JE N’AI PAS L’HABITUDE DE LANCER DES PIERRES AU GOUVERNEMENT, MAIS IL Y A PROBLEME
KHALIFA DRAME, PRESIDENT DU FESTIVAL «KOOM-KOOM» SUR LA CALEBASSE
Artiste–designer de profession, Khalifa Dramé est aussi acteur, promoteur culturel et administrateur d’une agence de voyage et de tourisme, et non moins initiateur du Festival Koom-Koom sur la Calebasse. En prélude à la 8e édition de ce grand rendez-vous socio-économique et culturel, prévu du 17 au 20 décembre à Ziguinchor, avec plusieurs nouveautés, le président dudit festival se désole de l’attitude de certaines autorités. Il a aussi fustigé l’indifférence de la mairie de Ziguinchor.
La région de Ziguinchor se prépare activement à accueillir la 8e édition du Festival Koom-Koom sur la Calebasse, prévue du 17 au 20 décembre prochain, avec un focus sur le tourisme. «Cette année, le focus, c’est le tourisme. Le président de la République a pris des engagements fermes pour les dix ans qui vont arriver, mais également l’Organisation mondiale du tourisme continue de fournir de très belles statistiques pour les pays à vocation culturelle. Et la Casamance est également un terreau fertile de culture. Je pense que ces éléments réunis font que l’enrichissement du tourisme passera nécessairement par la culture, surtout en Casamance», selon Khalifa Dramé, président du Gie Goorgorlou et initiateur du Festival Koom-Koom.
Sur le choix du tourisme dans la consolidation de la paix en Casamance, le promoteur culturel de dire : «Vous savez, déjà le touriste, celui qui se déplace, il veut être sécurisé. Il va dans un endroit où il n’y a pas de guerre, où il n’y a pas de problème, où il n’y a pas de tension. Ça c’est la première sécurité. C’est-à-dire que tourisme et sécurité sont déjà des choses qui sont liées». «Ça également, c’est une brèche entre tourisme et paix. Finalement, nous pensons que le secteur du tourisme peut contribuer très largement au développement de la région et à asseoir définitivement cette paix que nous sommes en train de rechercher depuis des années».
Mettant au cœur de leurs activités le tourisme, la culture, l’agriculture… dans la consolidation de la paix et le développement socio-économique de la Casamance, les organisateurs du festival se désolent cependant du manque d’attention de certaines autorités chargées d’assurer le suivi, malgré les instructions du chef de l’Etat et de son Premier ministre. «Il se trouve qu’ici, on ne répond pas facilement aux courriers. J’étais très content quand le chef de l’Etat a dit qu’il allait faire de ça une priorité, qu’il faudrait que l’administration respecte les usagers. Mais jusque-là, il y a encore des problèmes dans ce sens. Vous saisissez des ministères, ils ne vous répondent pas. Vous continuez à les relancer c’est sans suite. Et quand va venir décembre, les gens vont vous dire, malheureusement le budget est épuisé. Il faudra attendre, donc c’est un éternel commencement», a déploré Khalifa Dramé.
Accompagnement du gouvernement
Pour ce qui est de cette édition, fortement attendue par les populations du Sud et des pays limitrophes, il informe : «Ce qui s’est passé cette année, c’est que le chef de l’Etat lui-même, par le biais de son directeur de Cabinet, ainsi que son Premier ministre, ont saisi l’ensemble des ministères qui sont concernés par ce produit, mais là également c’est mystère. Nous avons fait des séances de travail avec des ministères, mais jusque-là ça ne répond pas. Nous ne savons pas pourquoi ça bloque. Alors, moi, je n’ai pas l’habitude de lancer des pierres sur l’Etat, le gouvernement, mais il y a problème».
L’artiste-designer et initiateur de ce grand événement socio-économique et culturel de la région Sud invite les différents services de l’Etat à soutenir de façon efficace les engagements du chef de l’Etat. «Je voudrais que, quand un gouvernement prend des décisions et qu’il y a des gens qui sont là pour accompagner, que cela se fasse. Car la meilleure des choses, c’est de leur tendre la perche, puisque ce que nous sommes en train de faire, on ne peut pas le faire en dehors de l’Etat, c’est un partenaire stratégique. Malheureusement, jusqu’au moment où je vous parle, ce sont encore des privés qui réagissent. Mais au niveau gouvernemental, ni le ministère de la Culture, ni le ministère du Tourisme surtout, puisque nous parlons de tourisme, de développement du tourisme et que le chef de l’Etat a pris des engagements, n’ont bougé. Nous n’arrivons même pas à rencontrer les responsables au ministère du Tourisme», se désole-t-il.
L’indifférence de la municipalité de Ziguinchor que dirige le député-maire Abdoulaye Baldé par rapport à ce festival,d’une importance capitale pour la ville, a été aussi une chose regrettable pour les organisateurs du l’événement. «Alors, c’est encore la commune de Ziguinchor qui pose problème. Et pourtant, ce que nous cherchons, c’est de faire un partenariat pour essayer d’apporter un développement dans la ville. Ils ont créé le Zig-Fest et ils ont pensé que c’est ce seul événement qu’il faut choisir. Alors qu’aujourd’hui, par rapport aux enjeux, aux objectifs et aux perspectives, la seule ville de Ziguinchor doit avoir au moins trois grands événements de qualité dans les six mois qui arrivent. Et puis après des événements satellitaires dans les terroirs et dans les départements».