LE SOLEIL DE CE MERCREDI 04 JANVIER 2017
L’accélération des réformes engagées préconisée dans le filière arachidière
Le Groupe Lead a organisé, la semaine dernière, à Dakar, un débat sur l’arachide au Sénégal, au siège de la Banque mondiale. Introduite par Youssoupha Diallo, Conseiller technique du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural et président du Conseil d’administration de Sonacos Sa, cette rencontre a été l’occasion de discuter de l’avenir de cette spéculation.
« Quel avenir pour l’arachide au Sénégal ? ». Ce thème a été au cœur des échanges entre acteurs de cette filière, chercheurs et membres de la société civile, la semaine passée, lors d’un débat organisé par le Groupe Lead réunissant des experts sélectionnés en fonction des thèmes.
Le sujet a été introduit par le Conseiller technique du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural et président du Conseil d’administration de Sonacos Sa, Youssoupha Diallo. Dans son exposé, M. Diallo a insisté, d’abord, sur l’importance de l’arachide au Sénégal, ensuite, il a fait l’état des lieux et, enfin, il s’est attardé sur les perspectives de cette culture au Sénégal.
Revenant sur la place de cette spéculation au Sénégal, le conférencier a indiqué qu’elle est la principale production agricole de notre pays. En effet, « l’arachide occupe 63% de la population rurale, 482.000 exploitations agricoles, environ 4 millions de personnes », a-t-il souligné. Il a ajouté que, dans le passé, l’arachide était une filière florissante qui positionnait le Sénégal parmi le top 10 mondial. Il est même arrivé, selon M. Diallo, que notre pays se soit classé 4ème producteur mondial derrière les Etats-Unis, le Nigeria et la Chine.
Au fil des années, du fait d’une production qui n’a cessé de baisser, le Sénégal a dégringolé dans ce classement. Par exemple, en 2010, note Youssoupha Diallo, le Sénégal, bien que figurant dans le top 20, arrivait difficilement à atteindre la barre d’un million de tonnes. Au même moment, la production des autres pays n’a cessé de croître.
Une production de 1,05 million de tonnes en 2015
En 2015, le Sénégal est parvenu, malgré tout, à franchir la barre d’un million de tonnes. Cependant, certains participants, au cours des débats, n’ont pas manqué de mettre en doute ce chiffre eu égard á l’objectif de surface cultivée et aussi du niveau de rendement. Mais toujours est-il que, observe M. Diallo, « l’arachide est comme un sphinx qui renait toujours de ses cendres ».
Ce constat s’impose par le fait que, depuis l’indépendance, les différentes autorités du pays ont, à chaque fois, préconisé des politiques pour se passer de l’arachide. Aujourd’hui, c’est l’ouverture du marché chinois qui a imprimé un nouveau dynamisme á cette spéculation. Ainsi depuis 2013, on note des évolutions sur la gestion de la filière. Ces évolutions ont pour noms reconstitution du capital semencier sélectionné, augmentation continue de la production de 600.000 tonnes á un million, hausse des rendements (925kg/ha par endroits), doublement du prix au producteur, augmentation du volume des exportations, disparition des bons impayés, augmentation des infrastructures de stockage, etc. Au même moment, la subvention aux huiliers a atteint 12 milliards de FCfa.
Cependant, Youssoupha Diallo n’a pas occulté certaines difficultés auxquelles fait face l’arachide. Il a cité la faiblesse de l’offre qui ne « couvre pas la demande qui s’articule autour du besoin des huiliers, les semences, l’export, l’autoconsommation et le pourcentage de perte estimé á 15% »,
la chute drastique de la collecte par les huiliers, la faillite de Suneor, l’expansion de l’autoconsommation de l’huile artisanale avec les problèmes sanitaires que cela entraine, la faillite du système « carreau », l’inefficacité de la régulation que le Cnia aurait dû assurer, la représentation en son sein n’étant pas optimal et le prix fixé n’étant pas respecté.
Nécessité d’engager des réformes pour atteindre la barre des 1,5 million de tonnes
Après l’exposé de Youssoupha Diallo, il est ressorti des discussions que « le système a besoin d’une réforme » ou, du moins, les réformes engagées ont besoin d’être accélérées. En effet, pour atteindre l’objectif de 1,5 million de tonnes, les participants ont convenu qu’il est urgent d’augmenter les rendements de la culture qui nécessitera une politique vigoureuse d’engrais, l’amélioration de l’itinéraire technique, la résilience au choc climatique, la rationalisation de la subvention des intrants, l’accès au foncier, la restructuration de la Sonacos, la régulation et la traçabilité de l’exportation de la graine pour rendre visible son impact sur les comptes extérieurs du pays, etc.
Le débat a montré que « tout n’est pas rouge » et que l’arachide a de beaux jours devant elle. Les intervenants ont vivement appelé à inciter les jeunes aux activités de la filière tout en s’accordant à dire que le développement du marché de l’export est une opportunité. « Les précédentes réformes sont caduques, il faut s’arrêter et faire une étude de la situation afin de définir une politique et une stratégie cohérente sur le long terme. Il faudra un recentrage du rôle du ministère en charge de l’agriculture », ont-ils conclu