A cet effet, l’érection d’entités juridiques autonomes dans les régions naturelles la (Casamance, le Ferlo, la Vallée, le Sine Saloum, le Sénégal Oriental….) constitue une voie de sortie de crise», renseigne Léopold Ndiaye écrivain qui a présenté le livre.
DES REGIONS AUTONOMES AU SEIN D’UN ETAT FEDERAL
Dans la même lancée, Jean Marie François Biagui avertit contre toute négligence dans le dossier casamançais. «Nous voulons éviter que d’autres populations prennent le même chemin que les Casamançais. Ces entités seraient dirigées par un gouvernement local et pourraient s’auto administrer», dit-il. Une proposition qu’il juge beaucoup plus adaptée que l’Acte III de la décentralisation du régime de Macky Sall. « L’Acte III est un plagiat des idées prônées par le Mfdc. Nous pensons que la réforme n’est pas allée aussi loin. Nous espérions qu’elle allait ériger de vraies entités avec de vrais moyens. Mais malheureusement ce n’est pas ce qui est fait», soutient-il. Toujours dans son ouvrage, l’ancien chef de l’aile politique du Mfdc invite les casamançais à ne pas tomber dans la xénophobie. « Cette oeuvre se veut aussi un pamphlet contre l’autochtonie. Une attitude qui est le fait de se réclamer du terroir et être le seul à s’y prévaloir. Je veux rappeler l’importance du cosmopolitisme et du brassage culturel qui sont caractéristiques de la Casamance», argue-t-il. Quant au second ouvrage : «Avis de Décès : le mensonge est mort en Casamance», l’auteur revisite la vie du chef rebelle Sidy Badji, fondateur de Atika, la branche armée du mouvement. «J’ai voulu lancer une vision prospective sur la crise en Casamance. Un conflit qui est né d’un mensonge. Quand les populations ont manifesté en 1982 pour réclamer des écoles et des dispensaires, l’armée a tiré sur elles. Donc on a décidé de prendre le maquis. D’une certaine manière, on est devenu indépendantiste par la force des choses», conclut-il