NGONÉ NDOUR DÉCLINE SES AMBITIONS
Nouvelle Pca de la Sodav
Après Angèle Diabang, c'est autour d'une autre femme, Ngoné Ndour, de briguer la présidence du Conseil d'administration de la nouvelle Société du droit d'auteur et des droits voisins (Sodav). Elle a été élue hier par 11 voix contre 7 pour l'écrivain Seydou Sow. Sous son magistère, la Sodav "sera une société moderne", a-t-elle annoncé comme ambition.
Le Conseil d'administration de la Société du droit d'auteur et des droits voisins (Sodav) a une nouvelle présidente. Après la réalisatrice Angèle Diabang, c'est la productrice Ngoné Ndour qui siège au poste. Hier, elle a comptabilisé 11 voix sur les 28 votants, devançant l'écrivain Seydi Sow qui jusque-là a assuré l'intérim suite à la démission début septembre de Angèle Diabang.
"C'est une joie immense que j'éprouve, car ça fait plus de 17 ans que je me bats pour les artistes. Ce poste, je pense, est mérité, vu mon parcours", a déclaré Ngoné Ndour que nous avons jointe par téléphone. La nouvelle présidente du Conseil d'administration dit avoir l'ambition de faire de la Sodav "une société moderne dont le socle sera basé sur le numérique en vue de l'inscrire parmi les entreprises les plus rentables au Sénégal".
" Je veux continuer l'excellent travail qu'avait commencé Angèle Diabang", a également déclaré la patronne de Prince art qui insiste sur le fait qu'elle a "une vision moderne de la Sodav". "Elle sera basée sur l'efficacité. Il faudra plus d'argent, de créativité pour les artistes et les ayants droit. Les copies privées vont représenter un pourcentage important dans le chiffre d'affaires de la Sodav", a renchéri la sœurette de Youssou Ndour qui dit être consciente de la difficulté de la tâche qui l'incombe. Mais pour obtenir des résultats probants, Ngoné Ndour confie vouloir prendre son temps afin de mener à bien cette mission de modernisation. Son agenda est déjà prêt.
"Dans un premier temps, il faudra charmer le plus de monde pour les faire adhérer à la Sodav", a-t-elle dit. Ensuite, elle s'attaquera à cette pratique bien sénégalaise qui veut que les gens consomment des œuvres artistiques sans payer. "Il y a une mauvaise compréhension du statut de l'artiste. Les gens veulent consommer sans débourser de l'argent. Il faut que les Sénégalais comprennent que l'artiste doit vivre de son art. Cela doit les pousser à payer leurs œuvres même dans les manifestations publiques", a-t-elle poursuivi.
Des ambitions en bandoulière
Pour l'heure, le plus important pour la productrice de "Sen ptit galé" reste le quota de diffusion des œuvres locales. Son ambition est d'arriver à imposer, au moyen d'une loi, un taux fixe de diffusion des artistes locaux dans la programmation de nos radios et télévisions.
"Les grandes maisons de production s'intéressent de plus en plus à l'Afrique. Elles viennent faire la promotion de leur culture au détriment de la nôtre. Il faut que l'Etat nous aide en ce sens. Mais aussi, il faut instaurer un partenariat avec les diffuseurs", a-t-elle martelé pour expliquer l'importance du quota de diffusion. Toutefois, ce ne sera pas une mince affaire. "Si on travaille bien, on peut y arrivera. Je veux que la Sodav soit parmi les sociétés les plus respectées au Sénégal", a affirmé Ngoné Ndour.
Interpellée sur l'éventualité d'un conflit d'intérêts entre son poste de productrice, directrice artistique de Prince art et ses nouvelles fonctions de Pca de la Sodav, Ngoné Ndour mentionne n'y voir aucun conflit d'intérêts. "La Sodav s'occupe des droits des artistes. Pour exemple : on collecte de l'argent puis on le redistribue. Ce n'est pas nous qui disons tel doit avoir telle somme. C'est en fonction de l'utilisation de l'œuvre que l'artiste sera rémunéré. Cette mission n'a rien à voir avec mes activités à Prince art. Donc, il ne peut y avoir un conflit d'intérêts", s'est-elle défendue.
Ngoné Ndour, d'ordinaire réservée en public et souvent à l'abri des projecteurs, devra tout de même revoir ses habitudes. La présidente du Conseil d'administration aura l'obligation de rendre compte et justifier certains actes et décisions. Cela entraîne forcément à une exposition médiatique. La sœur du "Roi du mbalax" en a conscience. Et une chose est certaine, elle semble bien préparée pour faire face aux responsabilités qui l'attendent.