OUICARRY, LA STARTUP SÉNÉGALAISE QUI LIVRE TOUT PARTOUT
POINT DE MIRE SENEPLUS - L’e-commerce a connu un développement sans précédent en Afrique - L’éclosion de cette activité sur le continent africain est, en partie, favorisée par le travail abattu par des entreprises comme OuiCarry
L’e-commerce encore appelé la vente en ligne, a connu un développement sans précédent en Afrique ces dernières années. Ce type d’échanges qui nécessite en principe l’existence d’un compte bancaire n’épargne pas les populations africaines pourtant peu bancarisées. L’éclosion de cette activité sur le continent est, en partie, favorisée par le travail abattu par des entreprises comme OuiCarry.
Une belle histoire. Deux jeunes sénégalais, amis d’enfance, partis poursuivre leurs études en France rencontrent un Franco-béninois. Ils rêvent de panafricanisme, de renaissance africaine, de grandes utopies sur l’avenir du continent, puis se promettent de rentrer au Sénégal pour créer leur entreprise. Oumar Yam, économiste et logisticien, Youssou Owens Ndiaye, ingénieur en mathématiques et Boris Olabissi Adjovi, ingénieur électricien, décident en 2013 de fonder OuiCarry, un service à mi-chemin entre la vente en ligne et la logistique. L’invention de cette PME répond à une demande de plus en plus forte sur le continent africain, comme l’explique Youssou Ndiaye, l'un des co-fondateurs.
« On s’est rendu compte que les gens voulaient acheter des produits sur des sites mais, ils n’avaient pas forcément de moyens de paiement sur internet ou bien les sites ne livraient pas jusqu’en Afrique. On s’est donc mis entre les deux. On a proposé un service de paiement pour les gens qui n’avaient pas de cartes bancaires, et un autre pour la livraison. Ce dernier est destiné à ceux qui ont la possibilité d’acheter en ligne. »
Après quatre années d’existence, la petite pousse rêve grand mais, comme nombre de jeunes entreprises africaines, elle rencontre quelques difficultés liées à la nature de l’environnement économique, qui freine le développement des startups.
« Nous avons plutôt des difficultés réglementaires et fiscales. Les types d’entreprises comme la nôtre sont plus classées comme des startups, caractérisés donc par une forme d’instabilité. Ce qui fait qu’on a besoin de temps pour asseoir notre modèle et éventuellement commencer à payer des impôts », renseigne Youssou Ndiaye.
À ces difficultés fonctionnelles s’ajoutent d’autres obstacles comme le difficile accès au financement mais aussi et surtout la concurrence déloyale livrée par les entreprises occidentales, trop puissantes face à une PME comme OuiCarry, qui doit lutter au quotidien pour maintenir la cap.
Cette situation défavorable n’empêche pas, cependant, à l’entreprise de regarder obstinément vers l’avenir et d’étudier d’autres marchés. Ne couvrant actuellement que le Sénégal, la startup compte s’installer dans plusieurs autres capitales africaines. Elle ambitionne, par ailleurs, de bien asseoir sa plateforme logistique, le but ultime étant de pouvoir faire des livraisons partout sur le continent et en très peu de temps.
Pour mener à bien leur travail et espérer atteindre leurs objectifs à long terme, les fondateurs de OuiCarry se sont entourés d’une dynamique équipe de 12 personnes. Comme lors de leur rencontre en France, le trio de co-fondateurs s’est fait la promesse de bâtir un empire, même si le chemin est parsemé d’embûches.
« Notre principal défi à l’horizon 2020 est de ne pas disparaître d’ici-là, c’est de continuer à exister parce que les affaires restent encore très fragiles. » Et Youssou Ndiaye de conclure : « Rien ne peut nous empêcher de voir grand. »