LE BUDGET 2016
Le Sénégal gagne en autonomie et booste les investissements - Les explications du porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye
(SenePlus.Com, Dakar) - Le ministre délégué en charge du Budget, Birima Mangara, et le ministre auprès du Premier ministre porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, étaient face à la presse ce matin, vendredi 9 octobre, pour présenter le projet de budget 2016.
Ainsi les journalistes ont eu la primeur avant la présentation du texte à l’Assemblée nationale. Exercice inédit, rendu nécessaire, à en croire Seydou Guèye, par le souci du gouvernement de s’engager "dans une démarche de transparence, pour donner une plus grande lisibilité dans la gestion des finances publiques".
Le budget est passé de 2869,032 milliards de francs Cfa à 3022,398 milliards de francs Cfa. Ce qui représente une hausse de 153,358 milliards en valeur absolue et 5,43% en valeur relative.
Dans son discours liminaire face aux journalistes, le porte-parole du gouvernement a informé que 58% du budget seront mobilisés à partir des ressources internes tandis que l’extérieur ne contribuera que pour 42%. Une ambition qui cadre avec l’objectif fixé au gouvernement par le chef de l’État et rappelé par Seydou Guèye : "la conquête de notre souveraineté budgétaire".
34,67% du budget 2016 seront consacrés à l’investissement. Une part qui représente 1048 milliards de francs Cfa en valeur absolue, soit une hausse de 85,572 milliards par rapport à l’exercice précédent.
SenePlus vous propose l’intégralité du discours du porte-parole du gouvernement, qui fixe les contours de la loi des finances.
Je voudrais tout d’abord remercier la presse d’avoir accepté de répondre à notre invitation.
Ce point de presse que nous tenons aujourd’hui, avec mon Collègue chargé du budget, témoigne de la ferme volonté du Gouvernement d’informer en toute transparence les sénégalais ainsi que nos partenaires, afin qu’ils puissent saisir parfaitement la portée et le sens de son action.
L'exercice qui nous réunit ce matin revêt, vous en conviendrez avec moi, un symbole fort du fait de son caractère inédit.
En décidant de venir, devant la presse, avant le passage à l'Assemblée Nationale, pour présenter le projet de budget pour l'année à venir, le Gouvernement s’engage dans une démarche de transparence, pour donner une plus grande lisibilité dans la gestion des finances publiques.
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis d’ores et déjà de constater qu’hier, jeudi 08 octobre, l’essentiel des journaux ont titré sur l’adoption en Conseil des Ministres passé du projet de loi de finances pour l’année 2016.
Effectivement, le fait est rare pour passer inaperçu. Vous l’avez bien fait remarquer, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, le budget initial de l’Etat dépasse le cap des 3000 milliards de FCFA, pour atteindre 3022,398 milliards de FCFA contre 2869,032 milliards de FCFA dans la loi de finances initiale pour 2015, soit une hausse de 153,358 milliards en valeur absolue et 5,43% en valeur relative.
Pour vous donner une idée de ce volume de financement qui sera injecté l'année prochaine dans notre économie, je rappelle qu'en 1960, le budget du Sénégal était de 19 milliards de FCFA. En 2012, le budget initial s’élevait à 2344 milliards de FCFA, soit une progression en 2016 de 678,398 milliards en valeur relative et 28,94% en valeur relative.
Il s'agit là d'un bon à la fois qualitatif et quantitatif qui témoigne encore une fois de la bonne santé de notre économie et de la bonne tenue de nos finances publiques.
Evidemment, certains se posent la question de savoir comment ces 3022,398 milliards seront mobilisées, et si nous ne sommes pas entrain de nous endetter davantage, en compromettant l’avenir des générations futures.
Rassurez-vous. Le Chef de l’Etat a fixé au Gouvernement une ligne directrice, la conquête de notre souveraineté budgétaire. En effet, pour le budget d’investissement, 58 % des ressources internes lui sont consacrées contre 42% de ressources extérieures, alors que jusqu'en 2000, les proportions étaient inversées, soit seulement 22% de ressources internes et le reste, 78% provenait des ressources extérieures.
