L'AFRIQUE INVITÉE À TRACER SA VOIE À LA TICAD VI
Couverture sanitaire universelle
Dakar, 24 août (APS) - Le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim a exhorté l’Afrique et ses partenaires à mettre à profit la sixième Conférence internationale de Tokyo (TICAD VI, 27-28 août) sur le développement africain pour baliser la voie dans l’optique de mettre en place un système de couverture sanitaire universelle.
"Cette semaine, à Nairobi, au Kenya, à l’occasion de la sixième Conférence internationale de Tokyo sur le développement africain, les pays africains et leurs partenaires doivent saisir cette occasion sans précédent de tracer la voie à suivre vers la mise en place d’un système de couverture sanitaire universelle (CSU)", écrit-il.
Cette initiative pilotée par le gouvernement japonais "est essentielle à la croissance et à la prospérité futures de l’Afrique", estime-t-il, dans une contribution intitulée "Afrique : la prospérité et la sécurité passent par un investissement dans la santé".
Il a promis que le Groupe de la Banque mondiale va annoncer, ce mercredi, "un engagement d’un montant de 15 milliards de dollars, étalé sur les cinq prochaines années, pour accélérer les progrès vers la mise en place d’une couverture de santé universelle en Afrique".
Pour Jom Kim Yong, "il existe un lien entre l’amélioration de la santé et des taux de survie -notamment parmi les mères et les enfants- et la croissance économique".
"Les preuves sont irréfutables : selon la Commission Lancet sur l’investissement dans la santé, les progrès accomplis en matière de survie contribuent de façon disproportionnée à la croissance économique de l’Afrique", affirme-t-il.
Il insiste sur l’effet positif de l’amélioration de la nutrition infantile et des activités d’éveil et d’apprentissage au profit des jeunes enfants sur les taux d’achèvement des études et sur les acquis scolaires. "En outre, d’après la commission, le rendement des investissements dans la couverture sanitaire universelle peut atteindre 10 pour 1", a-t-il relevé.
"Notre ralliement à la cause de la CSU doit commencer avant tout par une évaluation de la situation sanitaire actuelle en Afrique", continue le patron du Groupe de la Banque mondiale, selon qui "là où une accélération des progrès est possible et nécessaire, il est prioritaire de s’attaquer aux niveaux obstinément élevés de mortalité parmi les mères et les enfants ainsi qu’aux taux élevés de sous-nutrition".
Et de poursuivre : "Les combats que l’Afrique a menés courageusement et efficacement contre des maladies tropicales négligées telles que la dracunculose et la cécité des rivières, ainsi que les progrès fulgurants accomplis dans la lutte contre le paludisme et le VIH, sont de bons exemples de ce qu’il est possible de faire".
"Pour autant, rappelle-t-il, les récentes poussées épidémiques d’Ebola et de fièvre jaune, ainsi que les nouveaux cas de poliomyélite signalés au Nigéria, sont autant de signaux d’alarme qui nous rappellent que tous les pays ont la responsabilité de faire en sorte que leurs services de santé soient véritablement universels - en pratique et pas seulement en théorie".
Face au redoutable défi des besoins de santé, les dirigeants africains doivent mettre en œuvre d’ambitieuses réformes dans le domaine des services et des financements, préconise-t-il.
Selon lui, "la couverture universelle des services essentiels demande toutefois une transformation fondamentale du mode de financement des services de santé".
Il précise que "la CSU implique le passage du système de paiement à l’usage -qui pénalise les patients défavorisés et a appauvri plus de 11 millions d’Africains rien qu’en 2014- au système d’assurance maladie par cotisations qui protège les pauvres et donne aux malades un accès rapide aux services de santé".
"L’aide des bailleurs de fonds doit soutenir plus efficacement le développement de la CSU à l’échelle des pays. Grâce au Mécanisme de financement mondial, nous collaborons avec les autorités nationales pour doter leurs systèmes de santé de modèles de financement plus intelligents et durables à l’échelle appropriée".