«LE TOURISME DE MASSE EST LANCE, SANS PRENDRE EN COMPTE LA FORMATION PROFESSIONNELLE DONT A BESOIN LE SECTEUR»
LES ACTEURS INDEXENT L’ETAT SUR LE DECLIN DU SECTEUR DU TOURISME
Le secteur du tourisme va mal et selon les acteurs, l’une des causes essentielles est que « l’etat a lancé le tourisme de masse, sans prendre en compte la formation professionnelle dont a besoin le secteur ». Mais des initiatives sont en train d’être prises pour apporter les correctifs nécessaires, à travers le projet de formation professionnelle pour l’emploi et la compétitivité au Sénégal (Fpec). Le projet a réuni les acteurs de Thiès et Tivaouane pour les sensibiliser sur l’ambitieux programme.
« Il est parti du constat que les diplômes qui sont délivrés actuellement dans les écoles de formation, censés sanctionner des compétences, ne correspondent plus aux compétences requises par rapport au service demandé, dans le secteur touristique. Il s’y ajoute que le Sénégal s’est lancé dans le tourisme de masse, sans prendre en compte la formation professionnelle dont a besoin le secteur, aussi bien de l’hôtellerie que du tourisme ». Ces propos tenus par Boubacar Sabaly, président du Conseil d’administration du Cluster Tourisme/Hôtellerie, renseignent sur la crise qui frappe le secteur du tourisme. Et c’est pour apporter les correctifs idoines que l’Etat du Sénégal a mis en oeuvre le projet de Formation professionnelle pour l’emploi et la compétitivité au Sénégal (Fpec) financé par la Banque mondiale, l’Etat du Sénégal et l’Agence française de développement (Afd) à hauteur de 37,5 milliards de Fcfa, dont les 12,5 milliards de Fcfa sont débloqués par le Sénégal.
Le projet est né du partenariat public-privé, et de ce point de vue, l’Etat a pris l’option de confier le Conseil d’administration au secteur privé pour s’assurer que les formations en tourisme et hôtellerie répondront désormais exactement aux besoins des entreprises du secteur privé. Selon Macky Wane, conseiller technique du ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat, l’axe 1 du projet concerne la réhabilitation de trois lycées techniques. Il s’agit des lycées Delafosse de Dakar, Mamba Guirassy de Kédougou et André Peytavin de Saint-Louis. L’axe 2 porte sur la création de trois Clusters dont le Cluster tourisme/ hôtellerie, l’objet de la rencontre de Thiès. Il s’agit de partager la démarche avec tous les acteurs de Thiès et Tivaouane, pour les sensibiliser, en vue d’une meilleure implication dans le processus.
Selon le conseiller technique du ministre, il est noté une inadéquation entre l’emploi et la formation et c’est ainsi que le ministère s’est engagé dans un vaste chantier pour inverser la tendance, à travers une réforme « curriculaire », une approche par les compétences, qui commence à la base. Les acteurs définissent leurs besoins en termes de compétences pour leurs entreprises et c’est sur la base de cette
expression qu’une vision est mise en oeuvre en termes de programmes de formation. Pour la correction des anomalies constatées, note Boubacar Sabaly, l’Etat prévoit la construction d’un centre de référence à Diamniadio pour une capacité de 250 apprenants, un centre de formation de 170 apprenants à Saint-Louis pour prendre en charge toute la région du nord et un autre de 170 apprenants à Ziguinchor. Il y aura
également un centre satellite à Thiès, au niveau du lycée technique qui va délivrer des certificats de spécialité et des Cap. C’est parce que, dit-il, le diagnostic qui a été fait a relevé une insuffisance des formations. Il s’y ajoute que le besoin des entreprises ne correspond pas très souvent à la main d’oeuvre qualifiée dont elles disposent.
Et de l’avis de Boubacar Sabaly, la rencontre de Thiès entre dans le cadre d’une volonté de partager la nouvelle vision avec les acteurs, de s’enquérir de leurs besoins réels pour pouvoir les intégrer dans les formations futures. Il ajoute : « la situation de morosité du secteur touristique est surtout liée à un manque criard de main d’oeuvre qualifiée, pour faire face à la situation de relance, et atteindre les objectifs visés dans le Plan Sénégal émergent (Pse). Il fallait développer l’offre touristique, ce qui n’a pas été fait depuis les années 70 et aujourd’hui, il n’existe pas suffisamment de ressources de qualité pour se lancer dans le tourisme de masse ».
Selon Diariétou Guèye, coordonnatrice du Cluster Hôtellerie, l’objectif du projet est d’améliorer l’employabilité des jeunes, à travers une formation de qualité et assurer du même coup la compétitivité
des entreprises. Si le tourisme a dégringolé, dit-elle, c’est surtout à cause d’une mauvaise prestation, à une dégradation des services au niveau des hôtels, des restaurants et il convient d’apporter les correctifs nécessaires, en formant des jeunes qui soient capables de renforcer la qualité du service.