L’ETAT ECARTE DE LA TRANSACTION
RACHAT DE TIGO PAR WARI
Le rachat de l’ensemble des actifs de l’opérateur de téléphonie mobile par Wari, propriété de l’homme d’affaires sénégalais Kabirou Mbodj, fait la fierté d’une bonne frange de l’opinion nationale qui a jubilé à l’annonce de la nouvelle. mais que vaut cette transaction, si l’on sait qu’elle a été faite en dehors de toute saisine officielle de l’Etat du Sénégal, donc sans son approbation? en effet, selon le directeur général de l’autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), Abdou Karim Sall, le régulateur n’a pas été saisi officiellement par Tigo.
Les autorités de Tigo et l’homme d’affaires Kabirou Mbodji ont-ils mis la charrue devant les bœufs en annonçant la vente du deuxième opérateur de téléphonie mobile à la plateforme financière Wari alors qu’ils ne se sont pas entourés de toutes les garanties idoines?
Cette question a tout son pesant d’or, après la sortie, hier, du directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp). Abdou Karim Sall a indiqué, en marge du 3ème Forum de partage et d’information avec le réseau des journalistes spécialisés en TIC, que «l’Artp n’a pas été saisie officiellement par Tigo d’une correspondance par rapport à cette vente». Même s’il dit qu’il «préfère ne pas se prononcer là-dessus », le responsable apériste de Mbao tient néanmoins à souligner : «si tel est le cas, le Code des télécommunications dispose de moyens nous permettant de réaliser cette opération si vraiment nous avons l’accord des autorités. Parce qu’en ce qui concerne la cession, la concession, la condition sine qua non, c’est l’approbation de l’Etat du Sénégal».
Compte tenu de ces éléments d’appréciation, le rachat de Tigo par Wari est-il nul d’autant que l’approbation de l’Etat, obligatoire dans de pareilles opérations, n’a pas été obtenue? Abdou Karim Sall se refuse à tout commentaire sur ce dossier, malgré les questions insistantes des journalistes.
Par ailleurs, la controverse autour de l’attribution ou pas de la licence 4G à la Sonatel a été une nouvelle fois posée sur la table et le directeur général de l’Artp interpellé. Mais la réponse de Abdou Karim Sall ne varie pas d’un iota. Avec arguments et se répétant à l’envie, le responsable apériste de Mbao soutient que la licence 4G n’a pas encore été attribuée. «Pour attribuer la licence 4G, il faut d’abord lancer un appel à candidatures», clame le patron de l’Autorité de régulation qui tient à expliquer les modalités dans lesquelles la 4G est présente au Sénégal. «Après l’appel à candidatures infructueux de janvier 2015, nous avons élargi le périmètre de la concession de la Sonatel lors du renouvellement de sa concession. Mais nous n’avons pas donné la licence tel que nous l’avons prévu lors du premier lancement de l’appel à candidatures », explique M. Sall.
Et dans le souci de convaincre les plus sceptiques, le boss de l’Artp estime que les deux autres opérateurs ont la possibilité de négocier la modification de leur concession à l’image de l’opérateur historique. «Il n’est pas interdit aujourd’hui, qu’un autre opérateur négocie avec nous pour qu’il puisse modifier la concession. D’ailleurs, nous sommes en négociations avec Tigo et Expresso pour modifier leurs cahiers de charges et introduire la 4G dans le périmètre des services et des réseaux qui ne sont pas concernés par cette concession», renseigne Abdou Karim Sall qui a fait un listing des projets de l’Artp réalisés et en cours d’être réalisés. Il s’agit d’abord du dégroupage pour permettre à Tigo et Expresso d’accéder aussi à la boucle locale (ou continuité métallique) à l’image de la Sonatel. Il y a ensuite le projet en faveur des fournisseurs d’accès internet. A cela, s’ajoute, entre autres, le free-roaming dans l’espace de la Cedeao.