LES INSPECTEURS FACE A L’ETAT POUR ETRE RETABLIS DANS LEUR DROIT
NON-PAIEMENT DE LEURS INDEMNITES DE FORMATION
Le Syndicat des inspecteurs du Sénégal (Siens) a décidé de faire face à l’Etat du Sénégal qui s’obstine à ne pas respecter le protocole d’accord signé l’année dernière entre les deux parties. Ces inspecteurs, en relevant des nombreux dysfonctionnements de la part de l’Etat, ont exigé, samedi dernier, face à la presse, le paiement intégral de leurs indemnités pour la formation diplomante et initiale dispensée dans les Centres régionaux de formation et d’éducation (Crfee).
«L’Etat fait dans le dilatoire du marchandage. Il nous propose 25%, ensuite 50% du montant dû. Ce que nous rejetons. Nous appelons à un peu plus de sérieux. L’Etat nous doit un minimum de respect dans le sens d’un règlement définitif du passif. Ce que le ministre de l’Education n’est pas prêt à faire», s’est désolé le chargé des revendications des inspecteurs de l’éducation.
Kantara Sarr explique : «Le décret 80 stipule que quand nous formons des agents qui entrent dans la hiérarchie B, nous devons être pris en charge à hauteur de 3500 francs Cfa l’heure. Mais ledit décret n’est pas respecté par le gouvernement et il est dans l’illégalité. Car les inspecteurs sont pris en charge à hauteur de 1916 francs Cfa l’heure».
«L’autre aspect, c’est que depuis 2011, les formateurs permanents doivent être pris en charge par une indemnité qui devrait être déclinée dans un autre décret. L’Etat qui est dans l’illégalité dit qu’il aurait constaté quelques irrégularités dans la prise en charge des heures supplémentaires et veut prendre cela pour dire qu’il ne prendra plus ces indemnités dues aux formateurs des Crfp. Et il y a aussi les vacataires qui, depuis 2015, ont terminé une formation initiale et diplomante et qui sont dans l’attente de leurs prestations», souligne-t-il.
Convaincu qu’il s’agit d’«un droit que nous réclamons, M. Sarr précise qu’ils ne font pas de marchandage. Nous ne tomberons pas dans ce piège. Nous disons au ministre que nous sommes debout en face, mobilisés et nous avons commencé à le montrer à travers notre plan d’actions. La semaine qui s’est écoulée, nous avons suspendu les cours pendant 3 trois jours. Ce plan d’actions sera réitéré, dupliqué la semaine du 22 et au-delà. Nous lui montrerons que nous nous pouvons pas avancer dans cette voie».
«Nous réitérons l’exigence du paiement intégral de ce qui est dû»
«Nous réitérons l’exigence du paiement intégral de ce qui est dû de la formation initiale et diplômante de l’année 2014-2015. Pour montrer notre bonne volonté, nous avons commencé la formation initiale de cette année en cours, malgré ce passif. Malgré tout, nous nous rendons compte que nous sommes en face d’un Etat qui ne prend pas au sérieux l’éducation. Et tant que ce sera le cas, ils nous auront en face», a-t-il encore menacé.
Autre reproche que les inspecteurs font à l’Etat, c’est la procédure de sélection aux postes de responsabilité au niveau des Crfp et des Ia (Inspection d’académie). D’après Kantara Sarr, «on assiste dans le secteur de l’éducation à un cas bizarre qui consiste à recruter les chefs de services avec des procédures de sélection qui n’existent que dans le secteur de l’éducation, c’est une injustice flagrante».
Sur ce sujet, il informe : «Le syndicat a affirmé sa position de principe en disant au ministre que nous ne prêtons pas foi à ce qui est en train de se faire pour le recrutement des chefs de services. La procédure n’est pas transparente, mais le ministre s’entête en nous disant d’avoir foi aux commissions. Mais nous sommes dans un système non transparent».
«Nous allons adresser une correspondance au ministre de l’Education pour lui recenser l’ensemble des griefs par rapport à ce processus de sélection. Et d'ores et déjà, nous demandons sa suspension et qu’une évaluation soit faite. Aussi, que cette évaluation débouche sur un modèle consensuel qui arrange toutes les parties prenantes», prône le Siens.
Une telle position s’explique par le fait que l’essentiel des points de ce protocole n’est pas respecté par le gouvernement. «Comme début de réalisation de l’accord, nous pouvons tout simplement relever la mise à disposition de la logistique au niveau des If (Instiutut de formation) et Ia. C’est le premier mouvement d’un plan d’actions qui va s’étendre sur 3 ans, c’est un début de réalisation», fait savoir Kantara Sarr.
«Cependant, poursuit-il, nous disons il ne faut pas oublier les Centres régionaux de formations qui devraient bénéficier de cette logistique, mais qui, apparemment, ne sont pas dans les tablettes du ministère. Le décret qui porte création et organisation des Ia et des If pose problème. Le gouvernement s’était engagé à convoquer dans les plus brefs délais une rencontre pour dégager des solutions. Car c’est des textes que nous jugeons très injustes par rapport au corps des inspecteurs. Vraiment nous interpellons le gouvernement sur le respect de ses engagements et une réalisation effective des différents points d’accord».