LE MODELE SENEGALAIS EST-IL BIEN OU MAL FICELE
UNIVERSITE VIRTUELLE DU SENEGAL (UVS)
L’université virtuelle du Sénégal a été créée en 2013 afin de désengorger le surpeuplement des universités publiques. quatre années après, le modèle innovant de l’enseignement à distance basé sur le numérique est-il performant ? Selon le portevoix des étudiants, beaucoup reste à faire pour que l’Uvs devienne la meilleure université du pays.
L’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) va bientôt souffler ses 4 années. Portée sur les fonts baptismaux en septembre 2013, la 6ième université publique du Sénégal a élargi la carte universitaire du Sénégal. Elle compte à l’heure actuelle 14 000 étudiants orientés dans les 12 Espaces numériques ouverts (Eno) implantés dans certains départements. Par la volonté des autorités en charge de l’enseignement supérieur, l’Uvs est la deuxième université publique, derrière l’Ucad, à accueillir chaque année le plus grand nombre de nouveaux bacheliers. Quatre années après sa création, L’Uvs fait l’objet de toutes les interprétations.
D’un côté, le ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Tew Niane, l’Administration de l’Uvs, ou leurs collaborateurs, se vantent d’un modèle innovant du système d’enseignement de l’Uvs qui repose sur les Technologies de l’information et de la communication (Tic). D’un autre côté, une opinion très répandue considère l’Uvs comme l’autel sur lequel des générations de bacheliers sont sacrifiés. Ces préjugés sur l’enseignement à distance ne sont pas sans conséquence sur l’état d’esprit des bacheliers au Sénégal. Quand certains tournent leur espoir vers les concours, d’autres abandonnent tout bonnement.
D’après le président du collectif national des étudiants de l’Uvs, le taux d’abandon était de 30% avec la cohorte 1. Ce taux avoisine les 5% avec les dernières générations soutient François Diouf. Quatre années après, regrette le président national des étudiants, l’Uvs n’est toujours pas sortie de l’ornière. Les problèmes vont de la lenteur sur la distribution à l’insuffisance au nombre de Gb pour la connexion. D’après lui, 3 gb pour une durée de 3 mois ne permettent de visualiser les cours en vidéo. Selon François Diouf, les machines n’ont jamais été renouvelées depuis 2013. Alors que certains étudiants ont perdu leurs outils de travail s’il n’est pas tombé en panne. L’irrégularité des tuteurs est également décriée par le président du collectif.
Selon lui, les absences répétitives de certains d’entre eux se répercutent inévitablement sur les performances des étudiants lors des évaluations. A ces problèmes s’ajoute, un problème d’accès à la plateforme auquel sont confrontées les cohortes 2 et 4. Depuis quelques mois, affirme-t-il les tutorats sont perturbés dans la plateforme de cours à cause d’une forte instabilité du réseau.
Le volet social est aussi inexistant à l’Uvs, selon l’ancien président des étudiants de l’Eno de Kaolack. D’après Bassirou Guèye, les étudiants en plus de n’avoir pas une prise en charge médicale, évoluent dans des espaces provisoires dépourvus du minimum d’équipement pour suivre les cours. « Pourquoi aucun Espace numérique ouvert n’est encore réceptionné jusqu’à cette année », s’interroge Bassirou Guèye. Le président du collectif national des étudiants de l’Uvs, François Diouf, estime de côté que l’Etat du Sénégal a mis la charrue avant les boeufs en procédant au démarrage des cours sans que l’université ne soit dotée d’infrastructures. Trois générations d’étudiants en ont subi les conséquences d’après le sieur Diouf.
A l’en croire, en lieu et place du calendrier normal d’une année universitaire qui dure 9 mois, les cohortes 1, 2 et 3 sont restées deux années entières avant de terminer leur première année d’étude. « Il fallait d’abord construire des Eno, mettre en place les conditions nécessaires pour des activités pédagogiques. Ce qui n’était pas le cas. Notre cohorte est restée un an avant de d’entamer les cours », regrette François. D’après nos interlocuteurs, beaucoup d’efforts restent à faire pour améliorer l’Uvs. Ils demandent que les tuteurs fassent des déplacements au niveau des Eno pour dispenser des cours de remédiation, l’augmentation des crédits de connexions, le renouvellement des machines, une prise en charge médicale, le respect du calendrier universitaire. « Nous voulons plus de considération », résume François Diouf qui ne demeure pas moins optimiste que l’Uvs peut se hisser au niveau standard à condition, que les autorités l’accompagnent.