LA SOMMATION DE LA DOUANE QUI A MIS LE FEU AUX POUDRES
MENACES ET AGITATIONS DES TRANSITAIRES
La semaine dernière, l’Union sénégalaise des entreprises de transit et de transports agréés (Usetta) a accusé la Douane et le Trésor de vouloir plomber l’économie sénégalaise avec le scandale des quittances et la situation conflictuelle qui règne entre la Douane et le Gie Ngaindé 2000. Très surpris par cette sortie, des responsables de la Douane nous fait parvenir un document qui explique «les véritables raisons des agitations de ces transitaires» à qui la Douane somme de solder leurs dettes estimées à plusieurs centaines de millions avant 2016.
Les spécialistes en stratégies parleraient du patard mouillé. Lors d’une conférence tenue la semaine dernière, l’Union Sénégalaise des Entreprises de Transit et de Transport Agréés (Usetta) et Union Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal (Unacois) accusaient la Douane et le Trésor de vouloir plomber l’Economie du Sénégal.
Le vice-président de Usetta, Etienne Sarr, était d’avis qu’ «il y a un véritable scandale ayant trait aux quittances entre le Trésor et la Douane». Il dénonçait également une situation conflictuelle qui règne entre la Douane et le Gie Gaïndé 2000, ce qui a«engendré des taxes énormes et le refus de l’informatisation totale du circuit ». En réalité si l’on en croit la Douane, cette levée de boucliers s’explique par le fait que les gabelous ont servi, il y a quelques jours, à «des transitaires véreux» des sommations leur demandant de payer leurs dettes estimées à près d’un milliard.
Des responsables de l’Administration des Douanes que «L’As» a contactés, ont été surpris par les attaques. Ils ont tenu cependant à informer qu’ils n’ont aucun problème avec l’Unacois qui a été utilisée dans cette affaire par l’Usetta. Ces transitaires qui s’agitent, d’après nos informations, savent et ont reconnu qu’ils doivent des centaines de millions à l’Etat via les douanes. D’ailleurs, l’Usetta était en train de négocier avec la Douane et le Trésor pour définir les modalités paiement de ces importantes sommes d’argent. «Ces questions relatives au dépassement de crédits, chèques impayés, quittances sont évoquées durant toute l’année 2015.
Pas moins de 5 rencontres ont été convoquées entre les Douanes,l’Usetta et le Trésor», lit-on dans un communiqué du service de communication des Douanes.
«CES DIRIGEANTS SYNDICAUX SONT LES PRINCIPAUX AUTEURS DE DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS SUR LES QUITTANCES DU TRESOR…»
«Ces dirigeants syndicaux sont les principaux auteurs de dépassements de crédits, de chèques impayés et de détournement de deniers publics sur les quittances du Trésor», lâchent les douaniers dans un communiqué. Preuve à l’appui, le document renseigne que deux sociétés doivent près d’un milliard de francs Cfa au Trésor. La première entreprise doit 572.291.437 francs Cfa de montant de dépassement et
53.136.593 francs de montant de chèques impayés ; et la deuxième société de transit doit 16.769.152 de montant de dépassement et 216.947.467 de francs de montant de chèques impayés. Sur l’origine de cette dette, un responsable des Douanes d’expliquer que les transitaires ont des comptes virtuels à la Douane pour leur permettre de faire leur travail. Lors de la période de transition informatique avec le système Gaindé, des comptes ont été crédités par erreur et leurs responsables doivent donc de l’argent à la Douane.
Sur les agitations imprévisibles des transitaires, le responsable de la Douane d’indiquer qu’à la fin de chaque année, les transitaires doivent avoir leur quitus pour continuer à exercer et vu que des membres du bureau de l’Usetta doivent de l’argent, ils craignent de ne pas avoir leur quitus. Cependant, il tempère et fait savoir que leur objectif n’est pas de combattre les transitaires car ces derniers sont des partenaires
de la Douane. C’est ainsi que des solutions étaient en train d’être trouvées avant la sortie de l’association
des transitaires.
Par rapport à la situation conflictuelle entre la Douane et le Gie Gaïndé 2000 évoquée par l’Usetta, notre interlocuteur dément et rappelle que le Gie Gaindé 2000 travaille pour le compte de la Douane. «En effet, les motivations à la base de la création du GIE sont parfaitement claires et devraient faire de la société une valeur ajoutée certaine pour l’Administration des Douanes. Cette structure a permis la reconnaissance de l’expertise sénégalaise douanière au plan international. Dans cet ordre d’idées, le guichet unique Obus a été cédé au Burkina Faso et permet de gérer tout le processus de pré- dédouanement», lit-on dans le document de la Douane.
Sur les dysfonctionnements de GAINDE, la Douane reconnait que comme tout système informatique, «des problèmes techniques surgissent et c’est précisément le cas lors du passage de GAINDE classique à GAINDE». Il est indiqué que les dysfonctionnements informatiques proviennent de la fusion des crédits lors du passage de GAINDE classique à GAINDE intégral en 2011. «Il a été retenu de mettre les résiduels au négatif et de ne permettre aux commissionnaires en douane en situation de dépassement de travailler qu’à la condition d’un engagement selon des moratoires de paiement à respecter scrupuleusement», explique le communiqué de la Douane.