LE FMI ATTIRE L’ATTENTION SUR LA CROISSANCE DE LA DETTE PUBLIQUE QUI PASSE DE 24% DES RECETTES A 30%
5e REVUE DU PROGRAMME ECONOMIQUE ET FINANCIER (2015-2018)
Le gouvernement est invité par le FMI à opérer des réformes afin de ramener la dette au niveau qu’elle était en 2014. Le chef de mission du FMI, Ali Mansoor, qui séjourne ces temps-ci au Sénégal, attire l’attention sur la croissance de la dette publique qui passe de 24% des recettes en 2014, à 30% en 2017. Face à la presse hier, il a suggéré l’extension des réformes prévues au régime de la Zone économique spéciale (ZES) pour la promotion du développement des PME afin de maintenir l’élan de la croissance économique du pays en moyen terme.
Dans le cadre de la 5ème revue du Programme économique et financier du Sénégal (2015-2018), une mission du Fonds monétaire international (Fmi) qui séjourne dans notre pays tire la sonnette d’alarme sur la croissance de la dette publique. Le chef de la délégation du Fmi, Ali Mansoor a déclaré, face à la presse hier que «la croissance économique devait rester solide au-delà de 6%, et l’inflation se situerait à 2% en 2017. Toutefois, la dette publique a continué d’augmenter et le service de la dette qui était de 24% des recettes en 2014, pourrait atteindre 30% en 2017».
Mais, Ali Mansoor se réjouit de constater que le gouvernement est conscient de ce défi et il compte prendre un ensemble de mesures afin de pouvoir ramener la dette à son niveau en 2014. «Les perspectives macro économiques pour 2018 sont favorables, mais la charge croissante du service de la dette publique doit être prise en considération. Nous saluons la détermination des autorités en vue d’éliminer les besoins de financement en sus du déficit budgétaire, au moyen de : la restructuration de La Poste, la mise en oeuvre des réformes du Fonds national de retraite et l’application des règles budgétaires dans la gestion des comptes de dépôts», a soutenu Ali Mansoor en présence de la nouvelle représentante résidente du Fmi à Dakar, Mme Cemile Sancak.
Ainsi pour inverser la tendance, la mission du FMI propose la poursuite de l’assainissement budgétaire. «L’assainissement budgétaire devrait connaître un léger ralentissement en 2018, conduisant à un déficit de 376 milliards Cfa soit 3,5% du Pib, afin de dégager une marge pour exécuter les projets financés par les ressources concessionnelles. Pour éviter que cet assouplissement n’entraine une croissance excessive du service de la dette à moyen terme, il sera essentiel de mobiliser les ressources internes en supprimant progressivement les exonérations à faible incidence socio-économique, la réduction des projets d’investissement
financés sur ressources propres, qui n’ont pas été évaluées par la banque intégrée de projets, et une stricte limitation des financements nets du Trésor aux opérations budgétaires de l’année en cours», affirme-t-il.
Le chef de la mission du FMI prévient les autorités sur le risque de voir le service de la dette capter les fonds acquis à travers les bons du Trésor.
«LE SENEGAL INVITE A OPERER DES REFORMES QUI VONT SOUMETTRE TOUS LES INVESTISSEURS DE LA ZES A LA TVA ASSORTIE D’UN REGIME DE REMBOURSEMENT RAPIDE POUR LES EXPORTATIONS»
La mission du FMI recommande par ailleurs des réformes pour la stabilité de la croissance économique. Ces réformes doivent booster les Petites et moyennes entreprises (PME) qui charrient l’économie du pays. «Afin de maintenir l’élan de la croissance en moyen terme, les réformes prévues au régime de la Zone économique spéciale (ZES) doivent être étendues pour promouvoir le développement des PME et mobiliser l’Investissement Direct Etranger (IDE) afin d’assurer une production compétitive au plan mondiale. La mission salue les propositions faites par les autorités concernant le recours au compacte pour l’Afrique du G20 afin d’étendre et d’accélérer les réformes de la ZES visant à instaurer une gouvernance économique fondée sur des règles et un régime fiscal transparent», a souligné Ali Mansoor qui salue la mesure de remplacement des trêves fiscales de 50 ans dans la ZES par un impôt sur le revenu de 15% qui ne peut pas faire l’objet d’exonération. Il pense que le Sénégal doit aller au-delà avec des réformes qui vont soumettre tous les investisseurs de la ZES à la TVA assortie d’un régime de remboursement rapide pour les exportations. C’est la seule manière, à ses yeux, d’assouplir les contrôles quant aux investisseurs admissibles dans la zone et faciliter la sortie des PME de l’informel. «Nous nous réjouissons du fait que l’espace commence à se créer pour permettre aux PME de pouvoir émerger de l’informel pour créer la richesse nationale et donner des emplois aux jeunes dans le marché de travail. Car, la croissance du pays ne peut être tirée que par l’investissement de l’Etat, sinon il y a risque de se retrouver comme dans les quatre derniers épisodes où le Sénégal avait une croissance temporairement élevée, qui, a ensuite chuté parce qu’on n’a pas ouvert la place à l’initiative des PME. Puis qu’elles auraient pu maintenir avec l’investissement direct étranger l’élan de la croissance», dira le chef de la mission du FMI.