L’ESPACE UEMOA SUR LE BON CHEMIN POUR RENTABILISER LA DISTRIBUTION…
PROBLEMATIQUE DE L'ECONOMIE DU CINEMA
Le «Clap Ivoire» dans sa 16e édition, le festival des jeunes réalisateurs de cinéma de la sous-région qu’abrite la Côte d’Ivoire, n'est pas seulement un rendez-vous de projections de films. C’est aussi, un cadre de formation des jeunes réalisateurs, ainsi qu’un espace de discussions avec des tablesrondes, débats…
Cet évènement sert également de cadre aux différents directeurs de la cinématographique de l'espace Uemoa (Union monétaire et économique Ouest Africaine) de se retrouver et de discuter de la problématique cinéma dans les différents pays de la sous-région. Directeur de la cinématographie du Sénégal, Hugues Diaz, estime ainsi qu’au terme des échanges qu’ils ont eus à Abidjan, il ressort que tous les problèmes liés à la production, à la co-production audiovisuelle, à l'exploitation et à la distribution audiovisuelles, qui sont des pans essentiels de l'économie du cinéma, ont pu être abordés. «On a pu voir, si on fait des films, comment les rentabiliser, comment faire pour que le cinéma ait un impact économique et social dans nos Etats respectifs. Je pense que c'est des problématiques assez importantes. Parce que le mal du cinéma africain, notamment de notre l'espace Uemoa, se trouve d'abord dans les problèmes liés au financement de la production», explique-t-il.
Pour M. Diaz, «après qu'on a eu à produire assez de films, il faut voir comment rentabiliser les circuits, le réseau de distribution, qui sont autant de problèmes, vu que la crise des salles s'est accentuée dans nos différents pays. Mais aujourd'hui, le défi, c'est de voir toutes les perspectives que cela peut aujourd'hui prévoir».
La question des salles de cinéma
A la question de savoir si au Sénégal on peut parler de l'existence de l'économie du cinéma, M. Diaz déclare : «On n'est sur ce chemin. Aujourd'hui, on voit que l'Etat met de l'argent pour ses productions. Il met un milliard, chaque année, depuis près 3 ans. C'est déjà un signal fort. Et pour le tout dernier appel à projets de 2016, nous nous sommes ouverts à des filières autres que la production. C’est l'exploitation, la distribution et bien sûr la formation qui est un élément important. C'est vous dire que nous avons un souci de la rentabilité de nos productions». Poursuivant sa réflexion, il ajoute: «Les gens diront qu'on n'a pas de salle de cinéma, mais il y a des méthodes, des moyens nouveaux d'exploiter une production cinématographique, notamment avec les chaînes de télévisions. Je pense que, aujourd'hui, l’idée c'est d'entreprendre des rencontres, des initiatives avec ces télévisions qui explosent avec la Tnt, pour qu'il y ait des prêts achats de contenu à l'intention des sociétés de production». «Je n'aime pas le terme salle de cinéma, souligne-t-il. Mais je dis des salles de diffusion cinématographique. Parce que même un hôtel peut montrer des films dans ses salles. Des centres culturels peuvent montrer des films… Et je pense qu'il y a des projets de construction d’infrastructure pour le cinéma avec des investisseurs sénégalais et étrangers qui vont permettre, dans ces deux années à venir, d'avoir des salles, des multiplexes dans notre capitale».
Pour sa part, Mme Diomandé, directrice du cinéma au ministère de la Culture de la Côte d'Ivoire, a fait savoir que l'économie du cinéma existe, mais à l'état embryonnaire. «Parce que, très tôt, nous avons
compris ce que le cinéma peut apporter à l'économie. C'est vrai que les statistiques ne peuvent pas être assez établies dans la mesure où beaucoup de gens biaisent cela. Mais les accords de coopérations, avec les financements qui sont mis en place, ont permis de s'en sortir», expliquet-elle, en notant que «la Côte d'Ivoire est sur la bonne voie. Puisque les acteurs et les productions ivoiriennes se produisent sur beaucoup de chaînes. Donc, on peut dire que nous sommes sur la bonne voie».
Dans la même foulée, Léonardo Ricardo de la Guinée-Bissau souligne: «La relève se fait. Mais, il y a une génération de réalisateurs dont les films n'ont pas parfois la qualité souhaitée. Et cela, juste parce que le budget n'est pas important ou encore parce qu’ils n'ont pas de producteur puissant pour accompagner».