L'ÉTAT JOUE LA CARTE DE L'APAISEMENT
Affaire Assane Diouf
Contre toute attente, Assane Diouf, ce sénégalais qui avait été rapatrié des Etats-Unis a été libéré par la Justice sénégalaise qui l’avait mis aux arrêts dès son arrivée à Dakar ce mercredi.
Seydou Gueye porte-parole du Gouvernement parle de « décision souveraine de la Justice ».
Certes, il ne fait aucun doute que le Procureur n’a pas jugé nécessaire de déclencher l’action publique en vertu du principe de l’opportunité des poursuites, mais, dans une affaire pareille, on devine facilement qu’eu égard au lien ombilical qui lie le Parquet à la Chancellerie, la main des hautes autorités de l’État y est pour quelque chose.
En tout état de cause, cela a été une bonne décision dans le sillage de la clémence observée dans les affaires similaires comme celles de Penda Bâ, Amy Collé Dieng, Ouleye Mane.
Seydou Gueye qui évoque des pressions de toutes sortes et des demandes de clémence, reconnaît, en filigrane, que c’est le Président de la République qui a mis son véto sur l’ouverture d’une procédure jugée inopportune.
Car, qui cherche trouve et il n’était pas difficile de prouver qu’Assane Diouf avait fait des appels à des soulèvements et autres actions de ce genre.
Mais l’État sait que les injures contre le Président Sall et de hautes autorités ont été faites sur le territoire américain et ne sauraient faire l’objet de poursuites. Et l’apologie du terrorisme est un fourre-tout qui, s’ il était vraiment avéré, aurait nécessité, de la part des autorités américaines, des poursuites contre cet enfant de la banlieue de Dakar.
Donc, le dossier était parti pour être trop léger pour une accusation qui sait que la communauté internationale et surtout les Américains surveillent de très près cette affaire.
L’État a ainsi fait preuve de grandeur et de sens élevé de la responsabilité. C’est comme cela qu’on aime souvent le voir. Si en effet dés le début il avait ignoré l’activisme d’Assane Diouf, ce dernier n’aurait pas l’élan de solidarité observé. Car, la diaspora s’ est laissée convaincre que le Gouvernement du Sénégal les a taxés de potentiels terroristes, ce qui a été loin d’être le cas.
L’État a la force publique de coercition et la Justice entre ses mains. Cela n’empêche qu’il doit savoir reculer, faire des concessions.
La preuve, aujourd’hui, les proches d’Assane et y compris le Sénateur Mendy qui l’a déjà promis, ne vont plus le laisser se comporter ainsi. Son frère a présenté des excuses et c’est cela la vraie victoire pour les autorités.
Ce qui arrivé à cet émigré est déjà assez dramatique pour qu’il ne soit pas opportun d’en rajouter par un emprisonnement qui va révolter plus d’un même si personne n’a cautionné les injures.
Cependant, il faut que les Sénégalais de l’extérieur comme ceux qui sont restés au pays sachent faire preuve de retenue dans leur mode d’opposition au régime.
On peut ne pas être d’accord sur les politiques initiées par Macky et son équipe, mais il y a une façon républicaine de le faire savoir.
Si en effet note démocratie est loin d’être parfaite, elle permet néanmoins la libre expression des libertés. Certes, il faut savoir faire pression quand il le faut, mais avec la manière.
C’est pourquoi nous rêvons de voir un nouveau Assane Diouf, celui qui s’ inscrit dans une dynamique républicaine et responsable en menant le combat soit pour son retour rapide aux Etats-Unis soit pour son installation définitive dans son pays en y menant ses affaires ou pour tout autre bataille qu’il jugera nécessaire.