Aujourd'hui, nous empruntons moins qu'avant, grâce à la rigueur dans la gestion des finances publiques mais surtout à la stratégie de reprofilage de la dette mise en œuvre depuis 2012.
La dette va baisser de 2 milliards en 2016, de même que le service de la dette.
Mesdames, Messieurs,
Si le budget de 2014 et particulièrement celui de 2015 ont servi à jeter les bases du redressement économique du Sénégal, la loi de finances de 2016 a pour ambition de faire ressortir les effets positifs du PSE.
Le PSE, vous l’aurez compris, c’est du volontarisme politique et économique, le tout assis sur de la discipline budgétaire.
2016 coïncide avec la deuxième année pleine de la mise en œuvre effective du Plan Sénégal Emergent (PSE) dont les trois piliers sont tous portés vers une croissance forte, durable et inclusive.
La loi de finances pour 2016 accorde la priorité à la mise en œuvre du Plan d'Actions Prioritaires (PAP) du PSE.
Ainsi, conformément aux orientations du PSE, le maximum de ressources sera consacré à l’investissement pour assurer la transformation structurelle de notre économie et élargir l’accès des populations aux services sociaux de base.
Plus d’investissements seront consentis, pour plus de croissance économique, pour un partage équitable de la richesse créée, entre les différentes couches de la population.
Par investissement, il faut comprendre, les ressources qui vont directement au bénéfice des populations pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
A ce titre, la loi de finances pour 2016, prévoit une enveloppe globale de 1048 milliards contre 962,428 milliards de FCFA en 2015, soit une hausse de 85,572 milliards de FCFA en valeur absolue et 9% en valeur relative. Elle représente 34,67% du budget global.
L'accroissement du budget d'investissement consacre l'effort de rationalisation des dépenses publiques entamé depuis 2012 et qui avait permis, en 2015, de transférer des dépenses à forte connotation de fonctionnement d'un montant de 36,972 milliards de FCFA du budget d'investissement vers le budget de fonctionnement, ainsi que de supprimer du budget consolidé d'investissement des projets d'appui institutionnel pour un montant de 25,165 milliards de FCFA.
Cette tendance s'est poursuivie dans le budget d'investissement pour 2016 où des dépenses relevant de projets d'appui institutionnel ont été supprimées pour un montant de 28,827634 milliards de FCFA.
Les économies budgétaires réalisées ont permis de programmer, sur ressources internes de l'Etat, 19 projets structurant, pour un montant de 111,2 milliards de FCFA, inscrits dans le PAP du PSE.
Parmi ces projets qui vont engendrer la transformation structurelle de notre économie et la croissance (Axe 1 du PSE), on peut citer:
-l’autoroute Thiés -Touba, pour 12 milliards;
-la réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako, pour 2 milliards;
-le Pont de Foundiougne, pour 3 milliards;
-la relance du tourisme en Casamance, pour 500 millions;
-le Prolongement de l'Autoroute à péage AIBD-Mbour-Thiés, pour 11,5 milliards;
-les travaux du pôle urbain de Diamniadio, pour 4 milliards;
-le Programme des Domaines Agricoles Communautaires, pour 2,5 milliards;
-le Programme Equipement du Monde Rural, pour 7,7 milliards;
-la Promotion de l’Emploi des Jeunes, pour 1,5 milliards;
-le Train Express Rapide Dakar-AIBD (TER), pour 20 milliards;
-le Fonds Sénégal Emergent, pour 3 milliards, etc.
