COMMENT LES INTERMEDIAIRES SUCENT LE SANG DES PRODUCTEURS AFFAMES
COMMERCIALISATION DES NOIX D’ANACARDE
La commercialisation de la noix d’anacarde, considérée comme le nouveau fleuron de l’économie dans cette partie sud du pays, après la faillite de l’arachide ces dernières années, connait de sérieux problèmes. Après l’absence de cadre administratif, les planteurs sont assujettis au diktat des intermédiaires et des indiens qui imposent le prix du kilogramme aux producteurs qui n’ont que leurs yeux pour pleurer.
L’anarchie et l’absence de cadre administratif pour assainir le secteur, font que la filière de l’anacarde ne nourrit plus son homme comme il se doit. En effet, les producteurs sont aux ordres des intermédiaires et des Indiens qui leur imposent le prix d’achat. Par conséquent, ils sont obligés de brader leurs productions à de vils prix, car n’ayant aucune autre alternative pour les écouler. «Chaque année, nous nous battons pour au moins avoir un prix acceptable, mais rien n’est fait dans ce sens», soutient Jules César Coly, trésorier général de l’Association des planteurs et producteurs du village de Kantène. « Les collecteurs deviennent de plus en plus riches et la situation des planteurs ne change pas. Ils sont toujours pauvres, malgré les tonnages qu’ils produisent chaque année», ajoute-t-il. « Ces collecteurs nous obligent à brader trois ou quatre tonnes d’anacarde à 300 ou 400 mille francs. Or, avec 400 Fcfa ou 600f le kilogramme, on peut se retrouver avec plus d’un million», se plaint-il.
De ce point de vue, M. Coly pense que la meilleure manière de contourner cette situation c’est de traiter directement avec les acteurs du secteur. «Nous ne voulons plus négocier avec les intermédiaires et nous souhaitons pour la prochaine campagne, traiter directement avec les acquéreurs », ajoute-t-il.
Très en colère contre les spéculateurs, M. Coly souligne que leur dignité est bafouée, car ne pouvant pas vivre de la sueur de leur front, à cause de ces personnes, qui, pour leurs intérêts crypto personnels, profitent du manque d’organisation de la filière de l’anacarde. Jules César Coly de révéler que nombreux sont les producteurs
qui ont mangé leur blé en herbe. Car depuis le début de l’hivernage, avec la période de soudure, des pères de famille, confrontés à des problèmes de dépense quotidienne, sont tenus à la gorge. Pour M. Coly, c’est le moment choisi par les intermédiaires qui descendent sur le terrain pour amadouer les populations confrontées à des problèmes de survie. « Ils donnent de l’argent à des producteurs qui sont dans le besoin moyennant des sacs de noix d’anacarde. «Les collecteurs viennent pendant l’hivernage et remettent de l’argent à des producteurs qui ont un besoin de liquidités pour nourrir leurs familles. Ils échangent 1.5 tonne de noix d’anacarde pour 100 mille francs. Il y en a qui proposent 10 mille Fcfa contre deux sacs d’anacarde. Alors que le kg peut monter jusqu’à 1200f comme durant cette présente campagne», di-il. Les producteurs interpellés sur la question pensent que l’Etat du Sénégal doit impérativement intervenir pour leur permettre de vivre pleinement de leur travail.