DES EXPERTS LISTENT LES DÉRIVES DANS LA GESTION D’AIR SENEGAL SA
"Nous voulons ainsi lancer cette vive alerte aux autorités nationales, les avertissant contre les dérives actuelles de l’équipe qui est aux commandes"
Les déclarations tenues par le directeur général d’Air Sénégal Sa, sur l’industrie aéronautique sénégalaise dans les colonnes du quotidien «Walf», ont révolté le Groupe d’Experts Sénégalais de l’industrie du transport aérien. Ces derniers assimilent la sortie de Philippe Bohn à une arrogance honteuse. Ils ont tenu hier une conférence de presse pour dénoncer la gestion nébuleuse de M. Bohn depuis son arrivée à la tête d’air Sénégal Sa
Dans une interview accordée au quotidien «Walf», le Dg d’Air Sénégal Sa, M. Philippe Bohn, a soutenu qu’il n’y a pas de compétences aéronautiques au Sénégal. Si c’était le cas, avait-il ajouté, «on n’aurait pas fait appel à une équipe internationale. (…) Il n’y a pas de culture de l’aéronautique au Sénégal (…). Il n’y a aucune entité sénégalaise capable de participer au financement des avions». Ces propos, selon un Groupe d’Experts sénégalais de l’industrie du transport aérien, traduit une arrogance honteuse pour quelqu’un qui a été choisi pour diriger la compagnie aérienne sénégalaise. Recadrant le Dg Philippe Bohn, les experts soutiennent : «depuis 1961, à la création de la compagnie multinationale Air Afrique qui était sous la férule de son 1er Président directeur général, notre compatriote Cheikh Fall, qui l’a dirigée jusqu’en 1973, de vastes chantiers ont permis de former des milliers de personnes, dont des centaines de Sénégalais, dans tous les secteurs du transport aérien, de la conduite des aéronefs à leur maintenance, en passant par le management des compagnies aériennes, l’exploitation, le commercial, entre autres. C’est cette expertise qui a permis à Air Afrique de jouer dans la cour des grands pendant 40 ans, toujours au fait des dernières avancées technologiques, en parfaite coopérative avec Uta, puis Air France».
Membre du Groupe d’experts, M. Mansour Diop trouve que c’est une ignorance coupable que de tenir de tels propos. «Dans cette expertise, tout le monde n’est pas au Sénégal. Aujourd’hui, beaucoup de ces experts sont aux commandes d’avions prestigieux, dans des compagnies prestigieuses à travers le monde. Donc dire qu’il n’y a pas de culture aéronautique au Sénégal relève d’une vraie ignorance». Depuis la nomination de M. Bohn en septembre 2017, se désole Mansour Diop, des dérives sont notées dans la gestion d’Air Sénégal SA. «D’abord, le Permis d’Exploitation Aérienne (Pea) composé de 5 phases a été obtenu dans des conditions peu orthodoxes. Les bonnes règles n’ont pas toujours été respectées, cela a été obtenu à l’arraché, avec des risques certains.
En plus de cela, une saignée financière de plus de 50 millions Usd a été notée depuis l’arrivée de cette nouvelle direction, et pas un seul franc en financement extérieur», révèle le sieur Diop. Face à toutes ces dérives, le Groupe d’Experts Sénégalais de l’Industrie du Transport Aérien tire la sonnette d’alarme. «Nous avons de réelles inquiétudes quand nous voyons comment Air Sénégal SA est en train d’être mise en l’air. C’est pourquoi, nous avons décidé de rassembler nos expertises pour apporter, dans les différents secteurs, une contribution qui sera mise à la disposition non seulement du gouvernement, mais également de l’équipe dirigeante d’Air Sénégal. Nous sommes conscients du droit dont disposent les autorités pour nommer des gens qui peuvent venir dalleurs. Mais dès l’instant que ces gens sont en place, notre devoir est d’apporter notre savoir-faire sous forme de contribution. Et c’est ce que nous voulons. Nous voulons ainsi lancer cette vive alerte aux autorités nationales, les avertissant contre les dérives actuelles de l’équipe qui est aux commandes. À terme, cela peut ruiner et plomber pour une 3ème fois le nouveau pavillon national, Air Sénégal Sa», prévient Mansour Diop.