Par ailleurs conformément à la volonté du Chef de l'Etat d'élargir l'accès aux services sociaux de base et la couverture sociale, ainsi que de préserver les conditions d'un développement durable, une dotation budgétaire de 74 milliards de FCFA a été allouée aux projets suivants:
-le Programme d'Urgence de Développement Communautaire (PUDC), pour 35 milliards ;
-le Programme National de Bourses de Sécurité Familiale, pour 30 milliards ;
-l’Université El Hadji Ibrahima NIASSE, pour 2,56 milliards ;
-l’Université Amadou Makhtar MBOW de Dakar, pour 2,56 milliards ;
-la Construction de l’hôpital de Sédhiou, pour 1 milliard;
-la Construction et l’équipement de l’Institut du Cancer, pour 1,827 milliards;
-le Programme Décennal de Lutte contre les Inondations, pour 3,5 milliards;
-le Projet de Formation professionnelle pour l'Emploi et la Compétitivité, pour 1,5 milliards;
-le Programme d'Assainissement pour 10 villes secondaires, pour 1 milliard;
-le Fonds d'assainissement, pour 1,5 milliards;
-le Programme d’urgence AEP Dakar, pour 2 milliards;
-la Construction et l’équipement des centres de dialyse, pour 1 milliard.
Vous l’aurez remarqué, tous ces projets concourent à la formation du capital humain, à la protection sociale et au développement durable (Axe 2 du PSE).
L’Axe 3 du PSE relatif à la gouvernance, la paix et la sécurité, bénéficie également d’allocation substantielle pour la mise en œuvre de programmes de bonne gouvernance, de sûreté et de sécurité nationale, à hauteur de 75,7 milliards de FCFA. Parmi les projets qui seront financés, il y a :
-le Fonds d’équipement des Collectivités locales, pour 20 milliards ;
-le Programme National de Développement Local, pour 2,8 milliards ;
-le Programme de la Sécurité publique et des Forces armées, pour 56,6 milliards ;
-le Programme National de bonne gouvernance, pour 333 millions.
Par axe stratégique du PSE, les dépenses d'investissement d'un montant de 1048 milliards sont réparties comme suit :
-Axe1: Transformation structurelle de l'économie et croissance: 649,4585 milliards, soit 62%;
-Axe2: Capital humain, protection sociale et développement durable: 245,274 milliards, soit 23,4%;
-Axe3: Gouvernance, Institution, Paix et Sécurité: 123,2675 milliards, soit 11,8%.
La réserve de gestion s'élève à 30 milliards de FCFA, soit 2,8%.
A l’analyse, il ressort la prépondérance de l’axe1 qui concentre 62% des ressources d’investissement qui vont aller vers les infrastructures et services de transport et l’énergie, le développement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de l’aquaculture et de l’industrie alimentaire, le développement de l’habitat social et d’un écosystème de construction, le développement des ressources minières et des fertilisants, et le tourisme.
Les 23% des ressources d’investissement sont orientées vers la satisfaction des besoins sociaux des populations (éducation, santé, eau potable et assainissement, protection sociale avec le Programme de bourses de sécurité familiale, le Programme d’Urgence de Développement Communautaire, etc.)
Enfin, 11,8% des ressources d’investissement seront consenties pour la consolidation de la paix et de la sécurité, la promotion des principes fondamentaux de l’Etat de droit, des droits humains et de la justice, la promotion de l’Equité et de l’Egalité de Genre, la réforme de l’Etat et le renforcement de l’Administration publique.
Il s’agit là d’un choix budgétaire ambitieux mais réfléchi, qui trouve son fondement dans la maîtrise et la solidité de notre cadrage macroéconomique.
En effet, le démarrage des projets du PSE a bien profité à l’économie nationale. En 2015, la croissance du PIB est passée de 4,6% au premier trimestre à 5,1% au second trimestre, grâce à la bonne tenue du secteur secondaire (industries chimiques, sucre, raffinage de pétrole, cimenteries, BTP, etc.)
Les bonnes prévisions dans le secteur agricole vont certainement conforter le taux de croissance estimé à 5,4% en 2015.
Comme le savez, l'agriculture constitue une priorité pour le Chef de l'Etat qui a consenti des financements importants pour le renouvellement du matériel agricole, la mise à disposition de semences et intrants de qualité, et l’atteinte de l'autosuffisance en riz.
Le dynamisme de l’activité économique devrait se poursuivre en 2016 avec un taux de croissance de 6%.
Au plan fiscal, le budget de 2016 réaffirme la doctrine du Gouvernement : « l’impôt ne doit pas décourager ni la consommation ni la création de richesse ».
