LE PSE TIENT LA ROUTE
Le Fonds monétaire international (FMI) juge que la croissance économique du Sénégal devrait rester solide au troisième trimestre. L'institution de Bretton Woods estime aussi que les perspectives macro-économiques pour 2018 sont favorables
C'est un satisfecit dont le président Macky Sall, récemment sorti d'une séquence politique hautement turbulente, pourra se targuer pour au moins les deux prochaines années. La croissance économique du pays devrait rester solide au-dessus de 6 % en 2017 et les perspectives macro-économiques pour 2018 sont favorables, annonce à Dakar une mission du Fonds monétaire internationale (FMI).
Cette dynamique tient tout d'abord à des éléments conjoncturels. Mais avec ces bons résultats, le Sénégal se range pour de bon parmi les pays africains qui tirent leur épingle du jeu, alors que le continent dans son ensemble peine à se relever d'une année 2016 où la croissance économique était à son plus bas depuis 20 ans. Seul bémol pour Mahammed Boun Abdallah Dionne, le Premier ministre, et son gouvernement : la dette publique ne cesse d'augmenter.
Le Plan Sénégal émergent produit de bons résultats pour le FMI
L'institution financière internationale n'a pas hésité à saluer directement le PSE, le Plan Sénégal émergent. Ce programme que le gouvernement a lancé en 2015 et qui s'étale sur 20 ans est aujourd'hui reconnu pour soutenir la croissance économique par les investissements publics et privés soutenus dans les hydrocarbures, mais aussi dans les transports avec la construction du futur aéroport international Blaise-Diagne qui sera relié au centre-ville de Dakar.
« Nous sommes très satisfaits des progrès que le gouvernement fait avec son programme de réforme économique afin de mettre en œuvre le Plan Sénégal émergent (PSE), et l'instrument de soutien de politique économique du FMI qui soutient les efforts du gouvernement pour mettre en œuvre le PSE est sur une très bonne voie. Les résultats sont excellents, la croissance reste solide au-dessus de 6 %. Les perspectives économiques pour 2018 aussi restent favorables », a déclaré Ali Michael Mansoor, chef de la mission que vient d'effectuer le FMI à Dakar.
Ajoutant que « le PSE n'est pas seulement un sprint, il ne s'agit pas de faire trois années de croissance à 6 %. C'est une course de fond, où il faut continuer à réaliser, pour une période de 30 ans, des objectifs ambitieux en termes de croissance et s'assurer que cette croissance soit partagée », car, selon lui, Dakar doit « investir non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans le capital humain, le social, l'éducation, la santé et les bourses sociales. Il faut trouver les moyens pour financer ses programmes, faire des efforts et améliorer les recettes. »
L'économie sénégalaise est l'une des plus diversifiées d'Afrique de l'Ouest, dans l'agro-industrie, le tourisme et les services. L'inflation maîtrisée à 2 % soutient la consommation,selon le FMI. Ce qui contribue, sans être le moteur principal, à l'accélération de la croissance depuis deux ans.
À l'inverse des pays producteurs de pétrole de la région qui souffrent de la chute des cours, le Sénégal a pu alléger sa facture énergétique, réduire son déficit courant, aidé aussi par une embellie des exportations. La production agricole a profité de conditions météo favorables.
« L'agriculture est un secteur-clé du développement du pays. C'est une priorité de notre plan Sénégal émergent, lancé en février 2014, qui commence à porter ses fruits », déclarait, il y a quelques mois encore, le ministre des Finances sénégalais, Amadou Ba.
Le pays bénéficie de ce que les économistes appellent « la rente démocratique ». Connu pour sa stabilité politique, le Sénégal rassure les bailleurs de fonds et favorise l'investissement. Et il y a de quoi être optimiste. Alors que la découverte ces dernières années de gisements de pétrole et de gaz pourrait modifier l'économie du pays, un nouveau ministère du Pétrole et des Énergies renouvelables vient tout juste d'être créé pour gérer cette nouvelle manne. « Nous sommes en train de nous préparer à cette économie du pétrole » pour « le Sénégal de demain, qui s'annonce dès 2021 avec les premières exportations » d'hydrocarbures, a déclaré le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Des « améliorations à faire »
Le verdict du FMI est plutôt positif, même si nombre de réformes doivent être mises en place. Ainsi, l'Institution a préconisé la poursuite de l'assainissement budgétaire. « La dette publique a continué d'augmenter et le service de la dette, qui était de 24 % des recettes en 2014, pourrait atteindre 30 % en 2017. L'assainissement budgétaire doit se poursuivre. » Le Fonds souhaite la réduction des exonérations fiscales avec l'intégration des « recettes quasi budgétaires dans le budget et assurer l'évaluation de tous les nouveaux projets d'investissement financés sur ressources intérieures ».
Le pays, qui a bénéficié comme d'autres capitales africaines d'annulations de dettes, s'endette de nouveau très rapidement. Le FMI veut rester optimiste pour l'avenir. « Si ces mesures sont appliquées en 2018, elles devraient contribuer à ramener le service de la dette au niveau de 2014 au cours des dix prochaines années. »
Pour rappel, le Plan Sénégal émergent a été présenté le 24 février 2014 à Paris aux partenaires financiers de l'État du Sénégal, qui ont promis de le financer à hauteur de 3 729 milliards de francs CFA (plus de 7,8 milliards USD), plus que les 1 853 milliards recherchés par le gouvernement pour boucler le financement global du PSE, qui est de 10 000 milliards. Le Sénégal veut, par ce plan de développement, arriver à l'émergence économique d'ici à 2035.