«13 MILLIONS DE SENEGALAIS ONT INTERET A CE QUE LE SENEGAL GARDE SES RELATIONS AVEC LA TURQUIE»
MOHAMED MOUSTAPHA DIAGNE, MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE
Joint au téléphone hier pour explique la suite des négociations entre l’Etat du Sénégal et le groupe Yavuz Selim S.a, le directeur de la communication du ministère de l’Education nationale a réitéré l’ouverture du gouvernement au dialogue. toutefois, Mouhamed Moustapha Diagne indique que si dans ce dossier Yavuz Selim ne compte que 3000 élèves, les 13 millions de sénégalais ont intérêt à ce que notre garde ses relations avec la Turquie
D’emblée, Mohamed Moustapha Diagne a souhaité lever toute équivoque consistant à dire que l’Etat veut fermer les écoles Yavuz Selim. Selon lui, c’est un glissement de langage et il s’agit plutôt de vouloir mettre l’école sous administration provisoire. Mais les administrateurs du groupe turc et autres parents d’élèves n’entendent pas de cette oreille. Interpellé sur les dernières relances du gouvernement pour poursuivre les négociations, le directeur de la Communication du ministère de l’Education nationale a soutenu que l’Etat reste dans les meilleures dispositions pour dialoguer dans le souci de préserver les intérêts des enfants. «Nous allons continuer à discuter avec les administrateurs du groupe.
Mais il faut qu’ils comprennent que derrière tout cela, il y a un enjeu énorme pour 13 millions de Sénégalais», a indiqué Mohamed Moustapha Diagne qui n’avance tout de même pas de date concernant la prochaine rencontre entre le gouvernement et les administrateurs de Yavuz Selim S.A. «C’est le chef de l’Etat qui définit la politique étrangère. Il a la prérogative de choisir avec qui coopérer. Et dans ce dossier, le chef de l’Etat a tranché et a préféré l’Etat turc au groupe Yavuz Selim. Yavuz Selim, c’est 3.000 élèves alors que 13 millions de Sénégalais ont intérêt à ce que le Sénégal garde ses relations avec la Turquie. La Turquie, c’est plus de 100 millions dollars dans le se. Et le chef de l’Etat ne va pas cracher dessus. Dans cette affaire, nous préférons la Turquie à Yavuz Selim. C’est désolant, mais c’est la réalité», a expliqué le sieur Diagne qui estime que l’Etat ne peut pas mettre les intérêts d’un groupuscule, d’une association audessus des intérêts du plus grand nombre. Il n’a pas manqué de dénoncer un «nationalisme déplacé» chez certains individus qui, selon lui, n’a pas sa raison d’être, d’autant que la décision de rompre avec les administrateurs de Yavuz Selim S.A provient du citoyen le mieux informé du pays et qui préserve les intérêts du Sénégal.
«ERDOGAN NE NOUS DICTE RIEN DU TOUT»
D’après le sieur Diagne, la solution préconisée n’est que provisoire. «Cela veut dire que demain d’autres possibilités pourraient être retenues», a-t-il indiqué avant de rappeler que l’Etat a d’abord proposé Maarif, une fondation de l’Etat turc pour remplacer Yavuz Selim ; mais face aux résistances, l’Etat a proposé la solution de l’administration provisoire, le temps de trouver la meilleure formule pour tout le monde. «Ce que le chef de l’Etat fait relève du réalisme diplomatique. Erdogan ne nous dicte rien du tout. Quand il s’est agi par le passé de nos relations diplomatiques avec l’Israël et le Qatar, l’Etat du Sénégal n’avait pas hésité», a ajouté Mouhamed Moustapha Diagne. Cela étant, il demande à Yavuz Selim S.A de revenir à la raison et de permettre au chef de l’Etat de continuer à gérer les relations sénégalo-turques , surtout que l’Etat a accepté de faire des concessions et a désisté dans son action judiciaire. «Mais c’est tout ou rien ; ce n’est pas une négociation. L’intelligence aurait commandé de ne pas pousser l’Etat à bout ou d’entamer d’autres épreuves de force», a déclaré M.Diagne. Mais la solution de l’administration provisoire risque de ne pas prospérer puisque les parents d’élèves ont décidé de ne pas laisser leurs enfants dans les établissements administrés provisoirement par l’Etat. Mouhamed Moustaoha Diagne trouve en définitive que «tous les parents n’ont pas été entendus et qu’il faudrait être prudents et les écouter tous».