Depuis 2012, un allègement constant du taux marginal effectif d’imposition est noté. Pour rappel, en 2012, l’une des premières mesures phares prises par le Chef de l’Etat Macky SALL a été de baisser l’impôt sur le revenu ; ce qui avait coûté plus de 40 milliards aux finances publiques.
Toutefois, il faut noter que malgré les allègements successifs opérés en matière de pression fiscale, le rendement budgétaire de la fiscalité a plutôt augmenté.
Au niveau des dépenses de fonctionnement, même si elles vont augmenter de 2,7% en 2016, passant de 706,6 milliards à 726 milliards de FCFA, il faut noter que la tendance est à la maîtrise depuis 2012.
En effet, depuis 2012, l’Etat a initié une politique structurelle de rationalisation des dépenses par des mesures hardies telles que : la suppression ou la fusion de structures administratives, la résiliation des logements conventionnées, la réduction de la facture de téléphonie, l’identification et la suppression des niches de gaspillage dans le fonctionnement courant des services.
Toutes ces mesures visaient à obtenir le maximum d’économies en termes de crédits budgétaires.
Avec le budget de 2016, la performance des services publics est recherchée, par une meilleure allocation de leurs moyens, à travers les mesures suivantes :
-la réduction des dotations consacrées aux fêtes et cérémonies, conférences, congrès et séminaires ainsi qu’aux lignes « habillement et accessoires », à hauteur de 429,56 millions de FCFA ;
-la révision à la baisse des crédits destinés à l’achat de mobilier, matériel de bureau, matériel informatique, véhicules et autres biens amortisseurs, à hauteur de 2,262 milliards de FCFA, au niveau des services ayant eu à procéder aux mêmes achats dans un passé récent.
Ces baisses ont été opérées au profit notamment du Fonds de Dotation de la Décentralisation, à hauteur d’un milliard, de l’allocation journalière des détenus qui passe de 721 à 1 000 FCFA, pour un coût global de 2 milliards, conformément aux directives du Chef de l’Etat.
Pour accroître la lisibilité du budget, la loi de finances 2016 consacre pour la première fois, l’autonomie budgétaire des institutions comme l’Assemblée Nationale, le Conseil Economique, Social et Environnemental, ainsi que les juridictions souveraines, en inscrivant dans la rubrique « transfert » la totalité des crédits qui leur sont alloués.
Au titre de la maîtrise de la masse salariale, le Gouvernement a pris des mesures fortes pour éviter que le rythme d’évolution des dépenses de personnel depuis 2000, ne compromette la dynamique de croissance enclenchée par le PSE.
De 2000 à 2015, la masse salariale est passée de 173 milliards pour 65 887 agents de la fonction publique à 526 milliards pour un effectif de 108 000 agents, soit une progression de 304%, en valeur relative.
Sur instruction du Chef de l’Etat, le Gouvernement va accélérer sa politique de maîtrise de la masse salariale, avec des mesures telles que:
-l'opérationnalisation du fichier unifié des données du personnel de l'Etat, dont le principal objectif est de rendre fiables, disponibles en temps réel et accessibles, grâce à une solution informatique dédiée, les données du personnel de l'Etat disséminées entre plusieurs départements ministériels et structures;
-la réduction du personnel des ambassades du Sénégal à l'étranger, etc.
Mesdames, Messieurs,
Voilà, les orientations et mesures fortes décidées par le Chef de l’Etat et qui trouvent leur fondement dans son ambitieux programme de développement économique et social inclusif, le Plan Sénégal Emergent.
La loi de finances pour 2016 intervient à un moment charnière dans la mise en œuvre du PSE. Elle est ainsi la traduction concrète de sa vision d’un pays engagé résolument dans la voie de l’émergence, avec une société prospère et solidaire.
Telles sont les informations relatives au projet de budget de 2016 adopté par le Conseil des Ministres que nous voulions livrer à l’opinion.
Je rappelle pour terminer que le Gouvernement va passer très prochainement à l’Assemblée Nationale pour l’examen et le vote de la loi de finances pour 2016.
A présent, nous nous mettons à votre disposition pour apporter des éclairages à vos éventuelles questions.
Je vous vous remercie de votre attention.