KHOURAÏCHI THIAM EN APPEL POUR LAVER SON HONNEUR
PROCES EN DIFFAMATION SUR LES AUTORISATIONS DE PECHE EN 2011
L’ancien ministre de l’Economie maritime Khouraïchi Thiam tient à laver son honneur dans l’affaire de diffamation relative aux autorisations de pêche accordées aux navires russes en 2011. Devant la cour d’appel, hier, son conseil a sollicité l’infirmation du jugement d’instance avant de réclamer un milliard en guise de réparation. Les prévenus en l’occurrence Pape amadou Fall de la gazette et le patron de gaipes, Saër Seck relaxés par le premier juge seront édifiés le 29 mai prochain sur leur sort.
La décision d’instance relaxant les prévenus en l’occurrence Pape Amadou Fall, directeur de publication du magazine «La Gazette» et le président du groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes), Saër Seck dans cette affaire de diffamation est restée en travers de la gorge de Khouraichi Thiam, ancien ministre de la Pêche et de l’Economie maritime sous Wade. Le plaignant, par l’intermédiaire de son avocat Me Abdou Gningue avait interjeté appel pour solliciter infirmation dudit jugement. Du coup, cette affaire a, une fois de plus, été plaidée devant la Cour d’appel de Dakar avec la seule comparution du patron du Gaipes.
Tout est partie d’une interview du patron de Gaipes paru dans les colonnes du magazine La Gazette dans son numéro 227 du 9 au 16 janvier 2014 intitulée «Saër Seck réclame la tête de Khouraichi Thiam». Dans cet entretien, Saër Seck dénonce le pillage des eaux sénégalaises suite à des autorisations de pêche accordées à 40 navires russes destinées à la pêche de pélagiques au large des côtes sénégalaises, du Maroc à Guinée Bissau. En contre partie de ces autorisations, les russes, révèle Saër Seck, avaient proposé 110 dollars pour la tonne de poissons.
Seulement, se désole le patron du Gaipes, l’ancien ministre de l’Economie maritime Khouraichi Thiam ne s’est contenté que de 35 dollars la tonne, destinés au Trésor public. Surpris par cette différence, le président du Gaipes n’avait pas manqué d’interpeller le ministre Khouraichi Thiam sur le manque à gagner de l’Etat du Sénégal suite à l’accord de ces autorisations de pêche. Un manque à gagner de 85 à 95 dollars la tonne sur une quantité de production de 1,4 million de tonnes. Une importante manne financière, selon M. Seck passée à perte et profit pour l’Etat du Sénégal. C’est pourquoi, il a jugé nécessaire d’attirer l’attention des autorités et du peuple sénégalais.
Poursuivant, Saër Seck de rappeler que la loi ne prévoit pas d’autorisations de pêche, comme ce fut le cas avec Khouraichi Thiam, mais plutôt de licences de pêche. Mieux, ajoute-t-il, tout ce qu’il a dit est contenu dans le rapport de Green Peace et du rapport de l’inspection général d’Etat (Ige). L’Ige, selon son avocat Me Moussa Sarr avait demandé l’ouverture d’une information judiciaire contre l’ancien patron de l’Economie maritime pour ce manque à gagner causé à l’Etat du Sénégal.
Toutefois, la partie civile considère que le patron du groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal accuse l’ancien ministre d’avoir encaissé des dessous de table au détriment de l’Etat du Sénégal avec ce contrat signé avec les russes. Des accusations jugées «calomnieuses et diffamatoires», selon le conseil du plaignant, Me Abdou Gningue. Or, dit-il, c’est sur une décision de l’ancien président de la République que les autorisations ont été accordées. Ce qui lui fait dire que la seule assertion de dire que la différence entre le montant proposé et le montant encaissé sont passés comme dessous de table est un aveu de culpabilité. L’avocat a ainsi sollicité l’infirmation du jugement d’instance avant de solliciter un milliard en guise de dommages et intérêts. Cependant, la défense du journaliste de «La Gazette» et du patron du Gaipes a plaidé la confirmation du jugement rendu le 21 juillet 2015 qui avait relaxé les prévenus. Mieux, ce jugement estime la défense est définitif étant donné que le parquet n’a pas interjeté appel. Du coup, le juge d’appel ne peut que statuer sur les intérêts civils.
Selon Me Moussa Sarr, la bonne foi de son client est incontestable dans cette affaire. A l’en croire, son client n’a fait que reprendre le rapport de Green Peace et de l’Usaid. «Pourquoi l’ancien ministre n’a pas intenté des poursuites contre Green Peace et l’Usaid qui ont publié ce rapport», s’interroge Me Sarr. En tout état de cause, il estime que l’ancien ministre de l’Economie maritime est loin d’être un Parangon de la vertu, mais «un pilleur de la République». Il en veut pour preuve le rapport de l’Ige qui fait état d’un déficit de 13 milliards du Trésor public entre 2011 et 2012. L’avocat rappelle en outre que le chef de l’Etat Macky Sall avait dès son accession au pouvoir annulé ces autorisations de pêche signées avec les Russes. Délibéré le 29 mai prochain.