VÉRITÉ D'UN BANQUIER
Amadou Kane à propos de sa démission du poste de PCA de la BNDE
Voué aux gémonies depuis quelques jours, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances souffre dans le silence de ses salons où il reçoit parents et proches venus, tous azimuts, lui témoigner leur sympathie à la suite de sa démission spectaculaire de la tête du conseil d’administration de la Banque nationale de développement économique (Bnde). Non pas que ce départ lui est resté en travers de la gorge, mais parce qu’il est présenté sous une image en déphasage avec sa nature et la réalité ayant présidé au dénouement de cette affaire.
D’après les confidences d’un de ses proches, son seul péché est d’avoir voulu jeter un regard dans la gestion du directeur général conformément aux textes : «Ce n’est pas après 30 ans au sommet des banques que je vais me disputer pour un poste de Dg», a dit Amadou Kane non sans se demander d’ailleurs pourquoi on lui cache des choses dans la gestion de l’institution financière.
Au lendemain de sa démission du poste de président du Conseil d’administration (Pca) de la Banque nationale de développement économique (Bnde), le domicile d'Amadou Kane ne désemplit pas. C’est que le déroulement du film de son départ lui laisse un goût amer. L’ancien ministre des Finances de Macky Sall a été accusé d’avoir cherché en vain à faire limoger le Directeur général de la Bnde, Thierno Seydou Nourou Sy. Conséquence prétendue de cet échec : sa démission.
Cette version est fausse et loin de la réalité, si l’on en croit les confidences de l'intéressé à ses amis et proches. Selon un de nos interlocuteurs, «vu la remarquable carrière de ce banquier de profession couronnée par un poste de ministre de l’Economie et des Finances», ce n’est pas maintenant qu’il va lorgner un poste de Directeur général d’une banque.
«J’ai été Directeur général puis Président-directeur général (Pdg) de la Bicis, j’ai occupé les plus hautes fonctions au niveau de la Bnp avant de devenir ministre, ce n’est pas aujourd’hui que je suis à la retraite, après 30 ans de carrière, que je vais chercher à diriger une Banque», a-t-il dit non sans rappeler sa carrière au niveau des institutions financières.
D’ailleurs, rapporte notre source, Amadou Kane n’a jamais voulu diriger la Bnde. «Je ne voudrai plus être l’exécutif que de moi-même», a martelé l’ancien Directeur général de la Bicis à notre interlocuteur non sans préciser que sa demande qui a suscité le courroux de certains actionnaires obéissait juste à un souci de la gestion vertueuse.
«J’ai participé à la commission de règlementation qui a octroyé des prérogatives aux Conseils d’administrations pour leur permettre de mieux surveiller les Directeurs généraux. Dans un passé récent, les agissements de certains Dg avaient entraîné la banqueroute de plusieurs institutions financières», rappelle-t-il non sans préciser que désormais en plus de la responsabilité civile, les Conseils d’administration ont une responsabilité pénale.
«Je ne suis pas un PCA qui se tait»
«A mon âge, je ne suis pas un Pca qui prend son argent et se tait, sans se soucier de la gestion de la banque. J’ai donc écrit à qui de droit pour qu’on puisse accéder à l’information. Comme vous le savez, ce n’est pas tout le monde qu'on sait lire l’état des banques, mais au moins cela devait nous permettre de donner une lecture alerte», a indiqué Amadou Kane qui se demande ce qui lui vaut une telle fureur. «Si on veut la paix, si on n’a rien à se reprocher, on ne doit rien cacher», ajoute-til.
Quid de sa phobie alléguée contre les Petites et moyennes entreprises (Pme) ? Amadou Kane balaie d’un revers de main. «Je connais l’économie de mon pays et n’oubliez pas je fais partie des concepteurs du business modèle de la Bnde. C’est faux de dire que je suis contre le financement des Pme, seulement je pense qu’on ne doit pas financer n’importe quoi et n’importe comment », dit-il.
Toutefois le désormais ex-Pca de la Bnde a remercié le ministre des Finances, les actionnaires et le Président Macky Sall et lui réaffirme sa décision de se mettre à la disposition du pays. «Je suis à la disposition de mon pays et du président de la République, prêt à aider mon pays et mon Président, mais je ne veux plus être exécutif que de moi-même», aurait-il conclu.